Visa Schengen : après la difficulté pour l’obtenir, les contrôles aux frontières

Obtenir un visa Schengen quand on est Algérien relève déjà de l’exploit tant la procédure est fastidieuse, et désormais, même lorsqu’il est accordé, il risque de ne plus ouvrir les portes de toute l’Europe.

En 2024, les Algériens ont présenté 544.634 demandes de visa Schengen aux consulats européens, se plaçant ainsi dans le top 10 des nationalités les plus demandeuses, selon le site SchengenVisaInfo.

Mais le coût de ces demandes est lourd : 46,3 millions d’euros versés, dont 15,7 millions perdus pour les 185.101 dossiers refusés. Et pourtant, pour ceux qui ont franchi cette première barrière, le périple est encore long.

La promesse de libre circulation dans l’espace Schengen n’est plus : à ce jour, une douzaine pays ont rétabli les contrôles systématiques à leurs frontières.

Retour des files d’attente aux postes-frontières de l’espace Schengen

Pour de nombreux voyageurs européens, les vacances 2025 ont un goût amer. Comme l’indique le quotidien suisse 24 Heures, 12 États de l’espace Schengen, dont la France, l’Italie et l’Allemagne, ont réintroduit les contrôles aux frontières nationales, à des degrés variables.

Les conséquences n’ont pas tardé : les vérifications renforcées engendrent des retards et des embouteillages à rallonge.

La Pologne a même récemment instauré des contrôles avec la Lituanie et l’Allemagne, une réponse directe aux mesures similaires établies par Berlin.

Officiellement, cela ne devrait pas affecter les travailleurs frontaliers et les touristes, mais plusieurs postes-frontières ont déjà enregistré des temps d’attente anormaux, indique le média suisse.

À Francfort-sur-l’Oder, à la frontière germano-polonaise, les files de voitures s’allongent matin et soir, observe le quotidien québécois Le Devoir.

Immigration, sécurité… Les États justifient le durcissement des mesures

Pourquoi donc ce retour de contrôles dans un espace censé être de libre circulation ? Les différents États de l’espace Schengen avancent divers arguments, dont la sécurité, l’immigration illégale et le terrorisme.

La France, elle, n’a pas mis fin aux contrôles aux frontières depuis les attentats de 2015. Quant à l’Allemagne, elle a renforcé ses mesures dès l’automne 2023, lorsque le nouveau chancelier Friedrich Merz a instauré une politique plus dure face à l’immigration.

Selon le média canadien Le Devoir, les autorités allemandes n’hésitent pas à refouler les individus ne présentant pas des documents valables, y compris les demandeurs d’asile.

Ces pratiques, jugées « illégales » par un tribunal allemand, ont déjà permis de réduire de « 40 % le nombre d’entrées illégales », rapporte le journal Die Welt.

Des pressions politiques qui ne sont pas sans conséquence

Il faut dire que la pression politique n’est jamais bien loin de ces décisions que Donald Tusk, Premier ministre polonais, qualifient de « nécessaires pour réduire au minimum les flux incontrôlés de migrants ».

Pour Angela Merkel, ancienne chancelière allemande, le durcissement des contrôles aux frontières ne sera pas sans conséquences sur l’espace de libre circulation dont la mise en place remonte à 1995.

« Si cet état devient permanent, il nous coûtera à terme Schengen, c’est-à-dire la liberté de circulation au sein de l’Union européenne », prévient-elle, ajoutant : « L’Europe pourrait être détruite ».

De son côté, Radouan Kourak, journaliste et ancien chroniqueur de l’émission « Touche pas à mon poste », évoque un « saut dans l’inconnu, voire un pas vers un chaos migratoire, que Bruxelles semble feindre d’ignorer ».

Pour d’autres observateurs, ce sera un effet domino car la décision de l’Allemagne servira d’exemple à d’autres États européens.

Pour les Algériens, déjà pénalisés par les refus de visa, et d’autres ressortissants étrangers, notamment du Sud global, la réinstauration des contrôles aux frontières des pays Schengen rajoute une difficulté de plus.

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