Pied diabétique et amputations à Constantine : Un réseau de soins spécialisé mis en place

Face à l’augmentation alarmante des cas de pied diabétique, l’ensemble des établissements hospitaliers et les polycliniques de la wilaya ont été mobilisés pour renforcer le dépistage précoce et la prévention de cette complication. Le Dr Yassine Guitouni, chef du service de médecine interne au Centre Hospitalier Universitaire (CHU) Benbadis, alerte sur la saturation des services : « Les patients ne trouvent plus de places dans les hôpitaux ces derniers mois ». La direction de la Santé, en coordination avec le CHU Benbadis et l’ensemble des hôpitaux de la wilaya, a mis en place un réseau de soins spécialisé incluant des médecins et infirmiers formés spécifiquement à la prise en charge du pied diabétique. Cette stratégie a permis de réduire significativement le nombre d’amputations. « Dans chaque clinique ou salle de soins, nous avons placé un médecin et un infirmier formés au pied diabétique », précise le Dr Guitouni. Ces professionnels assurent la prévention et ce qu’on appelle l’éducation thérapeutique des patients. Le spécialiste prodigue des conseils essentiels aux diabétiques : surveiller quotidiennement ses pieds, éviter de marcher pieds nus, particulièrement sur le sable chaud, choisir des chaussures légèrement plus grandes pour éviter les blessures, ne pas porter de nouvelles chaussures en permanence, éviter sandales et tongs même en été, et maintenir ses pieds couverts. À titre d’information, le pied diabétique constitue une complication sévère du diabète, résultant principalement de deux mécanismes pathologiques : la neuropathie diabétique qui entraîne une perte de sensibilité et l’artériopathie périphérique qui réduit l’oxygénation des tissus. Cette double atteinte expose les patients à un risque élevé de lésions cutanées, d’infections et dans les cas les plus graves, de gangrène pouvant nécessiter une amputation. Les manifestations cliniques du pied diabétique incluent une sécheresse cutanée marquée, des fissures, des callosités anormales et des déformations architecturales du pied comme les orteils en griffe ou l’affaissement de la voûte plantaire. La présence de plaies chroniques, particulièrement au niveau des points d’appui, constitue un signe d’alerte majeur. La prise en charge préventive repose sur des mesures d’hygiène rigoureuses comprenant un lavage quotidien des pieds à l’eau tiède avec un savon doux, suivi d’un séchage minutieux, notamment dans les espaces interdigitaux. Une hydratation cutanée régulière est recommandée, tout en évitant la macération entre les orteils. Le choix des chaussures est crucial : elles doivent être suffisamment larges, sans coutures internes irritantes et idéalement en matériau respirant. Sur le plan thérapeutique, la prise en charge nécessite une approche multidisciplinaire coordonnée associant diabétologues, podologues, chirurgiens vasculaires et infectiologues. Les soins spécialisés comprennent des débridements réguliers des plaies, des pansements adaptés et parfois des revascularisations artérielles. En Algérie, où le diabète représente une cause majeure d’amputations non traumatiques, le développement de réseaux de soins spécialisés et de programmes d’éducation thérapeutique apparaît comme une priorité de santé publique pour réduire la morbidité associée à cette complication.

R. S.

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