Béjaïa: Deux groupes de randonneurs qui se distinguent

À Bejaïa, deux groupes de randonneurs attirent l’attention par la qualité et la portée de leurs actions : Les Randonneurs du Sahel et le Club des randonneurs agés de Kabylie (CRAK). Tous deux incarnent une vision de la randonnée comme outil de découverte, de cohésion sociale et d’éveil citoyen. Focus sur ces initiatives inspirantes. Hafit […]

Juin 2, 2025 - 22:49
 0
Béjaïa: Deux groupes de randonneurs qui se distinguent

À Bejaïa, deux groupes de randonneurs attirent l’attention par la qualité et la portée de leurs actions : Les Randonneurs du Sahel et le Club des randonneurs agés de Kabylie (CRAK). Tous deux incarnent une vision de la randonnée comme outil de découverte, de cohésion sociale et d’éveil citoyen. Focus sur ces initiatives inspirantes.

Hafit Zaouche
Parmi les groupes les plus actifs, Les Randonneurs du Sahel occupent une place à part. Leur objectif est clair : permettre aux Algériens de mieux connaître leur propre pays. Cette volonté s’est transformée, au fil du temps, en une mission profonde, presque militante.
Depuis plusieurs années, ce groupe sillonne les wilayas du pays, transformant chaque randonnée en une véritable exploration culturelle et humaine. Ils ont visité aussi bien les régions de l’Est (Annaba, El Tarf, Constantine), que celles de l’Ouest (Oran, Tlemcen), sans oublier les Aurès, les Hauts-Plateaux et les portes du Sahara (Biskra, Ghardaïa, Timimoun). Ils parcourent également avec passion les massifs de Béjaïa, Tizi Ouzou, Bouira ou Jijel.
Leur action part d’un constat préoccupant : beaucoup de jeunes Algériens ne connaissent qu’une poignée de wilayas – souvent celles où ils vivent ou étudient. Un phénomène accentué par un système universitaire trop cloisonné, où chaque wilaya fonctionne en vase clos. Cette absence de mobilité étudiante limite les échanges et entretient les clivages régionaux.
Favoriser les déplacements à travers le pays – que ce soit pour les études, le travail ou le tourisme – est essentiel pour briser les frontières mentales, tisser du lien et construire une identité nationale partagée.

Voyager pour s’unir
Les jeunes qui ont étudié ou effectué leur service national loin de leur région d’origine développent souvent une vision plus ouverte du pays. C’est cette logique que perpétuent les randonnées organisées par le groupe : voyager, marcher, découvrir, rencontrer. Chaque sortie devient un acte citoyen.
Mais des freins subsistent : l’emploi reste très localisé, notamment à cause du système ANEM qui impose souvent de postuler dans sa wilaya de résidence. Il est urgent de lever ces barrières pour encourager la mobilité et le brassage, gages d’unité et de cohésion. À ce jour, les Randonneurs du Sahel ont exploré 25 wilayas, de l’Est à l’Ouest, du Nord au Sud. Une initiative concrète, inspirante, qui devrait être soutenue et multipliée. Car oui, faire aimer l’Algérie aux Algériens c’est un projet collectif parmi les plus nobles.

Le CRAK : la retraite active par excellence
Autre groupe remarquable, le Club des randonneurs agés de Kabylie (CRAK) prouve que la retraite peut être un âge de renouveau et non de repli. Ses membres, passionnés de nature et de marche, parcourent inlassablement les sentiers de Kabylie et d’ailleurs. Leur vitalité est un message fort : l’âge ne doit pas être un frein à l’épanouissement personnel et social.
À Aokas, comme dans de nombreuses communes, les personnes âgées manquent cruellement de lieux pour se rencontrer, échanger et pratiquer des activités. Pas de foyer, pas de café associatif, pas de structures adaptées. Résultat : l’isolement guette, et avec lui, l’ennui, voire la détresse.
Malgré quelques tentatives de sensibilisation pour la création d’associations dédiées aux seniors (diabétiques, anciens malades, passionnés de pêche ou de randonnée), aucun projet local n’a encore vu le jour. Un vide qu’il est urgent de combler.
La randonnée est particulièrement bénéfique pour les
seniors : elle entretient la forme physique, améliore l’équilibre, renforce les muscles, prévient les maladies cardiovasculaires et l’ostéoporose. C’est aussi un excellent antidote contre la dépression et le repli sur soi.
Accessible à tous, peu coûteuse, la marche en pleine nature est l’un des meilleurs moyens de bien vieillir. Elle favorise le lien social, les rencontres intergénérationnelles et offre un sentiment précieux d’appartenance.
Le Club des randonneurs agés de Kabylie montre la voie : la retraite peut rimer avec engagement, plaisir et partage. Ce type d’initiative mérite d’être reproduit dans toutes les régions du pays, pour que nos aînés puissent vivre pleinement, avec dignité, ce temps si précieux qu’est le troisième âge.
À travers les exemples des Randonneurs du Sahel et du CRAK, on comprend que la randonnée est bien plus qu’un loisir. Elle est un levier puissant de découverte, de transmission, de solidarité et d’unité nationale. Elle reconnecte les générations, redonne du sens à la retraite, et tisse des ponts entre les régions.
Ces démarches citoyennes méritent d’être connues, soutenues et multipliées. Parce qu’en marchant sur les sentiers de notre pays, on avance aussi vers une Algérie plus solidaire, plus ouverte et plus unie.
H. Z.