Trump met les bouchées doubles

Donald Trump n’est de retour au pouvoir que depuis moins de trois semaines, mais il s’est déjà tellement démené qu’on a l’impression qu’il est aux affaires depuis bien plus longtemps. Il est probable qu’il ait commencé à agir avant même le 20 janvier dernier – jour de son investiture, qu’il a d’ailleurs employé moins dans […]

Fév 2, 2025 - 22:08
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Trump met  les bouchées doubles

Donald Trump n’est de retour au pouvoir que depuis moins de trois semaines, mais il s’est déjà tellement démené qu’on a l’impression qu’il est aux affaires depuis bien plus longtemps. Il est probable qu’il ait commencé à agir avant même le 20 janvier dernier – jour de son investiture, qu’il a d’ailleurs employé moins dans les célébrations que dans l’émission de décrets présidentiels, dont des grâces, en un nombre inusité, des centaines peut-être. Il est généralement crédité d’avoir été le véritable artisan de l’accord de cessez-le-feu passé entre Israël et la résistance palestinienne, grâce auquel quatre échanges de prisonniers ont déjà eu lieu. A vrai dire, ce n’est pas sur ce plan qu’on l’attendait le plus, mais dans la guerre en Ukraine, qu’il s’était fait fort d’arrêter en un tour-de-main, peut-être même avant son entrée en fonction, mais où il n’a encore fait. La vérité est que n’ayant pas été pris au sérieux sur ce point en particulier, tant le délai qu’il s’était donné était dérisoire, l’idée prévaut aujourd’hui qu’en fait il ne s’est même pas encore attelé à la tâche. Il a déjà dévoilé son plan de paix pour le Moyen-Orient, en demandant tant au roi de Jordanie qu’au président égyptien d’accueillir chez eux les Palestiniens de Ghaza, faisant valoir entre autres que ce territoire était devenu invivable après 15 mois de bombardements israéliens.

Le refus des deux chefs d’Etat sollicités par lui ne lui fait pas changer d’optique, au contraire cela semble le conforter dans son approche. On croirait même que ce refus le rassure, car dans l’essence d’une transaction, d’autant plus difficile à mener qu’elle est d’une grande portée. Il a pris des mesures de rétorsion contre nombre de ceux qui aux Etats-Unis lui avaient fait des misères, qui s’étaient à tort ou à raison acharnés contre lui, où qu’ils se soient trouvés alors, dans la justice, l’armée, ou le FBI, où en particulier une grande purge est enclenchée. Il a ordonné le non renouvellement du titre de séjour aux étudiants ayant pris part au mouvement d’opposition à la guerre à Ghaza et au génocide perpétré par Israël sur sa population. Son plan de déportation des migrants est déjà en œuvre. Il concernera des millions d’étrangers en situation irrégulière aux Etats-Unis, pour la plupart d’entre eux des migrants venant des pays d’Amérique latine à la recherche d’une vie meilleure. Des arrangements ont vite été trouvés avec les Etats concernés, personne ne voulant que des sanctions économiques soient prises contre lui. Tous acceptent que leurs ressortissants leur soient retournés par charters entiers. Trump a déjà augmenté les droits de douane des produits venant du Mexique, du Canada et de la Chine, les hissant d’un coup à 25% pour les deux premiers. Les deux pays américains ont déjà imposé des tarifs similaires sur les produits de toute nature en provenance des Etats-Unis, mais on attend de voir quelle sera la réaction de la Chine aux 10% affectant ses propres produits. Ainsi donc, la guerre commerciale est déclarée entre trois pays voisins, principaux débouchés pour leurs produits respectifs. Trump n’est pour le moment revenu que sur une de ses toutes premières décisions ayant fait l’objet elle aussi d’un décret présidentiel : le gel de toutes sortes de financements d’aide aux familles, à la recherche scientifique et médicale, aux bas revenus, à des programmes divers et variés, des subventions multiples versées à des organismes à but non lucratif. La décision a provoqué un début de chaos qui s’est mis à se propager d’un bout à l’autre des Etats-Unis, ainsi que de vives réactions de la part de personnalités politiques dont des gouverneurs, celui de l’Illinois notamment, l’opposition d’un premier juge fédéral, puis d’un deuxième, de sorte que Trump s’est vu forcé de battre en retraite. Moralité : il n’est pas invincible.