Harga -18 ans !
La vidéo a fait le tour du monde. Sept adolescents algériens, l’air plutôt distrait voire euphorique, laissent éclater leur joie en haute mer d’avoir réussi leur “harga” de manière, faut-il le reconnaître, spectaculaire. C’est une image qui hantera pour longtemps nos mémoires. C’est la première fois que des ados se jettent à l’eau pour aller, […] The post Harga -18 ans ! first appeared on L'Est Républicain.

La vidéo a fait le tour du monde. Sept adolescents algériens, l’air plutôt distrait voire euphorique, laissent éclater leur joie en haute mer d’avoir réussi leur “harga” de manière, faut-il le reconnaître, spectaculaire. C’est une image qui hantera pour longtemps nos mémoires. C’est la première fois que des ados se jettent à l’eau pour aller, croient-ils vers des cieux plus cléments. Si on peut à la rigueur comprendre que des jeunes hommes (ou de jeunes femmes) socialement déclassés puissent recourir à cette “solution” à haut risque dans l’espoir d’échouer sains et saufs de l’autre côté de la méditerranée, il est en revanche difficile d’imaginer que des enfants de 16 à 17 ans pensent à larguer les amarres alors même qu’ils n’ont pas quitté encore le collège. D’où la question qui coule de source : qu’est-ce qui a bien pu se passer dans les têtes de ces potaches pour tenter ce qui paraît, compte tenu de leurs âges, une mission impossible ? Une question sur laquelle les sociologues et les psychologues doivent se pencher tant elle dépasse largement le seuil de notre entendement collectif. Cela fait près de vingt ans que le phénomène des haraga est apparu chez nous quand des jeunes diplômés voire de simples ouvriers qualifiés ont décidé de tenter l’aventure vers l’Europe que la vox Populi présentait comme un Eldorado prometteur. Il faut convenir que ce discours a fait mouche au sein de notre jeunesse rongée par l’absence de perspectives sociales et professionnelles. Beaucoup ont pu “faire une situation” en France, en Espagne, en Italie et dans d’autres pays européens où ils ont pu trouver une terre d’accueil, d’adoption et d’adaptation. Et c’est tant mieux pour eux sommes-nous tentés de leur dire. Ce discours magnifié en success story a dû faire mouche chez les sept adolescents qui rêvent eux aussi d’un ailleurs meilleur. Pour autant, on ne peut échapper à la lancinante question de savoir ce qui explique le passage à l’acte des adolescents qui ne sont théoriquement pas encore exposés aux insoutenables soucis de la vie. A l’arrivée, par quelque bout qu’on prenne cette affaire, on ne peut passer outre ce cinglant constat : nous sommes tous responsables de ce naufrage moral de notre jeunesse. Il serait facile de jeter la pierre aux seules autorités politiques. La réalité est qu’il s’agit bien d’une faillite intégrale. De la cellule familiale, au gouvernement en passant par l’école, la mosquée et les autres structures de socialisation. Les sourires radieux et innocents des sept enfants d’Alger bien arrivés à Ibiza ne doivent pas cacher notre honte d’avoir failli à les rassurer et convaincre que leur pays leur ouvrait les bras. Le reste, tout le reste n’est que spéculation et discours de mauvais goût. Les sept adolescents sont partis et ils nous ont laissé une équation à plusieurs inconnues à résoudre. Passons donc urgemment aux choses sérieuses avant que la “harga -18” ne devienne massive et généralisée. Qu’à Dieu ne plaise.
Par Imane B.
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