Les Etats-Unis sous Trump à la croisée des chemins face au duo Chine-Russie
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Une contribution d’Ali Akika – Pourquoi bouder son plaisir quand on voit et on entend les «élites» de l’info regarder leurs doigts pour découvrir la lune ? Je cite et force le trait de ce proverbe chinois car lesdites élites viennent de s’apercevoir que les Chinois ne lâcheront jamais la Russie. J’ai exprimé mon point de vue sur les solides et historiques relations Chine-Russie dans Algeriepatriotique ; tout le contraire de nos «spécialistes» qui s’appuyaient sur le binôme ignorance-préjugés, en prétendant que la Chine ne viendrait pas en aide à la Russie. Parce que, selon eux, les Chinois mettent au-dessus de tout le commerce florissant avec l’Occident si riche. Voyons, après leur sidération provoquée par Trump, s’ils vont être moins vulgaires dans leurs expressions et plus fin dans leurs analyses.
Je doute qu’ils prennent de la distance avec leur statut de perroquets puisant leurs arguments dans les stocks des usines de mensonge du système dominant. Ils sont si bien confortables dans leurs préjugés en réduisant le comportement de Trump à sa personne et non à une politique des Etats-Unis, dont le caractère impérialiste ne date pas d’aujourd’hui. Voilà pourquoi ils égrènent les mêmes mots et autres lieux communs sur Trump. Un homme d’affaires dont la technique reposerait sur un égo démesuré et la tactique de négociation consisterait à user de menaces et de la brutalité face à ses interlocuteurs et adversaires.
Essayons de cerner les raisons de la nouvelle politique américaine. Quelques récentes séquences de l’histoire des Etats-Unis et l’émergence de la Russie et de la Chine, vieux pays et puissances militaires et économiques, ont introduit de nouveaux paramètres géopolitiques. Ça a commencé avec la défaite au Vietnam et favorisé par les révolutions technologiques qui ont bouleversé aussi bien les secteurs industriels que la circulation des marchandises et leur support monétaire, le dollar. C’est pourquoi depuis Nixon jusqu’à Trump, en passant par Obama-Biden et Trump, les présidents américains appliquent la même politique à l’égard de la Russie et de la Chine. Deux facteurs relatifs à la défense nationale et au pouvoir économique des Etats-Unis ont imposé à l’Oncle Sam de réagir au risque de glisser du statut de la Rome antique à celui d’une Babylone des temps modernes, qui perdrait les privilèges que lui confère son statut de puissance nucléaire et de «phare» de la démocratie.
La suprématie de la défense stratégique du pays par la possession de l’arme nucléaire est un objectif obsessionnel des Américains. Le président Reagan (1981 à 1989) tenta de maintenir cette suprématie en mettant à l’abri le pays sous un bouclier nucléaire. Le puits sans fond des dépenses en dollars nécessaires et quelques obstacles scientifiques et techniques firent ranger dans une grange ce prodigieux projet. Des accords entre Russes et Américains mirent fin à la course aux armements nucléaires et rétablirent la parité et la «confiance» entre ces deux grandes puissances. Mais la sophistication des armes hors nucléaire continua. Par la suite, il se trouve que la Russie fit un pas de géant dans le domaine des missiles hypersoniques et, presque simultanément, le président russe annonça la fin de la construction de porte-avions. Le monde, il y a quelques mois, comprit la raison de ce renoncement aux porte-avions par la Russie. Le symbole de sa nouvelle puissance venait de naître, c’est le fameux missile Oreshnik que rien ne peut arrêter et qu’elle expérimenta en Ukraine sans ogive nucléaire. Les habituels perroquets se moquèrent de ce missile, de la propagande, disent-ils ! Sauf que les Etats-Unis reconnaissent leur retard dans le domaine des missiles hypersoniques, comme ils reconnaissent leur retard sur la Chine dans l’Intelligence artificielle.
Outre que ces progrès technologiques ont des incidences sur l’armement de défense du pays, ils fournissent des avantages plus que précieux dans l’économie. Après le pilier militaire, voilà donc le second pilier, celui de l’économie qui explique l’agitation et les menaces de Trump adressées ici et là pour se procurer des minerais et des terres rares qui sont le pétrole de demain. On comprend ainsi l’avidité et l’empressement de Trump à arrêter la guerre en Ukraine. Tous ces bouleversements géopolitiques, géostratégiques et géoéconomiques sont ensevelis par les «spécialistes» sous le voile des valeurs, de la prédation, de l’impérialisme américain à propos de l’Ukraine, mais nos «élites» restent bouche bée et ferment les yeux sur le viol du droit international quand il s’agit de massacre et de nettoyage de populations au profit d’une catégorie de gens venue d’ailleurs s’encanailler sur des terres où sont ensevelis des cadavres sans nom ni sépulture.
Pour conclure, il faut dire que Trump s’est converti en inspecteur d’impôts pour récolter des taxes douanières tous azimuts, en devenant banquier de la cryptomonnaie, en licenciant des millions de fonctionnaires en envoyant un simple mail, dans le but d’éviter d’énormes trous dans le budget du pays. Tout ça pour freiner ou ralentir la dette publique qui a atteint des sommes astronomiques impossibles à rembourser. Le sort du dollar est en jeu et cette monnaie internationale, pilier de la souveraineté du pays presque du niveau de la dissuasion nucléaire, est menacée par la Chine et la Russie que l’Oncle Sam veut découpler. Pourquoi toutes ces données de l’histoire et de l’économie que fournit gratuitement Google ne se retrouvent pas dans les propos et analyses des «élites» ? Parce que l’histoire est gênante, en ce qu’elle met l’horloge (le temps) à l’heure. Ces nouvelles sectes de post-modernité sont déjà au-delà du présent appelé post-vérité. Ce qui veut dire inventer sa réalité à partir de fantasme et d’angoisse qui servent de lunettes pour regarder le monde.
Ainsi, pour cette «vérité», les sociétés ou pays d’un certain système flotteraient hors contradictions, puisque partageant les mêmes valeurs. Il ne peut donc y avoir de guerre et de boucherie entre pays. Deux exemples de guerres suffisent à démentir les balivernes de ces «philosophes» qui évacuent de leurs schémas les contradictions et les intérêts des pays. 1914-1918 : la France, la Grande Bretagne, les Etats-Unis firent la guerre à l’Allemagne ; 1939-1945 : les mêmes pays capitalistes auxquels s’ajoutent l’URSS sont alliés contre l’Allemagne nazie. Ce qu’il se passe à l’heure actuelle entre la Russie et les Etats-Unis semble se faire au détriment de l’Ukraine et de l’Europe, pourtant amis des Etats-Unis. Ce genre d’équations à plusieurs inconnues, qui plus est à une époque historique singulière, dit à nos «spécialistes» déboussolés que leur Europe n’est plus le plus beau couple du bal de la nouvelle ère du XXIe siècle. Il est temps qu’ils sachent que la nature des contradictions qui traversent tout système politique et économique ne peuvent se saisir avec le jargon de la psychologie qui met face à face les bons et les méchants, les valeurs du bien et du mal.
Si l’Oncle Sam abandonne ses petits protégés en Europe, il fait ce qu’il a toujours fait ailleurs dans le monde. Comme le hasard n’existe pas, le temps est arrivé de prendre rendez-vous avec le monde qui vous regarde, non pas avec des préjugés, alors que vous, hâbleurs du Vieux Continent, cultivez l’arrogance pour regarder les autres. Les préjugés et l’arrogance ont leur place dans un tiroir pour se faire ronger par des mites, après les avoir élevés en mythe dans le monde des Rambo.
A. A.
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