Zafira Ouartsi, fondatrice d’Artissimo : «L’Afrique, une terre d’opportunités culturelles»

À la croisée de l’expression artistique et de la dynamique entrepreneuriale, Zafira Ouartsi porte haut la vision d’une Algérie ouverte sur le monde. À la CANEX 2025 (Creative Africa Nexus), organisée en parallèle de l’IATF (Foire Commerciale Intra-Africaine), la fondatrice d’Artissimo célèbre un quart de siècle d’engagement et plaide pour des partenariats renforcés entre l’Algérie, […] The post Zafira Ouartsi, fondatrice d’Artissimo : «L’Afrique, une terre d’opportunités culturelles» appeared first on Le Jeune Indépendant.

Sep 9, 2025 - 17:18
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Zafira Ouartsi, fondatrice d’Artissimo : «L’Afrique, une terre d’opportunités culturelles»

À la croisée de l’expression artistique et de la dynamique entrepreneuriale, Zafira Ouartsi porte haut la vision d’une Algérie ouverte sur le monde. À la CANEX 2025 (Creative Africa Nexus), organisée en parallèle de l’IATF (Foire Commerciale Intra-Africaine), la fondatrice d’Artissimo célèbre un quart de siècle d’engagement et plaide pour des partenariats renforcés entre l’Algérie, l’Afrique et le monde arabe, convaincue que l’art peut être un véritable levier d’innovation, de développement et de rapprochement entre les peuples.

Le Jeune indépendant : Pouvez-vous nous présenter brièvement Artissimo et son parcours ?

Zafira Ouartsi : Artissimo est un hub créatif et culturel né en 2000. Cette année, nous fêtons fièrement nos 25 ans d’existence. Depuis le début, notre mission est de dynamiser l’écosystème créatif en Algérie. Nous offrons un espace ouvert aux artistes, un lieu où ils peuvent non seulement présenter leurs œuvres, mais aussi exprimer leurs besoins, notamment en matière d’entrepreneuriat.

Quelles sont les principales activités que vous développez au sein du hub ?

Nous travaillons sur plusieurs fronts. D’abord, à travers des programmes d’accompagnement dédiés à l’entrepreneuriat culturel. Ensuite, via des formations et des ateliers artistiques, principalement destinés aux adultes. Nous organisons également des rencontres littéraires, des projections de films et des spectacles de stand-up.

Par ailleurs, nous produisons des podcasts et collaborons avec des entreprises désireuses d’associer leur image et leurs valeurs à l’art. Dans ce cadre, nous intervenons aussi auprès des entreprises à travers des actions de formation, d’accompagnement et des initiatives à impact sociétal, en utilisant l’art et la culture comme médium. Nous sommes convaincus que l’art fait ressortir ce qu’il y a de plus humain chez les cadres, ce qui favorise des relations de travail plus positives et constructives.

Vous êtes alors également engagés sur des projets à dimension sociale…

Absolument. Nous coopérons d’ailleurs avec des organisations internationales sur des programmes à fort impact, qu’il s’agisse de l’égalité hommes-femmes, de la protection de l’environnement ou encore de l’inclusion des populations migrantes, etc. Pour nous, l’art n’est pas qu’une expression, c’est une véritable réponse, car il permet d’aborder ces enjeux de société grâce à l’engagement des artistes et des acteurs culturels.

Qu’attendez-vous de cette édition de la CANEX 2025 ?

Concrètement, je suis ravie d’être ici à la CANEX. Pour Artissimo, c’est une véritable plateforme d’échanges et d’opportunités. Ce que j’attends avant tout, c’est de nouer des contacts et d’identifier des espaces équivalents à Artissimo dans d’autres pays africains. L’idée est de voir comment nous pourrions développer des partenariats avec des hubs créatifs qui portent des programmes similaires aux nôtres. Notre objectif, à terme, serait d’étendre nos initiatives et nos activités à l’échelle du continent.

Pour cela, nous sommes en réflexion, dans une démarche d’observation et de dialogue. Nous échangeons avec les acteurs, les structures et les porteurs de projets dans l’optique d’imaginer des pistes de collaboration.

À cette occasion, j’ai également eu l’honneur de siéger au jury d’un concours d’entrepreneurs, organisé en partenariat avec Afreximbank, dont le gagnant s’est vu octroyer un montant de 10 000 $ par cette institution. Une vingtaine de porteurs de projets y ont pris part. L’exercice m’a occupée une bonne moitié de la journée (rire). Cela dit, c’est une expérience particulièrement stimulante et enrichissante !

Quels sont les projets phares que vous portez actuellement et que vous aimeriez partager à l’occasion de la CANEX ?

À ce propos, nous travaillons actuellement au lancement d’un forum intitulé IFAAL ( International Forum for Arab Art Leaders ), consacré au développement des industries créatives dans le monde arabe, avec un focus particulier sur l’Afrique.

Pourquoi ce choix du monde arabe et de l’Afrique comme axes principaux ?

Parce que nous savons que le monde arabe abrite une jeunesse extrêmement créative, qui a besoin de se développer économiquement et d’avoir des espaces d’échanges. La langue, mais aussi nos références culturelles communes, facilitent naturellement ces rapprochements. Avec ce forum, notre but, c’est d’attirer des acteurs culturels, des institutionnels, des entrepreneurs ainsi que des chercheurs travaillant sur les enjeux de développement des industries culturelles. Dans ce sens, la CANEX nous aide à identifier les acteurs que nous aimerions inviter à ce forum. En outre, nous souhaitons que l’Algérie joue un rôle de leader, d’autant plus qu’elle a déjà accueilli à deux reprises la CANEX. Notre ambition est que ce forum soit soutenu par les autorités, afin qu’il devienne une plateforme incontournable où les pays arabes et africains – notamment ceux qui partagent la même langue – puissent collaborer dans un format renouvelé.

Quelles impressions retenez-vous de l’ensemble des manifestations proposées lors de cet événement ?

J’ai beaucoup apprécié l’exposition d’arts visuels organisée dans le cadre de la CANEX, qui a mis en lumière des artistes plasticiens algériens et africains. Je trouve qu’il est essentiel de consacrer un espace à l’art visuel, d’autant plus que l’événement intègre également la mode, la musique, le cinéma… Évidemment, on ressent parfois une petite frustration, car il est impossible d’assister à tout et de tout voir. Mais cela reste, à mon sens, une formidable vitrine pour les artistes algériens.

Vous évoquez aussi une ouverture sur l’Afrique…

Assurément. Cet espace nous permet de découvrir la richesse et le dynamisme de la scène artistique africaine. Nous avons pu rencontrer des podcasteurs, des influenceurs et des artistes de renom. C’est une excellente manière de communiquer, d’échanger et, pour le public algérien, de s’ouvrir à d’autres horizons que ceux auxquels il est habitué. Je pense que cette initiative est vraiment à encourager.

 Quels sont, selon vous, les principaux défis à retenir de cette édition ?

Bien sûr, il y a forcément des défis, mais je crois qu’il y a surtout beaucoup plus d’opportunités. Il faut toujours voir le verre à moitié plein. Aujourd’hui, l’Afrique est chez nous et c’est à nous de saisir cette occasion pour créer des partenariats et multiplier les échanges.

Il existe des obstacles, notamment linguistiques, qui nécessitent davantage de dialogue et de compréhension mutuelle. Il y a aussi des freins liés aux paiements en ligne, aux transferts d’argent, qui compliquent parfois les échanges et les collaborations.

Mais, au fond, les véritables défis concernent surtout nos opérateurs économiques et nos banques : Quand et comment mettront-ils en place des dispositifs pour encourager l’investissement dans le secteur des industries créatives ? Et quels mécanismes pourraient soutenir les acteurs culturels qui souhaitent développer leur business.

En règle générale, plus nos entreprises algériennes seront fortes, plus elles pourront se positionner favorablement pour développer des partenariats fructueux, avec les entreprises africaines internationales. Ce sont là précisément les enjeux qu’il faudra mettre sur la table à la suite de la CANEX. Je fais surtout référence à la CANEX, puisque c’est mon secteur, mais la réflexion concerne également l’IATF dans sa dimension plus globale.

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