Théâtre à Blida : La salle Mohamed-Touri renaît de ses cendres

Après plus de quinze années de fermeture pour une opération de réfection et plusieurs tractations ici et là, voilà enfin l’inauguration de cette salle mythique de la ville des Roses, qui rouvre ses portes à l’occasion du début du ramadan. Une enveloppe de plus de 20 milliards de centimes a été allouée pour tous les travaux de réhabilitation de cette structure culturelle.

Plusieurs personnalités de l’art, chanteurs, comédiens et musiciens, ont été conviées à cette cérémonie inaugurale, dont le chanteur chaâbi moderne Abdelkader Chaou, qui a fait vibrer la salle avec quelques chansons très connues du public, bien trié pour cette occasion dans la salle Mohamed-Touri, située en plein centre-ville de Blida. « C’est très émouvant de revoir cette fameuse salle après son entière restauration. J’ai beaucoup de souvenirs ici. Je me suis produit plusieurs fois avec une armada d’artistes blidéens comme feu Rabah Deriassa, Nadia Benyoucef et d’autres encore », a confié Abdelkader Chaou.

Par ailleurs, les organisateurs de cet événement n’ont pas oublié d’inviter les deux filles de feu Mohamed Touri. A leur arrivée, elles étaient toutes émues. « C’est un grand honneur pour toute notre famille de voir aujourd’hui une si grande salle de spectacle porter le nom de mon père. Je remercie tous les organisateurs et les citoyens de la ville de Blida », a déclaré Aïcha, âgée aujourd’hui de 70 ans, les larmes aux yeux. Elle a ajouté : « Avec cette reconnaissance, mon père restera vivant dans les cœurs des Algériens et des Blidéens en particulier à tout jamais. Merci. »

Mohamed Touri, né le 9 novembre 1914 dans une famille modeste, a appris le saint Coran et la langue arabe à l’école El Houda. Il a rejoint l’Association des oulémas algériens à Constantine, où il s’est imprégné des valeurs du nationalisme et du patriotisme. De retour à Blida en 1928, Mohamed Touri a intégré la troupe théâtrale des Scouts musulmans algériens (SMA) « Amel Blida », fondée par Moussa Khedioui.

Cette troupe a été à l’origine de la création des premières associations culturelles et sportives de la région au début du XXe siècle. Les œuvres de Touri, telles que Zaâit, Maâit Neggaz El-Haït et Debka, ou Bekoua Bouhedba, dénonçaient avec humour les maux sociaux et le colonialisme. En plus d’avoir réussi à dessiner le sourire sur le visage des Algériens, qui étaient sous le joug colonial, toute son œuvre véhiculait un message clair fait d’espoir et de valeurs morales authentiques. Arrêté en 1956, l’artiste a été emprisonné à Serkadji, où il a subi des tortures. Il est décédé à l’âge de 45 ans.

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