Israël pourra-t-il recommencer la guerre?
Israël aurait pu -il pourrait toujours d’ailleurs- obtenir la libération de ses captifs à Ghaza au moyen d’un accord avec le Hamas, puis une fois le dernier d’entre eux rentré chez lui, dénoncer l’accord et reprendre les hostilités sans crainte après cela d’être la cause de leur mort, et sans la protestation continuelle de […]

Israël aurait pu -il pourrait toujours d’ailleurs- obtenir la libération de ses captifs à Ghaza au moyen d’un accord avec le Hamas, puis une fois le dernier d’entre eux rentré chez lui, dénoncer l’accord et reprendre les hostilités sans crainte après cela d’être la cause de leur mort, et sans la protestation continuelle de leurs familles. Serait-ce parce qu’il a une morale et que celle-ci lui interdit de violer la parole donnée ? La réponse à cette question est non. Il lui est déjà arrivé en effet de conclure un accord de cessez-le-feu puis de le violer sans état d’âme, la dernière fois où il a procédé de la sorte remonte à la mi-mars de cette année, lorsqu’au lieu de passer à la deuxième phase de l’accord, il avait rompu la trêve alors en vigueur. Benjamin Netanyahou a tenté il y a quelques jours d’expliquer à son opinion pourquoi il fallait reprendre la guerre et alors ne plus l’arrêter sous aucun prétexte. Croire, a-t-il dit, qu’on peut arrêter la guerre, sortir d’un accord puis reprendre unilatéralement les opérations, pourrait vous coûter la perte de tout crédit aux yeux de la communauté internationale.
Cet homme fait l’objet d’un mandat d’arrêt international pour répondre d’une accusation de crime contre l’humanité, mais quand il s’agit pour lui de faire face à ceux des Israéliens qui lui demandent de sauver les otages encore vivants par la voie pacifique, il leur répond comme quelqu’un qui tient par-dessus tout à sa réputation d’homme de parole. La réalité, c’est que le trio infernal Netanyahou-Smotrich-Ben-Gvir, et ce qu’il représente, non seulement ne veut pas d’un accord mais espère bien que ce qu’il reste d’otages périssent bientôt. Il ne fait pas que l’espérer du reste, son intention étant bien d’en faire une réalité. La réoccupation de Ghaza, en quoi se ramène son nouveau plan de guerre, ne commencera toutefois pas avant que Donad Trump, dont une visite dans la région est prévue pour la semaine prochaine, ne soit de retour aux Etats-Unis. Le président américain est attendu en Arabie saoudite, au Qatar et aux Emirats, mais pas en Israël, où il n’a que faire, n’étant pas à la recherche de la paix mais d’un riche tribut. Le bilan de cette visite se mesurera au nombre de milliards concédés par chacun des pays visités pour prix de leur sécurité, assumée elle par l’armée américaine. Le nouveau plan d’Israël n’est pas seulement de réoccuper tout Ghaza, mais d’y rester pour un temps indéterminé, de la garder en d’autres termes, ou bien pour soi, ou bien pour la donner ensuite aux Etats-Unis, ou plus exactement à Trump, ou bien pour la protéger avec ce dernier. Encore faut-il avoir éliminé complètement la résistance palestinienne au prélable. D’une certaine façon la guerre recommence depuis le début, cependant sous une forme renouvelée. On dirait qu’Israël s’est convaincu que s’il n’a pas encore emporté la décision, c’est juste parce qu’il a commis l’erreur d’entrer et de sortir des parties de Ghaza où il a eu opérer, c’est-à-dire dans tout Ghaza. S’il était resté partout où il s’était trouvé, Ghaza serait entièrement sous son contrôle aujourd’hui. Peut-être pas encore, il est vrai, entièrement vidée de sa population, mais possiblement en train de l’être. C’est du moins à cette conclusion qu’il a abouti.