Ascension
Dimanche se déroulaient en Allemagne des élections législatives anticipées, entourées d’énormément de tensions, dues au climat anxiogène dans le pays, suite à une attaque à la voiture bélier le 13 février ayant fait 2 morts et près de 90 blessés et une attaque au couteau le 21 février ayant fait un blessé grave. Ces deux […]
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Dimanche se déroulaient en Allemagne des élections législatives anticipées, entourées d’énormément de tensions, dues au climat anxiogène dans le pays, suite à une attaque à la voiture bélier le 13 février ayant fait 2 morts et près de 90 blessés et une attaque au couteau le 21 février ayant fait un blessé grave. Ces deux attaques commises respectivement par un Afghan et un Syrien, ont fait craindre que l’AfD, le parti anti-immigration, ne réussisse à s’imposer dans les urnes. Une crainte qui a été vérifiée après que le parti nationaliste s’est imposé à la seconde place du scrutin avec un score record. Il s’installe comme une force incontournable dans le paysage politique et affiche sa volonté d’être dans le prochain gouvernement avec les conservateurs. «Nous n’avons jamais été aussi forts au niveau national», s’est félicitée à Berlin la candidate à la chancellerie de l’AfD, Alice Weidel. La figure dominante de toute la campagne électorale a salué un «score historique», au milieu de militants en liesse agitant des drapeaux tricolores noir, rouge et or et des cœurs bleus (la couleur de l’AfD) avec l’inscription «Alice für Deutschland» («Alice pour l’Allemagne»). Avec 20.8 %, le mouvement double son score par rapport aux élections de 2021, confirmant son implantation dans un pays jusqu’ici moins enclin au nationalisme identitaire que ses voisins européens, en raison de son passé nazi. Mais le mouvement ne veut désormais pas s’arrêter là. Alice Weidel a aussitôt affiché son ambition de faire partie du prochain gouvernement, aux côtés des démocrates-chrétiens de Friedrich Merz arrivés en tête avec près de 29 % des voix, mais qui excluent pour leur part toute alliance. «Notre main sera toujours tendue pour participer à un gouvernement et pour remplir la volonté du peuple», a dit Alice Weidel, affirmant vouloir notamment «fermer les frontières» aux étrangers et baisser les impôts. Il y a dix jours, lors du Davos de la défense à Munich, le vice-président américain, J. D. Vance, avait accordé un entretien à Weidel, alors qu’il avait snobé le chancelier allemand Olaf Scholz. Et surtout, il avait exhorté les partis politiques allemands à ne plus ostraciser la droite nationaliste dans les gouvernements. L’AfD a vu ses thèmes de prédilection, immigration et insécurité, propulsés au premier plan de la campagne électorale après une série d’attaques meurtrières commises par des étrangers en Allemagne. Cette situation a poussé le chef des conservateurs, Friedrich Merz, à unir les voix de son parti à celle de l’AfD fin janvier pour faire voter une résolution non contraignante limitant l’immigration. Une alliance jamais vue dans l’histoire allemande d’après-guerre. Cette rupture du «cordon sanitaire» établi jusqu’alors par les partis traditionnels à l’égard du parti anti-immigration a fait descendre dans la rue des centaines de milliers de personnes, «montrant combien la résistance à l’AfD est encore forte», souligne le professeur Wolfgang Schroeder de l’Université de Cassel, dans un entretien à l’AFP. Néanmoins, la campagne électorale allemande a acté un processus de «normalisation», illustrée notamment par la participation d’Alice Weidel à différents débats télévisés avec les autres grands partis. Weidel a également rompu son isolement au niveau européen en s’affichant à Budapest le 12 février dernier avec le Premier ministre hongrois, Viktor Orban. Toutefois, ses ambitions sont peu réalistes pour le moment et l’AfD devra attendre de réaliser de bien meilleurs scores aux prochaines élections pour espérer réussir à se hisser à la tête du pays. L’état sécuritaire du pays dans les mois et années à venir déterminera, à n’en pas douter, le succès ou l’échec du parti nationaliste. Il reste au prochain gouvernement, certainement dirigé par les conservateurs, de faire son possible pour assurer la sécurité de ses concitoyens pour bloquer l’ascension, qui semble inexorable, de l’AfD.
F. M.