Assistons-nous à l’âge d’or de Sonatrach ?
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La société nationale des hydrocarbures algérienne, Sonatrach, a réalisé une performance exceptionnelle en 2024, se hissant au sommet du classement des 500 plus grandes entreprises africaines établi par le magazine Jeune Afrique. Cette consécration marque un tournant remarquable pour l’entreprise, qui a su surmonter une décennie tumultueuse marquée par des scandales de corruption.
Une ascension fulgurante
Sonatrach a enregistré des résultats impressionnants en 2024, avec un chiffre d’affaires colossal de 77,325 milliards de dollars et un bénéfice net de 11,847 milliards de dollars. Ces chiffres placent l’entreprise loin devant ses concurrents africains, représentant à elle seule plus de 10% du chiffre d’affaires cumulé des 500 plus grandes entreprises du continent.
Un redressement spectaculaire après une décennie difficile
Cette performance remarquable contraste fortement avec la situation de Sonatrach au début des années 2010. En janvier 2010, l’entreprise avait été secouée par un scandale majeur de corruption, aboutissant à l’arrestation de dix membres de sa direction, dont trois vice-présidents. Cette affaire avait jeté une ombre sur la gestion de l’entreprise et sur ses liens avec le gouvernement de l’époque.
Dans le cadre de cette affaire de corruption, plusieurs personnalités de haut rang ont été inculpées ou condamnées. Parmi les figures les plus notables, on trouve :
Chakib Khelil, ancien ministre de l’Énergie (1999-2010) et ancien P-dg de Sonatrach (2001-2003), placé sur la liste des personnes recherchées par Interpol en 2013. Farid Bedjaoui, entrepreneur algérien naturalisé libanais, accusé d’avoir fait office d’intermédiaire dans la distribution des pots-de-vins, et son oncle Mohamed Bedjaoui, ancien Ministre des Affaires étrangères. Mohamed Meziane, ancien P-dg de Sonatrach, condamné à une peine de prison en février 2016. Abdelmoumene Ould Kaddour, ancien P-dg de Sonatrach, limogé en 2019.
D’autres responsables ont également été impliqués, notamment trois vice-présidents de Sonatrach arrêtés en 2010, ainsi que plusieurs hauts fonctionnaires et cadres de l’entreprise.
Restructuration et assainissement
Face à ces défis, Sonatrach a entrepris une restructuration en profondeur. En novembre 2023, une opération de « déboulonnage » a été menée au sein du top management, avec le limogeage de huit vice-présidents par décret présidentiel. Cette mesure drastique visait à assainir la gestion de l’entreprise et à restaurer sa crédibilité.
Un succès qui dépasse les frontières
Le redressement de Sonatrach ne se limite pas à l’Algérie. L’entreprise s’est également distinguée dans le domaine de l’exploration pétrolière, se classant en tête dans la région arabe avec trois nouvelles découvertes au premier trimestre 2022. Cette performance témoigne de la capacité de Sonatrach à innover et à maintenir sa compétitivité sur la scène internationale.
Le gouvernement du président Abdelmadjid Tebboune fait face à un défi majeur : diversifier l’économie algérienne pour réduire sa dépendance aux hydrocarbures. Malgré les efforts déployés, l’Algérie reste fortement tributaire de ce secteur, qui représente 14 % du PIB, 86 % des exportations et 47 % des recettes budgétaires entre 2019 et 2023. Cette dépendance expose l’économie à la volatilité des prix du pétrole et du gaz, limitant sa résilience face aux chocs externes.
Pour relever ce défi, le gouvernement a mis en place une stratégie de diversification économique axée sur plusieurs secteurs clés. L’agriculture, l’industrie manufacturière, le tourisme et les énergies renouvelables font l’objet d’investissements massifs. Des incitations fiscales et des mesures de soutien ont été mises en place pour attirer les investisseurs étrangers dans ces secteurs stratégiques. Le virage numérique est également au cœur de cette stratégie, avec la création de pôles technologiques et le soutien aux start-ups locales.
Cependant, malgré ces efforts, la transformation de l’économie algérienne reste un processus de longue haleine. Les experts parlent même d’une « malédiction des hydrocarbures », où la forte dépendance à ce secteur entrave les tentatives de diversification. Le gouvernement Tebboune devra donc maintenir ses efforts sur le long terme, tout en gérant les défis sociaux et économiques immédiats, pour réussir à construire une économie plus résiliente et moins dépendante des hydrocarbures.
Perspectives d’avenir
Le succès de Sonatrach en 2024 ouvre de nouvelles perspectives pour l’économie algérienne. L’entreprise joue un rôle crucial dans le développement du pays, et sa réussite pourrait attirer de nouveaux investissements dans le secteur énergétique. Cependant, les défis restent nombreux, notamment en termes de diversification économique et de transition énergétique.
La remontée spectaculaire de Sonatrach démontre la résilience et le potentiel de l’industrie pétrolière algérienne. Elle souligne également l’importance d’une gestion transparente et efficace pour assurer la pérennité et la croissance des entreprises publiques.
R. E.
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