La grande mobilisation populaire américaine du 5 avril
Des millions de citoyens américains ont marché ce samedi contre le tour pris par leur pays depuis le 20 janvier dernier, dans des rassemblements à travers les Etats-Unis mais également dans plusieurs villes européennes, en réaction à une politique à leurs yeux porteuse des plus grands dangers pour la démocratie américaine et ses valeurs. Si […]

Des millions de citoyens américains ont marché ce samedi contre le tour pris par leur pays depuis le 20 janvier dernier, dans des rassemblements à travers les Etats-Unis mais également dans plusieurs villes européennes, en réaction à une politique à leurs yeux porteuse des plus grands dangers pour la démocratie américaine et ses valeurs. Si au lieu de se tenir dans plusieurs centaines d’endroits à travers l’Amérique et le monde, ces actions de masse avaient fusionné en un seul, elles auraient donné une marée humaine parmi les plus impressionnantes, sinon la plus impressionnante de toutes, de ces dernières années dans le monde. Elles auraient été une seule au lieu d’être plus de 1400, le chiffre avancé par l’AP, on aurait vu une interminable marée humaine s’écouler pendant des heures. L’impact politique aurait été bien plus grand. Mais dans un aussi vaste pays que les Etats-Unis, une telle démonstration de force n’aurait pas été possible.
Des millions d’Américains ont associé dans leurs protestations les noms de Donald Trump et celui d’Elon Musk, peut-être même ont-ils fustigé davantage celui-ci que celui-là, pour n’avoir été quant à lui élu par personne, dénonçant leurs décisions de démantèlement des aides sociales, de licenciements massifs au sein des agences fédérales, de déportations massives, d’attaques contre les immigrants, d’atteintes aux droits des minorités. Le slogan principal de ce grand sursaut populaire est » Hands Off ! « , qu’on peut rendre par » Bas les pattes « , » Touche pas à la démocratie « . » Hands Off » sera pris peut-être un jour pour le » No Pasaran » américain. » Ils ne passeront pas « , le » ils » renvoyant non pas seulement à Trump et à Musk, mais aux fascistes américains dans leur ensemble, dont ces deux-là ne seraient que les têtes d’affiche. Il était question de faire échec à la résurgence du fascisme sur nombre de banderoles et d’écriteaux brandis par les manifestants. Aucune grande personnalité politique n’a pris part à ces manifestations, ni à Washington ni au niveau local, ce qui en la matière est du reste conforme aux mœurs politiques américaines. Aux Etats-Unis, la protestation ne se fait pas dans les rues, mais dans les urnes, qui se tiennent souvent. Les prochaines, celles de mi-mandat, seront organisés en 2026. C’est alors que se jouera l’avenir de Trump, de son administration, et de son programme de réformes, qui pour ses opposants touchent aux fondamentaux de l’ordre politique américain. Bien évidemment, la question qui se pose maintenant que la démonstration de force est faite, que preuve est faite que toute opposition n’est pas morte, qu’il en existe encore en mesure de remplir les rues, est de savoir de quoi sera fait le lendemain immédiat. En d’autres termes, que s’est-il réellement passé ce 5 avril à travers les Etats-Unis, et partout dans le monde où vit une importante communauté américaine : simple expression d’un ras-le-bol ou lancement d’un mouvement qui ne s’arrêtera pas, sachant que la politique contre laquelle il s’est enclenché n’est pas près elle de changer de direction. A ce point de vue, l’échéance des élections de mi-mandat semble bien lointaine.