Les parlementaires pour la révision de l’accord d’association avec l’UE: «Sortir enfin d’un accord à sens unique»
Près de vingt ans après son entrée en vigueur, l’accord d’association entre l’Algérie et l’Union européenne fait l’objet de vives critiques nécessitant une révision dans les brefs délais. C’est ce qui ressort de la journée parlementaire organisée hier par l’Assemblée populaire nationale consacrée à l’accord d’association entre l’Algérie et l’Union européenne, en vigueur depuis le […]

Près de vingt ans après son entrée en vigueur, l’accord d’association entre l’Algérie et l’Union européenne fait l’objet de vives critiques nécessitant une révision dans les brefs délais. C’est ce qui ressort de la journée parlementaire organisée hier par l’Assemblée populaire nationale consacrée à l’accord d’association entre l’Algérie et l’Union européenne, en vigueur depuis le 1 er septembre 2005.
Par Fatima Arab
Cette séance organisée à l’initiative du groupe parlementaire du front de libération nationale a été l’occasion pour les parlementaires et représentants d’institutions gouvernementales de faire le point sur cette alliance. Jugeant cet accord « déséquilibré » et « n’ayant pas atteint les objectifs fixés », le président du groupe parlementaire précité a appelé à « faire le bilan » de cet accord et procéder à sa révision. Le parlementaire estime que cet accord a bafoué le principe gagnant -gagnant prôné par les deux parties et a fait de l’Algérie un marché de consommation des produits importés « sans qu’il ya ait une application effective des points relatifs au transfert de la technologie et d’aide aux Pme ainsi que la création d’emploi et la circulation des personnes» a-t-il souligné. L’Algérie entend défendre ses intérêts stratégiques, protéger son tissu industriel et réorienter ses relations commerciales vers un partenariat plus équitable, a-t-il en outre précisé.
L’intervention de Youcef Hamidi, professeur universitaire renforce le constat d’un accord « peu équitable ». L’intervenant explique que l’Algérie n’a tiré profit que de 10% des avantages qu’offre , en principe cet accord. Ce dernier a permis à l’Union Européenne de disposer d’un marché libre notamment avec le démantèlement tarifaire total et de ressources naturelles à moindre couts, mais n’a pas été aussi avantageux pour la partie sud de la rive méditerranéenne . L’accord a principalement bénéficié à l’UE, avec des importations de l’Union européennes vers l’Algérie dépassant 220 milliards de dollars entre 2005 et 2022, tandis que les exportations algériennes hors hydrocarbures vers l’UE n’ont pas dépassé 14 milliards de dollars sur la même période, selon les différents intervenants à cette conférence, à l’instar de Mourad Ammi, représentant du ministère des finances. L’on pointe du doigt des pratiques bureaucratiques et un manque de volonté de lever certains blocages au niveau européen, rendant difficile l’exportation de produits hors hydrocarbures vers la zone Euro. Les produits agricoles destinés à l’exportation vers cette zone font objet de restriction à travers des normes exagérées. Ce constat est également renforcé par le déséquilibre dans les échanges industriels, expliquent les conférenciers. «Si l’union Européenne s’est assurée une sécurité énergétique stable, l’Algérie, elle, n’a pas bénéficié du transfert technologique attendu, ce qui est visible notamment dans le secteur de l’automobile et de l’agroalimentaire», selon M.Ammi. La révision de cet accord constitue, selon les conférenciers, une aubaine d’une meilleure négociation des clauses. A la signature de cet accord, l’Algérie était en quête notamment de sortir de son isolement après la décennie noire et les difficultés économiques. Aujourd’hui, l’Algérie est en meilleure position de négociation pour défendre ses intérêts et s’assurer un partenariat gagnant-gagnant.
F. A.