Une leçon d’histoire

Par Mohamed El-Maadi – Dans l'échiquier complexe du Sahara Occidental, Rabat célèbre avec emphase le soutien américain à son plan d'autonomie, ignorant les leçons de l'histoire récente. L’article Une leçon d’histoire est apparu en premier sur Algérie Patriotique.

Avr 12, 2025 - 06:31
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Une leçon d’histoire

Par Mohamed El-Maadi – Dans l’échiquier complexe du Sahara Occidental, Rabat célèbre avec emphase le soutien américain à son plan d’autonomie, ignorant les leçons de l’histoire récente. Cette prétendue victoire diplomatique s’inscrit dans une longue série de manœuvres qui, depuis 1975, n’ont jamais abouti à une résolution définitive du conflit.

Comme en 1991 lors du cessez-le-feu, ou en 2007 lors des négociations de Manhasset, la réalité demeure inchangée : le dossier du Sahara Occidental reste exclusivement sous l’égide des Nations unies. Le précédent de la Namibie nous rappelle que seul un processus onusien complet peut mener à une résolution légitime des conflits territoriaux postcoloniaux. Le soutien américain, aussi médiatisé soit-il, ne modifie en rien l’architecture juridique internationale qui encadre ce conflit.

L’histoire nous enseigne que les reconnaissances unilatérales n’ont jamais suffi à résoudre les conflits territoriaux. Le cas du Timor oriental est particulièrement éclairant : malgré la reconnaissance indonésienne par de nombreuses puissances, seul un processus onusien complet a permis une résolution définitive. De même, la création du Soudan du Sud n’a été possible que par un processus multilatéral sous égide de l’ONU, malgré les soutiens internationaux préexistants.

Le Front Polisario maintient sa position historique en faveur d’un référendum d’autodétermination, droit fondamental reconnu par la résolution 1514 de l’ONU. La Mauritanie préserve sa neutralité traditionnelle. L’Union africaine continue de reconnaître la RASD comme membre à part entière. Ces réalités géopolitiques, ancrées dans des décennies d’histoire, transcendent les déclarations diplomatiques éphémères.

L’histoire du Timor oriental devrait servir de mise en garde. Washington avait initialement soutenu fermement l’occupation indonésienne, allant jusqu’à donner son feu vert à l’invasion de 1975. L’administration américaine, considérant l’Indonésie comme un pivot stratégique en Asie du Sud-Est, avait fourni un soutien militaire et diplomatique crucial à Jakarta.

Cependant, lorsque l’Indonésie a perdu son importance stratégique dans le contexte post-Guerre froide, les Etats-Unis ont opéré un revirement spectaculaire. Washington a alors exercé une pression décisive sur Jakarta pour accepter le référendum d’autodétermination de 1999, conduisant à l’indépendance du Timor oriental.

Cette volte-face historique illustre parfaitement la nature fluctuante des soutiens diplomatiques des grandes puissances, guidés non par des principes mais par des intérêts géostratégiques changeants. Les célébrations actuelles de victoires diplomatiques présumées démontrent une incompréhension profonde des dynamiques qui régissent les relations internationales.

La résolution du conflit du Sahara Occidental ne peut émaner que du respect strict du droit international et des résolutions onusiennes, indépendamment des positions changeantes des puissances internationales. L’histoire nous enseigne que les rapports de force évoluent, les alliances se transforment, mais seule la légitimité internationale garantit des solutions durables aux conflits territoriaux.

Les soutiens diplomatiques, aussi prestigieux soient-ils, restent soumis aux bouleversements géopolitiques qui peuvent rapidement transformer des «acquis» en simples footnotes historiques.

M. E.-M.

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