Le coq est nu
Par A. Boumezrag – La France, qui découvre, après des décennies de Françafrique, que ses anciens alliés africains ne se laissent plus manipuler, ne peut plus s’appuyer sur les régimes clients. Elle doit construire des partenariats fondés sur l’égalité. L’article Le coq est nu est apparu en premier sur Algérie Patriotique.

Par A. Boumezrag – La France découvre, après des décennies de Françafrique, que ses anciens alliés africains ne se laissent plus manipuler. Entre réveil des peuples africains et fragilisation des modèles politiques traditionnels, l’International Agricultural Trade Forum (IATF 2025), qui se tient à Alger, invite à repenser la souveraineté, la coopération et l’avenir agricole et politique du continent.
Alger devient le centre névralgique de l’agriculture et du commerce agroalimentaire. Mais derrière les conférences techniques et les échanges commerciaux se dessine une réalité plus politique que jamais : le coq gaulois est nu et les régimes africains mordent. Cette image symbolique résume une vérité profonde : la France, longtemps confortée par des régimes africains complaisants, se retrouve désarmée face à un continent qui réclame enfin ses droits et sa souveraineté.
Pendant des décennies, la prospérité française a été alimentée par des régimes africains autoritaires, souvent corrompus, qui servaient les intérêts de Paris au détriment de leurs propres populations. La Françafrique n’était pas un mythe : elle s’est traduite par des alliances politiques, économiques et militaires garantissant un accès privilégié aux ressources et marchés africains. La métaphore du «fumier africain» désignait ces régimes complices, assurant à la France un enrichissement sans contrepartie réelle pour les populations locales.
Aujourd’hui, ce temps est révolu. Les peuples africains se réveillent, et les mouvements citoyens exigent transparence, justice et fin de l’ingérence. Les anciens alliés de Paris, longtemps dociles, se montrent désormais fermes et revendiquent leurs intérêts. La France découvre qu’elle ne peut plus compter sur des pantins politiques : la complicité qui garantissait sa prospérité s’est volatilisée.
Pour l’Algérie, le constat est différent mais complémentaire. Ses lauriers agricoles, symboles de fierté nationale et de patrimoine identitaire, sont menacés par le stress hydrique, le changement climatique, la pression sur les sols et la concurrence internationale. L’Algérie se trouve à la croisée des chemins : continuer à dormir sur ses lauriers revient à subir la fragilité d’un modèle non résilient, mais investir dans l’innovation et l’autonomie peut transformer cette vulnérabilité en force.
L’IATF 2025 offre ainsi une tribune stratégique pour repenser les relations entre l’Europe et l’Afrique. La France ne peut plus s’appuyer sur les régimes clients de la Françafrique ; elle doit construire des partenariats fondés sur l’égalité, la transparence et le respect des souverainetés. Pour l’Algérie, c’est l’occasion de renforcer sa souveraineté alimentaire, de moderniser l’agriculture et de valoriser ses savoir-faire locaux pour mieux s’intégrer dans les circuits régionaux et mondiaux.
La dimension écologique est également centrale. Raréfaction de l’eau, érosion des sols et dérèglements climatiques obligent chaque pays à repenser sa production, à adopter des modèles circulaires et régénératifs et à protéger ses ressources naturelles. La caricature du coq nu et des régimes africains mordants illustre ce tournant nécessaire : la dépendance et la complaisance ne suffisent plus, l’innovation et la résilience deviennent impératives.
Mais l’enjeu dépasse le simple cadre économique ou écologique : il est profondément identitaire et politique. Pour l’Algérie, protéger ses lauriers, c’est préserver un patrimoine et un savoir-faire historique. Pour la France, accepter que le coq soit nu, c’est comprendre que la prospérité ne peut plus se construire sur l’exploitation des peuples africains. Réciprocité et éthique doivent désormais guider les relations internationales et les partenariats stratégiques.
Les changements observés en Afrique rappellent que le pouvoir n’est jamais immuable. Les régimes qui semblaient solides et dociles se révèlent capables de défendre leurs intérêts et de résister aux pressions extérieures. Cette dynamique oblige l’Europe, et particulièrement la France, à repenser sa diplomatie, son commerce et ses investissements sur le continent avec prudence, respect et stratégie.
L’IATF 2025 à Alger n’est pas seulement une vitrine de l’innovation agricole : il représente l’occasion de redéfinir les relations entre l’Europe et l’Afrique, d’encourager la souveraineté, la durabilité et la résilience. Les défis sont immenses, mais les opportunités le sont tout autant.
Le coq peut se découvrir, les régimes africains peuvent mordre, mais seuls ceux qui réinventent la coopération récolteront l’avenir.
A. B.
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