Guerre en Ukraine : Le torchon brûle entre Paris et Rome

Le torchon brûle à nouveau entre l’Italie et la France, deux piliers de l’Union européenne, dont les relations bilatérales, souvent complexes, viennent de connaître un nouveau pic de tension. Une crise diplomatique d’ampleur a éclaté suite à la convocation de l’ambassadrice italienne à Paris, en réaction aux propos virulents du vice-Premier ministre Matteo Salvini à […]

Août 23, 2025 - 14:34
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Guerre en Ukraine : Le torchon brûle entre Paris et Rome

Le torchon brûle à nouveau entre l’Italie et la France, deux piliers de l’Union européenne, dont les relations bilatérales, souvent complexes, viennent de connaître un nouveau pic de tension.

Une crise diplomatique d’ampleur a éclaté suite à la convocation de l’ambassadrice italienne à Paris, en réaction aux propos virulents du vice-Premier ministre Matteo Salvini à l’encontre d’Emmanuel Macron et de sa position sur l’envoi de troupes militaires en Ukraine.

Cet incident met en lumière des divergences profondes et une montée des tensions qui, selon certains observateurs, révèlent une politique française perçue comme « insensée » par certains acteurs européens.

Selon des sources diplomatiques rapportées par l’Agence France-Presse (AFP), la diplomatie française a rappelé à l’ambassadrice que de telles déclarations « sont en contradiction avec le climat de confiance et les relations historiques entre nos deux pays ». Le message ne s’arrête pas là, soulignant également « les récents développements des relations bilatérales, qui ont révélé un fort rapprochement des positions des deux pays, notamment en ce qui concerne le soutien constant à l’Ukraine ». Une allusion à la façade d’unité européenne qui semble aujourd’hui être fissurée

Allant plus loin dans la provocation, et en réponse directe aux spéculations de Macron sur un éventuel déploiement de forces européennes en Ukraine, Salvini a lancé une flèche acerbe au président français : « Qu’Emmanuel Macron enfile un casque et se rende lui-même en Ukraine s’il veut la guerre ». Une rhétorique agressive qui ne manquera pas de résonner auprès de l’électorat populiste et qui, sans surprise, a provoqué l’ire de Paris.

Un bras de fer aux multiples facettes

Cet incident s’inscrit dans un contexte international particulièrement tendu autour du conflit ukrainien, mais aussi dans une relation franco-italienne régulièrement émaillée de frictions. Si la France insiste sur une convergence des positions de Paris et Rome en soutien à Kiev, les déclarations de Salvini révèlent un clivage profond au sein même des capitales européennes. L’Italie, par la voix de son vice-Premier ministre, semble privilégier une voie diplomatique et une « processus de paix » – une approche souvent perçue comme plus conciliatrice, voire ambiguë, vis-à-vis de Moscou.

La proposition d’envoi de troupes par Macron, bien que rapidement tempérée par de nombreux alliés européens, a ouvert une boîte de Pandore. Le journal Politico avait d’ailleurs déjà souligné que les « difficultés économiques et la faiblesse politique » tant en France qu’au Royaume-Uni pourraient sérieusement entraver de tels plans de déploiement ou de garanties de sécurité. Une analyse qui met en lumière les limites structurelles des grandes puissances européennes face à une crise d’une telle ampleur.

Réactions internationales et risques d’escalade

La prudence de Washington, relayée par les récentes déclarations de l’ancien président Donald Trump affirmant son refus catégorique de déployer des troupes américaines en Ukraine, renforce l’isolement de la position française sur cette question. Dans le même temps, Moscou n’a pas manqué de réagir avec la plus grande fermeté. Le ministère russe des Affaires étrangères a clairement averti que tout déploiement de forces de l’OTAN en Ukraine serait considéré comme une « escalade dangereuse » et une « incitation à la poursuite des opérations militaires ».

Au-delà de l’incident protocolaire, cette affaire révèle les fissures grandissantes au sein de l’Union européenne, tiraillée entre la nécessité d’afficher un front uni face à la Russie et des intérêts nationaux divergents. Le défi pour Paris et Rome sera de contenir cette surenchère verbale avant qu’elle n’érode davantage la confiance mutuelle et la capacité du bloc européen à parler d’une seule voix sur la scène internationale.