Commission d’historiens algéro-français sur la mémoire :  Benjamin Stora regrette l’arrêt des travaux 

L’historien français, Benjamin Stora déplore « l’arrêt des travaux de la commission mixte d’historiens algéro-français » chargée de travailler sur la mémoire. Invité du recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chams-Eddine Hafiz, il explique que cette suspension est due, malheureusement à l’actualité politique qui est venue percuter le travail scientifique, celui des historiens ». « On […] The post Commission d’historiens algéro-français sur la mémoire :  Benjamin Stora regrette l’arrêt des travaux  first appeared on L'Est Républicain.

Juil 7, 2025 - 12:57
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Commission d’historiens algéro-français sur la mémoire :  Benjamin Stora regrette l’arrêt des travaux 

L’historien français, Benjamin Stora déplore « l’arrêt des travaux de la commission mixte d’historiens algéro-français » chargée de travailler sur la mémoire. Invité du recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chams-Eddine Hafiz, il explique que cette suspension est due, malheureusement à l’actualité politique qui est venue percuter le travail scientifique, celui des historiens ». « On est revenu à un stade antérieur, en espérant peut-être qu’un jour, on puisse reprendre les travaux de cette commission mixte qui sont à l’arrêt », affirme-t-il. L’historien, natif de Constantine et spécialiste de l’Algérie, est revenu longuement sur la Genèse de cette commission, qui a vu le jour suite à une entente entre les présidents, Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron, en août 2022. Il révèle, dans ce sens, « qu’il a été reçu par le président Abdelmadjid Tebboune qui a proposé une commission mixte ». « J’ai accepté parce que, cette fois, c’était un engagement sur la durée. C’est-à-dire de commencer par avoir des moyens et des dispositions matérielles permettant de donner aux chercheurs les moyens de travailler sur la longue durée. En 2023-2024, il y avait une indépendance des membres de cette commission du côté français comme du côté algérien avec des moyens mis à leur disposition pour voyager, aller aux archives… », rappelle-t-il. Selon lui, « cette commission, c’est une voie qui est ouverte avec l’Algérie. Et, derrière, il y a tout ce qui se passe en Afrique, notamment dans la jeunesse, qui veut se réapproprier la totalité de son histoire. C’est un énorme défi pour la France de demain, c’est-à-dire être capable de réparer en restituant ». Dans la foulée, il réitère sa plaidoirie pour « la restitution à l’Algérie des effets personnels de l’Emir Abdelkader », qui n’a pas, déplore-t-il, abouti jusqu’à présent. Après une longue rétrospective sur les démarches entreprises durant près de 50 ans pour faire connaitre l’histoire de la colonisation française de l’Algérie, Benjamin Stora tire une conclusion et plaide pour le croisement des mémoires. « Très peu de personnes en France connaissent l’histoire des algériens. C’est ça le problème. On ne connait pas en France l’histoire des Algériens. On ne sait pas le nombre d’algériens morts durant la guerre d’indépendance. On le sous-estime plutôt. On sous-estime par exemple le fait qu’il y a eu deux millions de paysans algériens déplacés par l’armée française. C’est colossal ! », lance-t-il, précisant que « tout cela n’est pas enseigné en France ». Il met aussi l’accent sur « l’importance pour les algériens vivant en France de connaitre l’histoire de ceux qui étaient opposés en France à la colonisation ». « Car l’ennemi des algériens, ce n’était pas la France, c’était le système colonial », souligne-t-il, précisant que cela a été affirmé déjà par les « nationalistes algériens avant la guerre de libération ».

Samir Rabah 

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