Suite à ses propos tendancieux sur l’Algérie et la diplomatie française Barrot recadre fermement Retailleau

Alors que Bruno Retailleau, ministre français de l’Intérieur multiplie les attaques contre l’Algérie dans une interview donnée au Figaro, c’est une autre voix au sein du gouvernement qui s’élève avec fermeté pour rappeler les fondements de la politique étrangère française. Jean-Noël Barrot, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, a réagi avec sobriété mais fermeté […]

Juil 19, 2025 - 22:05
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Suite à ses propos tendancieux sur l’Algérie et la diplomatie française  Barrot recadre fermement Retailleau

Alors que Bruno Retailleau, ministre français de l’Intérieur multiplie les attaques contre l’Algérie dans une interview donnée au Figaro, c’est une autre voix au sein du gouvernement qui s’élève avec fermeté pour rappeler les fondements de la politique étrangère française. Jean-Noël Barrot, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, a réagi avec sobriété mais fermeté aux propos incendiaires du ministre de l’Intérieur, rappelant que la diplomatie ne saurait être dictée ni par les bons sentiments, ni par le ressentiment, mais par la responsabilité. Un recadrage en règle. Sans jamais le nommer explicitement, Barrot a utilisé le réseau X pour livrer un message lourd de sens :  » Il n’y a ni diplomatie des bons sentiments, ni diplomatie du ressentiment. Il y a juste la diplomatie.  » Une phrase simple, sèche, qui vise à remettre les pendules à l’heure alors que Retailleau tente de détourner les relations franco-algériennes à des fins clairement politiques. Dans son interview, Retailleau déploie une rhétorique de plus en plus hostile envers Alger. Il appelle à bloquer les négociations autour de l’accord d’association entre l’Algérie et l’Union européenne, accusant ce dernier d’accorder des avantages douaniers trop importants à Alger. Il va jusqu’à dénoncer  » la faiblesse  » du président Emmanuel Macron et de son ministre des Affaires étrangères, qu’il accuse de laxisme diplomatique. Une critique directe à laquelle Barrot a choisi de répondre avec hauteur et principes. Retailleau attaque également les autorités consulaires algériennes, leur reprochant la délivrance de passeports à des Algériens en situation irrégulière. Il annonce vouloir empêcher que ces documents puissent être utilisés dans les démarches de régularisation en France. Autre obsession : les accords migratoires de 1968 qu’il souhaite  » dénoncer avant la fin du quinquennat « , ou au plus tard après la prochaine présidentielle, pour laquelle il semble se préparer activement. Mais c’est justement cette stratégie de surenchère permanente qui commence à irriter au sein même de l’exécutif. Jean-Noël Barrot, en réaffirmant la primauté du cadre diplomatique, tente de préserver une cohérence dans les rapports d’État à État. En agissant ainsi, il rappelle que la politique étrangère ne peut être une tribune pour ambitions personnelles ou slogans électoraux. Le contraste entre les deux ministres est saisissant. D’un côté, Retailleau adopte une ligne dure, populiste, fondée sur l’escalade verbale et la défiance. De l’autre, Barrot incarne une vision plus institutionnelle et mesurée des relations internationales, refusant que les dossiers sensibles, comme celui de l’Algérie, deviennent les jouets d’une guerre d’image interne. À l’heure où la diplomatie française est scrutée sur plusieurs fronts, ce recadrage du chef de la diplomatie sonne comme un rappel à l’ordre salutaire. Il marque une limite claire à la politisation des relations extérieures et rappelle qu’en matière de politique étrangère, la posture ne remplace jamais la rigueur. En somme, tandis que Retailleau cherche à imposer une ligne de fermeté teintée de calculs électoraux, Barrot tente de maintenir un cap : celui d’une diplomatie cohérente, responsable, et non soumise aux humeurs de la place Beauvau.
M B.