Voyou
Marco Rubio, le secrétaire d’État aux Affaires Étrangères de Donald Trump, était considéré lors de l’annonce de sa nomination, comme l’un des seuls choix «sérieux», «fiables» et «expérimentés» du président républicain. De nombreux démocrates avaient d’ailleurs déclaré que sa confirmation par le Congrès ne serait probablement qu’une formalité. Effectivement, l’ancien sénateur de l’État de Floride, […]
Marco Rubio, le secrétaire d’État aux Affaires Étrangères de Donald Trump, était considéré lors de l’annonce de sa nomination, comme l’un des seuls choix «sérieux», «fiables» et «expérimentés» du président républicain. De nombreux démocrates avaient d’ailleurs déclaré que sa confirmation par le Congrès ne serait probablement qu’une formalité. Effectivement, l’ancien sénateur de l’État de Floride, ancien candidat et adversaire de Trump à la présidentielle en 2016, a été rapidement confirmé par le Sénat. L’attrait de Rubio consiste également dans sa façon, très conventionnelle, d’aborder les relations des États-Unis avec le reste du monde. Sa vision des relations de Washington avec Pyongyang ressemble ainsi énormément à celle de l’administration Bush, ou même l’administration Biden. Le secrétaire d’État a ainsi qualifié la Corée du Nord d’«État voyou dont il faut s’occuper» dans une interview. Sans surprise, les autorités nord-coréennes ont assuré qu’elles ne toléreraient «jamais aucune provocation» américaine. Il s’agit de la première critique de la Corée du Nord envers l’administration du nouveau président américain Donald Trump. «Nous prendrons de vigoureuses contre-mesures pour répondre à ces provocations, comme d’habitude», a déclaré un porte-parole du ministère des Affaires étrangères nord-coréen dans un communiqué, cité par l’agence officielle KCNA. Le secrétaire d’État américain «a dit des inepties en qualifiant la République populaire démocratique de Corée d’État voyou», a dénoncé le porte-parole du ministère des Affaires étrangères nord-coréen, fustigeant des «remarques hostiles visant à inconsidérément ternir l’image d’un État souverain» et «une grave provocation politique». La Corée du Nord est largement coupée du monde diplomatiquement et économiquement, sous le coup de lourdes sanctions. Son programme d’armes nucléaires est un point de discorde majeur avec les États-Unis depuis des années. Donald Trump, qui avait rencontré plusieurs fois Kim Jong-Un pendant son premier mandat, avait assuré en janvier qu’il allait à nouveau contacter son homologue nord-coréen, le qualifiant de «gars intelligent». En 2019, un sommet entre les deux hommes s’était mal passé à Hanoi, au Vietnam, au sujet d’un allègement des sanctions et de ce que Pyongyang était prêt à concéder en échange. La semaine dernière, en dépit des appels du pied de Trump, la Corée du Nord a promis que son programme nucléaire se poursuivra «indéfiniment». Le dirigeant communiste avait aussi assuré qu’en cas de victoire de Kamala Harris les relations entre les deux pays se durciraient considérablement et qu’au contraire, il serait prêt au dialogue et aux négociations si Donald Trump revenait à la Maison-Blanche. Reste à voir si les déclarations de Rubio ont été approuvées par le président conservateur ou si cela relève de la stratégie personnelle du secrétaire d’État dans ce dossier. Quoi qu’il en soit, le caractère volatil du dirigeant nord-coréen est connu de tous, et le provoquer en début de mandat ne facilitera pas la reprise du dialogue entre les deux pays.