Relations algéro-françaises : La normalisation torpillée par Bruno Retailleau

L’optimisme qui a suivi la visite du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, il y a une dizaine de jours, aura finalement été de courte durée. Les Algériens et les Français qui se sont réjouis, à juste titre, de cette reconnexion entre Alger et Paris en sont aujourd’hui pour leurs frais. Et pour cause :, […] The post Relations algéro-françaises : La normalisation torpillée par Bruno Retailleau first appeared on L'Est Républicain.

Avr 15, 2025 - 15:44
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Relations algéro-françaises : La normalisation torpillée par Bruno Retailleau

L’optimisme qui a suivi la visite du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, il y a une dizaine de jours, aura finalement été de courte durée. Les Algériens et les Français qui se sont réjouis, à juste titre, de cette reconnexion entre Alger et Paris en sont aujourd’hui pour leurs frais. Et pour cause :, Bruno Retailleau qui a  fait de la « conflictualisation » de la relation un fonds de commerce au service de son  agenda personnel, dans la perspective de la présidentielle de 2027, en a  décidé autrement, orchestrant une nouvelle provocation contre notre pays. Alors que Darmanin, ministre de la Justice, était attendu à Alger pour finaliser les dossiers relatifs aux questions sécuritaires, à l’exécution des OQTF et à l’émigration clandestine – autant de points convenus entre le Président Tebboune et son homologue français, lors de leur entretien téléphonique qui avait permis de renouer le dialogue – voilà que tout est remis en cause. Retailleau , qui n’a de toute évidence pas vu d’un bon œil la perspective de normalisation, a de nouveau appuyé sur le bouton « crise », en ordonnant une opération digne des méthodes de son prédécesseur, Charles Pasqua, en faisant procéder à l’arrestation de trois ressortissants algériens en France, dont un agent consulaire, au motif qu’ils seraient les auteurs de la tentative d’enlèvement du pseudo-influenceur et voyou, Amir DZ. Amir Boukhors, qui pour le coup apparaît comme un simple pion – consentant ou malgré lui – dans cette scabreuse affaire, se retrouve au centre d’une opération dont la finalité n’est autre que de continuer à envenimer les relations entre l’Algérie et la France et de compromettre la volonté affichée du Président Macron, visiblement mis au défi par Retailleau , ministre factieux qui roule pour sa propre chapelle. En tout cas, les autorités algériennes, qui ne sont pas dupes de ce jeu franco-français, n’ont pas tardé à réagir à cette basse manœuvre, rejetant « dans le fond et dans la forme les motifs invoqués par le parquet antiterroriste français à l’appui de sa décision de mettre en détention provisoire son agent consulaire ». Le communiqué du ministère des Affaires étrangères algérien parle, en conclusion, d’un développement « inadmissible et inqualifiable », avertissant qu’il « causera un grand dommage aux relations algéro-françaises et ne contribuera pas à l’apaisement. » Les dommages, on y est déjà, puisque les autorités algériennes, selon le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, qui s’exprimait hier lundi, ont   demandé à douze agents français de quitter le territoire algérien sous 48 heures, précisant que ces personnes, sous statut diplomatique ou administratif, relèvent du ministère français de l’Intérieur. Le patron du Quai d’Orsay a encore précisé qu’il a demandé à Alger de « renoncer à cette mesure », faute de quoi les autorités françaises pourraient agir de manière similaire, en procédant à des expulsions de personnels diplomatiques algériens en France. Il faut néanmoins relever que l’information relative à l’expulsion des douze diplomates est donnée uniquement par le chef de la diplomatie française, mais n’a pas été confirmée officiellement par Alger. Un silence qui interroge, alors que les autorités algériennes, toujours soucieuses d’une relation apaisée, ont toujours fait preuve d’une communication transparente et édifiante concernant la crise entre l’Algérie et la France, depuis le début. Mais au-delà de cet aspect, et en l’absence de communication du département des affaires étrangères algérien, force est de constater que ceux qui prennent actuellement en otage le gouvernement français – dont la survie dépend en grande partie d’eux, notamment Les Républicains – entendent bien rentabiliser cette position de force, en agissant à découvert pour saboter la perspective de normalisation entre l’Algérie et la France. Le défi aujourd’hui est de les neutraliser une bonne fois pour toutes, afin de faire barrage à leurs desseins et les empêcher d’entretenir la flamme de la discorde dans l’espoir d’en tirer des dividendes politiques et électoraux.

H. Khellifi

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