Du maquis à l’or de Hamina !
Le Centre International des Conférences (CIC) Abdellatif Rahal abrite, depuis hier dimanche, les assises nationales du cinéma. Il s’agit d’un événement de première importance, parrainé par le président de la République, qui intervient une année et demie après la tenue d’une manifestation similaire consacrée à l’industrie cinématographique. La démarche est loin d’être facultative, comme pourraient […] The post Du maquis à l’or de Hamina ! first appeared on L'Est Républicain.
Le Centre International des Conférences (CIC) Abdellatif Rahal abrite, depuis hier dimanche, les assises nationales du cinéma. Il s’agit d’un événement de première importance, parrainé par le président de la République, qui intervient une année et demie après la tenue d’une manifestation similaire consacrée à l’industrie cinématographique. La démarche est loin d’être facultative, comme pourraient le penser certains. Bien au contraire, elle a une portée culturelle, sociale et économique d’une dimension durable : relancer une activité qui avait fait de l’Algérie une nation pionnière, alors qu’elle venait juste d’accéder à l’indépendance. Né dans le giron de la Guerre de libération nationale, le cinéma algérien s’est tout de suite imposé comme un art de combat et la quête de liberté a constitué sur le champ le principal de sa thématique. Une thématique reflétant les aspirations de tout un peuple qui a dit non à l’occupation et l’aliénation, quelle que soit son origine, et qui a été portée à l’écran par des techniciens et des comédiens acquis à la cause nationale. Les premiers tours de manivelle qui avaient abouti à la première réalisation, sous forme de plusieurs documentaires largement diffusés par les télévisions des pays socialistes de l’Europe de l’Est, n’ont fait que traduire et renforcer l’aspect rebelle d’un art façonné au djebel, où les Djamel Chanderli et René Vautier ont joué un rôle primordial. Certains films réalisés durant la période post indépendance sont des chefs-d’œuvre. En 1965, Mustapha Badie met à l’affiche La nuit a peur du soleil. Les plans, les mouvements de caméra, l’ambiance grave des séquences phares et la sobriété du scénario font de ce film une référence contenant tous les indices révélateurs des tendances techniques et idéologiques de nombreux films algériens. L’influence du cinéma soviétique est présente. En visionnant La nuit a peur du soleil, un cinéphile averti touchera l’ombre d’Eisenstein, dès le défilement des premières images d’un film incarnant, dans le plus pur style pédagogique, un réalisme socialiste au faîte de sa gloire. La nuit a peur du soleil est un film d’auteur, réalisé aux normes de l’époque, une œuvre géniale qui décrypte sans complaisance l’évolution de la société algérienne de 1952 à 1962. Il est unique en son genre, tant au niveau thématique que par rapport à la conception visuelle d’un réalisateur maitre de ses idées et de ses images. En 1969, Ahmed Rachedi adapte à l’écran L’opium et le bâton, roman écrit par Mouloud Mammeri. « Ya Ali mout waqef » ! Qui ne se souvient pas de cette injonction de bravoure, transcendant les siècles, les races et les religions, lancée à l’adresse d’Ali, un « fellaga » originaire du village Thala, cette citadelle belle et rebelle, ce monument de la résistance ? Ali, dont les traits ont été héroïquement dessinés par un Sid Ali Kouiret au top de l’inspiration, s’est fait une place de choix dans la mémoire cinéphile du peuple algérien. En 1975, aux heures les plus critiques de la Guerre froide, la voix de l’Algérie arrivait jusqu’aux oreilles de l’Oncle de tout le monde. Qu’elle était audible, cette voix ! Cette Algérie, qui avait relevé un immense défi, en organisant le IVe sommet des non-alignés, en présence des délégations de plus de 100 pays, avant d’obtenir le statut de partenaire à part entière dans le dialogue Nord-Sud. En 1975, l’Algérie recevait la palme d’or au Festival de Cannes, avec le film Chroniques des années de braise de Mohamed Lakhdar Hamina. Une réalité à méditer : en 1975, l’Algérie comptait encore plus de 400 salles de cinéma dépendant d’organismes étatiques chargés de la production et de la distribution de films à travers l’ensemble du territoire national. 400 salles, dont une quarantaine en activité dans la capitale, un chiffre que l’Égypte, pays d’art et de cinéma par excellence, n’avait pas atteint à l’époque !
Mohamed Mebarki
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