Quand tout le monde veut mettre son grain de sel dans la «cuisine» algérienne

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Fév 2, 2025 - 10:27
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Quand tout le monde veut mettre son grain de sel dans la «cuisine» algérienne

Une contribution du Dr A. Boumezrag – C’est un grand banquet mondial où chacun s’avance avec son propre tablier, sa louche et ses prétentions de grand chef. A la table des appétits géopolitiques, l’Algérie trône au centre du festin, mijotant dans une marmite qui attire convoitises et ambitions. Mais, attention, ce plat n’est pas du tout docile : il bout, il éclabousse et il pourrait bien renverser quelques assiettes.

Les Américains : une pincée de stabilité, une bonne dose d’intérêts

Les Etats-Unis, chefs cuisiniers du monde moderne, savent que la recette algérienne ne peut pas être laissée sans surveillance. Leur sel de prédilection ? Un mélange subtil de coopération énergétique, d’intérêts militaires bien placés et de pressions diplomatiques assaisonnées juste ce qu’il faut. En témoigne la multiplication des accords entre Washington et Alger sur la fourniture d’hydrocarbures, mais aussi les discussions sur la sécurité dans le Sahel, une région stratégique pour les intérêts américains.

L’Europe : un couscous sans épices, mais pas sans attentes

L’Union européenne, quant à elle, arrive avec son traditionnel couscous diplomatique, déjà refroidi par les atermoiements internes. Entre lutte contre l’immigration, sécurisation des approvisionnements en gaz et nostalgies postcoloniales mal digérées, la relation avec l’Algérie oscille entre indigestion et dépendance. L’Europe importe près de 90% de son gaz et l’Algérie est un fournisseur clé, notamment pour la France, l’Italie et l’Espagne. Toutefois, la relation est parfois tendue, entre méfiance politique et volonté européenne de diversifier ses sources d’approvisionnement.

Le monde arabe : un tajine de solidarité… aux épices discordantes

Du côté du monde arabe, la recette est encore plus complexe. Officiellement, l’Algérie est un frère de cuisine, un ingrédient essentiel dans la grande marmite de l’unité arabe. Mais entre les ambitions saoudiennes, les jeux d’influence émiratis et les postures égyptiennes, chaque chef veut imposer son propre mélange d’épices, au risque de masquer la saveur originelle. La position algérienne sur le dossier palestinien ajoute du piment à cette équation complexe.

La recette algérienne : éviter d’être cuisinée

Face à tous ces chefs qui veulent ajouter leur grain de sel, l’Algérie tente de jouer son propre rôle : celui du cuisinier qui refuse d’être un simple plat à consommer. Riche en ressources, dotée d’une jeunesse bouillonnante et d’un passé de résistance, elle veut préserver son indépendance tout en piochant dans les meilleures épices étrangères. Mais la tâche est ardue : entre réformes internes et défis économiques, la recette n’est pas encore stabilisée.

En 2025, l’Algérie devra décider : laisser les autres assaisonner son destin, ou imposer sa propre cuisine au banquet mondial. Une chose est sûre, elle ne manque ni de saveur ni de caractère. Reste à savoir si elle saura transformer ses épices en un plat inimitable, plutôt qu’en un repas préparé par d’autres

L’Algérie est à la croisée des chemins, entre influences extérieures et volonté d’autonomie. Si tous veulent y ajouter leur touche, c’est à elle seule de manier le feu et les épices de son avenir. Sera-t-elle un simple plat mijoté par d’autres ou parviendra-t-elle à imposer sa propre recette sur la table du monde ? Une seule certitude : dans cette marmite en ébullition, mieux vaut être le chef que l’ingrédient.

A. B.

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