Sofiane Chaib au sujet de l’expulsion de 12 agents algériens et rappel de l’ambassadeur français: L’Algérie «prend acte» et pointe une instrumentalisation politique
Il y a des lignes qu’aucune nation souveraine ne saurait tolérer qu’on franchisse. En procédant à l’arrestation ostentatoire d’un agent consulaire algérien sur son sol, la France a gravement enfreint les règles élémentaires qui régissent les relations diplomatiques entre États. Un geste inacceptable, doublé d’une humiliation publique, que l’Algérie a choisi de ne pas laisser […]

Il y a des lignes qu’aucune nation souveraine ne saurait tolérer qu’on franchisse. En procédant à l’arrestation ostentatoire d’un agent consulaire algérien sur son sol, la France a gravement enfreint les règles élémentaires qui régissent les relations diplomatiques entre États. Un geste inacceptable, doublé d’une humiliation publique, que l’Algérie a choisi de ne pas laisser impuni.
Par Meriem B.
Les relations diplomatiques entre l’Algérie et la France traversent une nouvelle zone de turbulences, avec des prémices de décrispation. Après l’expulsion par Alger de 12 agents consulaires français relevant du ministère français de l’Intérieur, Paris a répliqué en renvoyant à son tour 12 agents consulaires algériens et en rappelant son ambassadeur à Alger. Une réponse jugée par les autorités algériennes disproportionnée et » artificiellement montée » pour des raisons politiques.
Le secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé de la Communauté nationale à l’étranger, Sofiane Chaib, est intervenu hier sur les ondes de la Radio nationale pour clarifier la position d’Alger face à ce nouvel épisode de tensions diplomatiques.
Il a déclaré que l’Algérie « a pris connaissance » et « pris acte » de la décision de Paris de rappeler l’ambassadeur de France en Algérie pour consultation et de demander à 12 agents consulaires et diplomatiques algériens de quitter le territoire français. » L’Algérie prend acte et prend connaissance de la décision française », a-t-il indiqué. « Nous n’avons pas encore tous les contours précis des personnes qui sont concernées par cette nouvelle décision que nous regrettons », a-t-il poursuivi. Et de rappeler dans ce contexte que l’Algérie « a clairement indiqué dans le communiqué du 14 avril que la décision d’expulser des agents relevant du ministère de l’Intérieur français est justifiée par le caractère inédit de la crise et de la tension qui a été créée par le ministre français de l’Intérieur (Bruno Retailleau), autour de l’affaire de l’arrestation en France d’un agent consulaire algérien ». »En même temps, nous rappelons la teneur de notre dernier communiqué dans lequel on a clairement indiqué que nous sommes en mesure, dans le cadre d’une réponse de fermeté, de prendre de nouvelles mesures en fonction du principe de réciprocité ». « La crise et la tension actuelle est la résultante directe de cette machination et de cette théâtralisation de cette affaire créée de toutes pièces par un ministre de l’Intérieur qui l’a conçue en réchauffant une affaire datant de plus de huit mois, liée à un supposé enlèvement de cette personne (Amir Boukhors, dit AmirDZ) et qui a été malheureusement utilisée comme le levain d’une nouvelle manœuvre pour torpiller la relation bilatérale et la dynamique ascendante qui a été voulue par les deux Chefs d’Etat », en l’occurrence le président de la République, Abdelmadjid Tebboune et son homologue français Emmanuel Macron, a tenu à rappeler le secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires étrangères.
Barrot joue la carte de l’apaisement : « Nous avons intérêt à avoir une relation normale avec l’Algérie »
Après une montée des tensions diplomatiques entre Paris et Alger, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, opte pour l’apaisement. Le chef de la diplomatie française défend à nouveau son approche prônant le dialogue pour résoudre les tensions avec Alger. Invité de France Inter hier matin, il a réaffirmé l’importance d’un dialogue constructif. Soucieux de préserver une relation » normale » avec l’Algérie, notamment sur les questions migratoires et sécuritaires, le ministre plaide pour une approche équilibrée et tend la main à Alger, appelant à éviter l’escalade et à privilégier la diplomatie. » Il faut toujours donner sa chance au dialogue. C’est la seule manière de résoudre les tensions, et ceux qui vous disent l’inverse sont des irresponsables » « , a lancé le locataire du Quai d’Orsay. « Nous avons intérêt à avoir une relation normale avec l’Algérie », a ajouté le ministre. Ce dernier s’était rendu, le 6 avril dernier, en Algérie pour tenter d’apaiser la relation diplomatique, « nous avions obtenu des engagements et puis, vendredi dernier, la justice française, indépendante, a décidé d’arrêter trois Algériens et l’Algérie a pris cette décision brutale d’expulser nos fonctionnaires », a précisé le ministre. Pour sa part, l’ambassadeur de France à Alger » sera de retour à Paris sous 48 heures « . » L’idée, c’est qu’on puisse dialoguer avec lui, faire un état des lieux de la situation et qu’il puisse ensuite retrouver son poste, parce qu’il représente les intérêts de nos compatriotes établis en Algérie et c’est important qu’il soit là-bas », a expliqué le chef de la diplomatie française. Enfin, le ministre est revenu sur l’organisation à Marseille du forum Ancrages qui met en avant les diasporas africaines. « Je veux le dire aux diasporas africaines et surtout algériennes, elles sont une chance pour la France », a-t-il expliqué. « Elles ne doivent pas faire les frais de cette relation avec l’Algérie », a-t-il dit.
M. B.