Pour la première fois il est question du désarmement du Hamas

Par Mohamed Habili Pour l’ONU, la situation humanitaire à Ghaza est aujourd’hui pire que ce qu’elle a pu être au cours des dix-huit mois de guerre. Et pour cause, l’aide humanitaire n’y est pas entrée depuis un mois et demi. L’armée israélienne continue de tuer des civils pour faire pression sur la résistance palestinienne, qui […]

Avr 16, 2025 - 00:19
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Pour la première fois il est question du désarmement du Hamas

Par Mohamed Habili

Pour l’ONU, la situation humanitaire à Ghaza est aujourd’hui pire que ce qu’elle a pu être au cours des dix-huit mois de guerre. Et pour cause, l’aide humanitaire n’y est pas entrée depuis un mois et demi. L’armée israélienne continue de tuer des civils pour faire pression sur la résistance palestinienne, qui ces derniers jours a renoué avec les combats, ainsi qu’avec les tirs de missiles, après une inaction de plusieurs semaines. A première vue, donc, la guerre n’a pas changé de visage. Pourtant elle n’est plus ce qu’elle était avant dernière la trêve, qui était intervenu du 19 mars au 17 mars, et qu’Israël avait pris la responsabilité de rompre. L’administration Trump est passée par là, qui s’est mise à parler non plus seulement d’arrêter la guerre, après bien sûr en avoir fini avec le Hamas, objectif qui était aussi celui de l’administration précédente, mais de vider Ghaza de sa population pour en faire la Riviera du Moyen-Orient. Depuis lors, Israël s’est convaincu que la guerre était gagnée, qu’il n’avait plus besoin de passer par des accords avec le Hamas pour faire libérer ses captifs, qu’il lui fallait désormais exiger rien moins que la reddition et du Hamas et des autres groupes palestiniens.
Il faut dire que la guerre ayant changé dans certains de ses aspects, en particulier l’armée israélienne ayant cessé de se lancer dans des opérations terrestres dans la profondeur de Ghaza, la résistance, qui compte tenu de ses moyens limités, ne pouvait de toute façon lui porter des coups que dans le contact direct, s’est retrouvée pour ainsi dire dépourvue de cibles. Avec l’extension de la zone de séparation, qu’il est dans les plans d’Israël de porter à 25% de la superficie de Ghaza, le contact s’est au moins en partie rétabli entre les deux camps, notamment dans le sud, où l’armée israélienne a renforcé sa présence tout en créant un nouvel axe, dans la continuité territoriale de celui de Philadelphie. Rafah s’en trouve retranché du reste de la bande de Ghaza, en même temps que vidée de sa population. C’est dans ces conditions qu’intervient la nouvelle proposition israélienne d’échange de prisonniers assorti de trêve, que les Egyptiens se sont chargés de porter à la connaissance du Hamas. Pour la première fois, a fait savoir un dirigeant du Hamas, sous le sceau de l’anonymat toutefois, des intermédiaires arabes, en l’occurrence égyptiens, ont conditionné sans ambages tout nouvel accord à quelque chose qui jusque-là était absent des négociations : le désarmement de la résistance. On ignore toutefois en quels termes cela a-t-il été formulé. Les intermédiaires égyptiens ont-ils présenté le désarmement des factions palestiniennes comme la condition sine qua non à tout nouvel accord, bien que par définition temporaire, ou bien comme quelque chose qui tôt ou tard se trouvera au centre des négociations. On devine cependant pourquoi est-ce aux Egyptiens qu’il est revenu d’aborder cet épineux sujet avec le Hamas, plutôt qu’a leurs homologues qataris. Depuis que Donald Trump voit dans la déportation des Ghazaouis la solution idéale au conflit du Moyen-Orient, l’Egypte n’a qu’une seule crainte, celle de devenir à son corps défendant leur pays d’accueil principal, et peut-être même unique, compte tenu du peu de choix qui sera laissé à ceux qui doivent fuir pour échapper à une mort certaine. Le refus catégorique du Hamas de son désarmement n’a pas dû lui déplaire beaucoup, en tout cas pas autant que certains semblent le croire.