Exclusion
Plutôt que de tenter de comprendre les raisons de l’ascension fulgurante de l’AfD (Alternative pour l’Allemagne), le parti anti immigration, les responsables politiques allemands préfèrent lancer l’anathème sur le mouvement et ses représentants, pensant certainement qu’en les stigmatisant leurs électeurs finiront par « retrouver la raison ». La dernière idée des sociaux-démocrates, qui semblent bien décidé à […]

Plutôt que de tenter de comprendre les raisons de l’ascension fulgurante de l’AfD (Alternative pour l’Allemagne), le parti anti immigration, les responsables politiques allemands préfèrent lancer l’anathème sur le mouvement et ses représentants, pensant certainement qu’en les stigmatisant leurs électeurs finiront par « retrouver la raison ». La dernière idée des sociaux-démocrates, qui semblent bien décidé à combattre l’AfD n’ont pas sur le terrain des idées mais en les ostracisant autant que faire se peut, est d’exclure tout membre du parti nationaliste de la fonction publique. En effet, dans le Land de Rhénanie-Palatinat, à l’ouest de l’Allemagne, les membres du parti Alternative für Deutschland (Alternative pour l’Allemagne), officiellement classé d’extrême droite, ne sont plus autorisés à travailler dans la fonction publique. Cela fait suite à une décision du ministère de l’Intérieur de l’État fédéré frontalier de la France, rendue publique jeudi 10 juillet, renforçant les obligations constitutionnelles des agents afin de « lutter systématiquement contre les ennemis de la Constitution dans la fonction publique », indique l’institution dans un communiqué. Désormais, les candidats devront obligatoirement compléter une déclaration écrite de loyauté à la Constitution lors du processus de recrutement, dans laquelle ils devront assurer qu’ils n’appartiennent à aucune « organisation extrémiste » et qu’ils n’en ont jamais été membre au cours des cinq dernières années. Toute personne refusant d’écrire cette déclaration et ne pouvant « dissiper les doutes quant à sa loyauté à la Constitution ne sera pas embauchée dans la fonction publique », précise le communiqué. Or, la liste des groupes considérés comme extrémistes inclut l’AfD, a annoncé jeudi à Mayence le ministre de l’Intérieur Michael Ebling (SPD), cité par le quotidien libéral conservateur Die Welt. « La loyauté à la Constitution n’est ni un vœu pieux, ni une recommandation ; c’est le devoir inaliénable de tout fonctionnaire de notre pays », a ainsi souligné le responsable social-démocrate. « Quiconque soutient des initiatives extrémistes, participe à des groupes anticonstitutionnels ou manifeste un rejet profond des valeurs fondamentales de notre Constitution n’a pas sa place dans la fonction publique. L’appartenance à un parti ou à une organisation classée comme extrémiste peut même constituer une faute disciplinaire. Les infractions manifestes peuvent entraîner la révocation », a précisé de façon draconienne son ministère. Mais cet acharnement commence déjà à montrer, tout comme la diabolisation du Front National en France, que c’est bien le résultat inverse qui est à chaque fois obtenu et que l’AfD comme jadis le Front National, devenu depuis le Rassemblement National, plutôt que de baisser dans les sondages n’a fait qu’accroître la base de ses électeurs, allant jusqu’à propulser pourtant le très sulfureux Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle française en 2002. Reste à voir si la stratégie des partis traditionnels allemands aura le même effet qu’elle a eu dans le pays voisin ou s’ils réussiront, en humiliants leurs adversaires et leurs électeurs à obtenir les résultats qu’ils espèrent.