Analyse
François Hollande croit-il réellement que les Français ont oublié les cinq années catastrophiques ayant constitué son seul et unique mandat à l’Élysée ? Pensent-ils également que lui, qui avait à l’époque battu le record d’impopularité pour un président, réussira à reconquérir l’estime des électeurs et surtout à les convaincre que personne d’autre que lui n’est mieux […]
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François Hollande croit-il réellement que les Français ont oublié les cinq années catastrophiques ayant constitué son seul et unique mandat à l’Élysée ? Pensent-ils également que lui, qui avait à l’époque battu le record d’impopularité pour un président, réussira à reconquérir l’estime des électeurs et surtout à les convaincre que personne d’autre que lui n’est mieux à même de gouverner la France dans deux ans ? Car les réponses à ces deux questions doivent être positives pour expliquer le regain d’ambition de l’ex-président socialiste, qui semble préparer le terrain à une candidature à la prochaine élection présidentielle. Il n’hésite pas d’ailleurs à se prononcer sur les questions internationales et à intervenir sur l’actualité pour donner ses opinions, comme un dirigeant de parti ou un possible candidat le ferait. Hollande s’investit particulièrement en ce moment dans le dossier des nouvelles taxes douanières imposées par Donald Trump. L’ex-président de la République a estimé jeudi que l’Europe doit répondre à «l’agression» sur les droits de douane européens, et doit «faire mal, très mal». «Face à ce qui est une offensive commerciale de Donald Trump, il va falloir être très ferme, très dur et répondre à l’agressivité, à l’agression même de Donald Trump par rapport aux droits de douane», a expliqué le député de Corrèze devant la presse, lors d’une visite au Salon de l’agriculture. «Nous, les Européens, et les Français, devons être en première ligne, nous devons lui faire mal, très mal», a-t-il insisté. Donald Trump a asséné mercredi que la construction européenne avait été créée pour «entuber» les États-Unis, tout en brandissant la menace de droits de douane de 25 %. Si Donald Trump augmente de 25 % les droits de douane sur un certain nombre de produits agricoles et industriels, «ça veut dire qu’il va falloir nous aussi, et quoi qu’il nous en coûte, mettre des droits de douane sur les produits américains», a prévenu François Hollande, qui préconise aussi de «réguler encore plus fortement les grands industriels de la Tech, ceux qui sont précisément derrière Donald Trump, pour qu’ils en subissent aussi les conséquences». Le président américain «ne réagit que par rapport au portefeuille, par rapport à l’argent», a-t-il remarqué, soulignant que «même pour l’Ukraine, de manière indécente, insolente, il exige, pour ne même plus protéger l’Ukraine, que l’Ukraine lui donne des terres rares». «Il veut de l’argent, donc il faut le toucher là où ça lui fait le plus mal», a poursuivi l’ex-chef de l’État socialiste. Hollande considère que le président américain «ne comprend que le rapport de force et c’est la raison pour laquelle il ne faut pas espérer séduire Donald Trump», ni «le convaincre». Face à Trump, Emmanuel Macron a essayé «de le convaincre», comme lors du premier mandat du président américain, note François Hollande, mais le dirigeant américain est revenu «avec une agressivité et une offensive dirigée contre l’Europe», et «avec une volonté de se désallier, c’est-à-dire de sortir de ce qui était la relation transatlantique depuis la Seconde Guerre mondiale jusqu’à aujourd’hui». «C’est-à-dire qu’il n’est plus notre allié. Le peuple américain reste notre ami, mais lui n’est plus notre allié», résume-t-il. «L’administration Trump va montrer qu’elle est plus à l’écoute de Vladimir Poutine, des Coréens du Nord que vis-à-vis des Européens». Une analyse qui se veut empreinte d’expérience, Hollande ayant brièvement été l’homologue de Trump durant trois mois avant de passer le pouvoir à Emmanuel Macron. Mais les tentatives du socialiste de se présenter comme un fin analyste capable de cerner le président américain ne seront pas suffisantes pour regagner les faveurs des Français. Hollande était si impopulaire à la fin de son mandat qu’il n’a même pas été capable de se représenter pour un autre quinquennat à l’Élysée. En 2027, seul un miracle lui permettrait d’envisager sérieusement de se soumettre au vote des électeurs, surtout que dans le camp des socialistes Raphaël Glucksmann semble être un candidat bien plus crédible pour le PS. F. M.