Indice de la perception de la corruption dans le monde 2024 : l’Afrique du Nord toujours à la traine
Dans le dernier indice 2024 de Transparency International qui analyse la situation dans 180 pays, «la corruption liée à l’autoritarisme» plombe les scores des pays de la région Afrique du Nord/Moyen Orient, alors même que les pays du Golfe, Emirats arabes unis en tête, se classent mieux, grâce à la digitalisation massives de leurs […]
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Dans le dernier indice 2024 de Transparency International qui analyse la situation dans 180 pays, «la corruption liée à l’autoritarisme» plombe les scores des pays de la région Afrique du Nord/Moyen Orient, alors même que les pays du Golfe, Emirats arabes unis en tête, se classent mieux, grâce à la digitalisation massives de leurs services publics.
La perception de la corruption au niveau des pays d’Afrique du Nord demeure élevée, selon le dernier classement de Transparency International publié le 11 février 2025, qui évalue la situation de 180 pays à partir «de 13 sources de données distinctes issues de 12 institutions différentes, qui reflètent les perceptions de la corruption au cours des deux dernières années.»
Les 180 pays sont classés dans 10 catégories selon leurs scores. La première catégorie, très intègre – 90 à 100 points- où ne figure que le «champion» de la transparence qu’est le Danemark avec 90 points. La deuxième catégorie -80-89- englobe la Finlande (88 points), Singapour (84), la Nouvelle Zélande (83), le Luxembourg, la Norvège et la Suisse (81), ainsi que la Suède (80).
L’Algérie (107e place, 34 points, -2 par rapport à 2023), le Maroc (99e, 37 points, -1), la Tunisie (92e, 39 points, -1), l’Egypte (130e, 30 points, -5) et la Mauritanie (130e, 30 points, stable) figurent tous dans la 7e catégorie -30 à 39 points- alors que la Libye, avec13 points, se classe à la 173e place (-5 par rapport à 2023) et figure ainsi dans la 9e et avant dernière catégorie (fortement corrompu) -10 à 19 points-.
Transparency International dévoile en outre des résultats détaillés des sondages qu’elle a effectué dans les deux pays où elle dispose de bureaux autorisés : le Maroc (réouvert en 2023) et la Tunisie. Ainsi au Maroc «53% de personnes interrogés pensent que la corruption a augmenté au cours des 12 derniers mois au Maroc et que 31% d’utilisateurs de services publics ayant reçu un pot-de-vin au cours des 12 derniers mois.» En Tunisie, c’est 67% de personnes qui pensent que la corruption a augmenté au cours des 12 derniers mois et que 18% d’utilisateurs de services publics ayant reçu un pot-de-vin au cours des 12 derniers mois.»
A l’échelle régionale, Afrique du Nord/Moyen Orient, Transparency International (TI) classe, selon les scores des 18 pays analysés dans six catégories :
4e catégorie -60 à 69 points- : Emirats arabes unis, 23e rang mondial, 68 points, Israël (30e, 64 points),
5e catégorie – 50 à 59 points- : Qatar, et Arabie saoudite avec 59 points, à la 38e place, Oman avec 55 points (50e place) et Bahreïn avec 53 points (53e),
6e catégorie -40 à 49 points- : Jordanie avec 49 points (59e) et le Koweït avec 46 points (65e).
7e catégorie -30 à 39 points- : Tunisie (39 points, 92e rang), Maroc (37 points, 99e), Algérie (34 points, 107e), Egypte et Mauritanie (30 points, 130e),
8e catégorie -20 à 29 points- : Irak (26 points, 140e), Iran (23 points,151e), Liban (22 points, 154e),
9e catégorie -10 à 19 points- : Libye, Yémen et Syrie (13 points, 177e rang sur 180).
Commentant les scores des 18 pays de la région, Transparency indique que «la situation en matière de lutte contre la corruption dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord reste peu encourageante. Au cours des 12 dernières années, le score moyen de l’Indice régional de perception de la corruption (IPC) n’a augmenté que d’un point, pour atteindre 39 sur 100, soit l’une des moyennes régionales les plus basses au monde.» En citant l’Egypte, TI note que «ces gouvernements autoritaires bien établis ont une mainmise sur leurs propres systèmes socio-économiques. Ils entourent les pratiques de corruption de secret, ce qui ouvre la voie à la corruption dans toute la vie publique, de l’accès aux biens et services de base au manque de transparence dans les marchés publics.»
Tentant d’apporter une explication au score élevé des pays du Golfe alors que la démocratie n’est pas installée, TI l’impute aux «efforts déployés par les pays du Conseil de coopération du Golfe pour investir dans des solutions technologiques dans l’administration publique ou dans la gouvernance électronique.» Cette évolution, note TI «améliore la transparence et peut contribuer à réduire la corruption en supprimant les intermédiaires et les facilitateurs. Par exemple, les marchés publics électroniques réduisent les risques de pratiques corrompues telles que la corruption dans la budgétisation et l’utilisation des fonds publics. Cette tendance offre aux citoyens la possibilité d’accéder à davantage de données grâce à la numérisation, ce qui leur permet d’identifier plus facilement la corruption.»
TI conclue que «les progrès les plus notables dans le domaine de la numérisation des services peuvent être observés aux Émirats arabes unis et en Arabie saoudite, qui ont augmenté de 10 points depuis 2019.»
Par Larbi Ghazala