Ali Chekian, président de l’Académie nationale de la sécurité routière au JI : «Nécessité d’une révision du cadre juridique de la sécurité routière»
Le drame du bus tombé dans l’oued El-Harrach, faisant plusieurs victimes, a mis en lumière, une nouvelle fois, la dangerosité des routes algériennes et la nécessité de leur rénovation urgente. Face à cette situation préoccupante, l’Académie nationale de la sécurité routière tire la sonnette d’alarme. Son président, Ali Chekian, plaide pour une révision profonde du cadre juridique de […] The post Ali Chekian, président de l’Académie nationale de la sécurité routière au JI : «Nécessité d’une révision du cadre juridique de la sécurité routière» appeared first on Le Jeune Indépendant.

Le drame du bus tombé dans l’oued El-Harrach, faisant plusieurs victimes, a mis en lumière, une nouvelle fois, la dangerosité des routes algériennes et la nécessité de leur rénovation urgente. Face à cette situation préoccupante, l’Académie nationale de la sécurité routière tire la sonnette d’alarme.
Son président, Ali Chekian, plaide pour une révision profonde du cadre juridique de la sécurité routière, afin qu’il corresponde davantage aux réalités du terrain. Il insiste sur la nécessité de renforcer la coopération avec les ministères des Transports et des Travaux publics, tout en appelant à la création d’une plate-forme numérique pour recenser les « points noirs » afin de les identifier et de les éliminer. Dans cet entretien, il revient sur l’urgence de ces réformes et détaille les mesures qu’il juge prioritaires pour endiguer le fléau des accidents de la circulation.
Le Jeune Indépendant : Nous venons de vivre un drame terrible avec l’accident du bus tombé dans l’oued El-Harrach. Quelles sont, selon vous, les causes les plus probables d’un tel accident ? Le facteur humain (excès de vitesse, manque de vigilance) est-il principalement en cause dans ce type de drame ?
Ali Chekian : Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Chaque année, les accidents de la route font en Algérie plus de 3 700 morts et 3 500 nouveaux handicapés, et coûtent à l’Etat plus de 140 milliards de dinars. Un bilan lourd qui nous oblige à intensifier nos efforts de prévention.
Les causes sont d’abord humaines. La plupart des drames sont liés à des comportements à risque : dépassements imprudents, manœuvres dangereuses dans les virages et les descentes, vitesse excessive ou encore manque de sommeil dû à la fatigue. La route exige du calme et de la maîtrise de soi, pas de la nervosité ni de la précipitation.
Les statistiques montrent aussi que la tranche d’âge la plus touchée se situe entre 19 et 39 ans. C’est dire que la jeunesse est en première ligne. Il est donc urgent de renforcer la sensibilisation et d’élever le niveau de vigilance des conducteurs, notamment dans les périodes de changement de rythme de vie.
Le permis à points est-il, selon vous, aujourd’hui une nécessité ?
Absolument. Le ministère de l’Intérieur est engagé dans un vaste chantier de modernisation et de numérisation. L’instauration du permis à points, avec un registre centralisé des infractions, permettra de cibler efficacement les conducteurs récidivistes et dangereux. Le président de la République a d’ailleurs rappelé l’urgence de classer les contrevenants et de sanctionner avec la plus grande fermeté les auteurs d’infractions graves.
Quelles sont concrètement vos principales propositions ?
Nos recommandations ciblent d’abord le facteur humain, qui demeure la première cause des accidents de la route. Nous appelons à un renforcement radical du système de formation, en revoyant les programmes pédagogiques et en instaurant un contrôle strict pour mettre fin aux passe-droits et garantir la transparence totale des examens.
Nous plaidons aussi pour une révision en profondeur du cadre juridique, afin qu’il reflète les réalités du terrain, et pour une coopération renforcée avec les ministères des Transports et des Travaux publics. Dans ce sens, nous proposons la création d’une plate-forme numérique nationale pour recenser et supprimer les points noirs de nos routes.
Par ailleurs, nous suggérons la mise en place d’un office national des concours de conduite, avec des examens totalement dématérialisés, organisés via des plates-formes électroniques et appuyés par les infrastructures des centres de formation professionnelle.
Enfin, nous devons passer des campagnes de sensibilisation classiques à une nouvelle stratégie intelligente, fondée sur l’utilisation des technologies modernes, des réseaux sociaux et des influenceurs numériques pour diffuser le message de sécurité routière de façon plus large et plus efficace. Aujourd’hui, les jeunes sont davantage sensibles aux contenus digitaux, aux récits visuels, aux vidéos courtes et percutantes. C’est pourquoi il est essentiel d’adapter notre discours à ces supports pour toucher directement cette tranche de la population.
La saison estivale, marquée par une recrudescence inquiétante des accidents de la route, appelle-t-elle à renforcer davantage les campagnes de sensibilisation et les dispositifs de contrôle ?
Absolument. La recrudescence des accidents en période estivale impose un renforcement urgent des campagnes de sensibilisation. Mais cette lutte ne peut être portée uniquement par les services de sécurité routière ; elle doit devenir une démarche nationale et collective.
Le secteur du tourisme, par exemple, doit être pleinement impliqué dans la stratégie nationale de sécurité routière, en diffusant des messages de prévention à travers ses structures d’accueil, ses agences et ses circuits. Des films courts, des vidéos éducatives et des capsules de sensibilisation peuvent toucher directement les familles et les jeunes voyageurs.
Cette mobilisation doit se préparer en amont, avant chaque saison estivale, afin d’anticiper les risques. De plus, il est indispensable d’associer d’autres secteurs comme la justice, en révisant le code pénal pour durcir les sanctions contre les infractions graves, mais aussi la culture et l’éducation pour inscrire la prévention routière dans une dynamique citoyenne et durable.
Nous plaidons également pour l’implication de la presse et de l’élite médiatique dans la diffusion de la culture routière. L’information est aujourd’hui un partenaire stratégique incontournable. C’est pourquoi nous avons saisi le ministre de la Communication la semaine dernière pour instaurer une journée nationale de l’information routière, dédiée à la sensibilisation. Des campagnes massives, menées par les chaînes de télévision, la radio et les institutions médiatiques, doivent relever le défi et contribuer à réduire significativement le nombre d’accidents.
La sécurité routière n’est pas l’affaire d’un seul ministère, c’est un combat qui doit impliquer l’ensemble des institutions et de la société.
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