Suspension des visas diplomatiques par la France: Les faux fuyants de Paris

L’Algérie hausse le ton face à ce qu’elle qualifie de manquements répétés de la France à ses engagements diplomatiques. En réponse à des décisions unilatérales concernant les visas pour détenteurs de passeports diplomatiques et de service, prises sans notification officielle, Alger promet une riposte fondée sur une stricte réciprocité. C’est ce qu’a indiqué, ce lundi, […] The post Suspension des visas diplomatiques par la France: Les faux fuyants de Paris appeared first on Le Jeune Indépendant.

Mai 19, 2025 - 16:16
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Suspension des visas diplomatiques par la France:  Les faux fuyants de Paris

L’Algérie hausse le ton face à ce qu’elle qualifie de manquements répétés de la France à ses engagements diplomatiques. En réponse à des décisions unilatérales concernant les visas pour détenteurs de passeports diplomatiques et de service, prises sans notification officielle, Alger promet une riposte fondée sur une stricte réciprocité. C’est ce qu’a indiqué, ce lundi, un communiqué du ministère des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines

Le gouvernement algérien a exprimé son grand étonnement face aux développements intervenus récemment dans la communication française au sujet de la problématique des visas d’une manière générale et de celle de l’exemption des passeports diplomatiques et de service de cette procédure d’une manière particulière, a fait savoir la même source.

Alger déplore une attitude jugée inédite de la part de la France, qui a choisi de faire passer ses décisions relatives aux visas « par des fuites organisées grossièrement à des médias savamment sélectionnés par les services du ministère français de l’Intérieur et de la Direction générale de la police française ». Cette stratégie médiatique parallèle est qualifiée par la diplomatie algérienne de « pratique curieuse et douteuse », rompant ainsi avec les canaux diplomatiques traditionnels.

Le ton monte davantage lorsque le communiqué souligne que « c’est désormais par ce canal inhabituel que sont annoncées les décisions françaises, dans un irrespect total pour les usages diplomatiques consacrés et dans une violation, tout aussi totale, des dispositions de l’Accord algéro-français de 2013 ». Ce dernier, rappelle-t-on, organise l’exemption de visas pour les détenteurs de passeports diplomatiques et de service.

Plus grave encore, « jusqu’à ce jour, et en contravention flagrante, notamment avec les dispositions de l’article 8 de cet accord, l’Algérie n’a été rendue destinataire d’aucune notification officielle française par le seul et unique canal qui vaille dans les relations entre Etats, en l’occurrence le canal diplomatique ».

Face à cette situation, l’ambassade de France à Alger a été saisie à plusieurs reprises. Le chargé d’affaires de l’ambassade de France à Alger a fait l’objet de quatre convocations au ministère des Affaires étrangères à ce sujet. Mais il a « systématiquement affirmé ne disposer d’aucune instruction du ministère français des Affaires étrangères » et n’a « pas été en mesure de répondre aux demandes algériennes formelles de clarification sur ce même sujet », a affirmé le ministère.

Une initiative française à l’origine

Alger tient à rappeler l’historique de cet accord pour mieux contextualiser sa réaction. Contrairement aux allégations françaises, selon lesquelles l’Algérie aurait manqué à ses engagements, le communiqué souligne que « c’est la partie française qui porte la responsabilité, pleine et entière, des premières violations de l’Accord de 2013 ». Dès leur survenance, ces violations avaient été dénoncées par les autorités algériennes dans un communiqué officiel, affirme-t-on.

L’Algérie va plus loin, affirmant qu’« elle rejette, comme étant foncièrement une inexactitude et une contre-vérité, l’allégation française selon laquelle c’est l’Algérie qui aurait été la première à manquer à ses obligations au titre de l’Accord de 2013 ».

Alger rappelle, par ailleurs, que « l’Algérie n’a jamais été demandeur » d’une exemption de visas pour les détenteurs de passeports diplomatiques ou de service. L’initiative remonte à 1986, lorsque la France avait proposé un tel régime préférentiel. Une proposition à laquelle l’Algérie avait opposé « une fin de non-recevoir franche et sans équivoque ». Cette fin de non-recevoir a été renouvelée à trois reprises dans les années 1990, précise le ministère.

Ce n’est qu’en 2007, à la suite d’un nouvel acharnement diplomatique de Paris, qu’Alger a fini par céder, avant que ne soit signé un accord plus élargi en 2013. « Et c’est toujours à l’initiative de la partie française qu’un nouvel accord, conclu en 2013, a élargi l’exemption aux détenteurs de passeports de service et a abrogé l’Accord de 2007 à portée limitative », rappelle la même source.

Pour les autorités algériennes, il ne fait désormais plus de doute que « le gouvernement français tend vers le gel ou la suspension de l’Accord de 2013, en évitant soigneusement d’en assumer les responsabilités et les conséquences, et ce au mépris des dispositions pertinentes dudit accord ».

Or, rappelle la diplomatie algérienne, « aujourd’hui comme hier, l’Algérie n’a aucun intérêt particulier ni aucun attachement significatif à l’égard de cet accord ». Elle prend acte de « ce qui s’apparente à une suspension de fait » sans notification officielle.

Face à ce qu’elle considère comme une rupture unilatérale de l’Accord de 2013 par la France, l’Algérie promet une réponse mesurée mais résolue, assurant qu’elle en tire toutes les conséquences et y répondra par « une application stricte de la réciprocité, à la juste mesure du manquement de la partie française à ses obligations et engagements ».

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