Presse française : une maison close de l’opinion qui a ses habitués et ses codes
Par Anouar Macta – La presse française aime à donner des leçons. Chaque jour, ses éditorialistes se présentent comme les... L’article Presse française : une maison close de l’opinion qui a ses habitués et ses codes est apparu en premier sur Algérie Patriotique.

Par Anouar Macta – La presse française aime à donner des leçons. Chaque jour, ses éditorialistes se présentent comme les gardiens de la liberté, les vigies de la démocratie, les dénonciateurs infatigables des dictatures. Mais derrière ce masque vertueux, que reste-t-il ? Une profession qui singe l’indépendance tout en vendant ses colonnes au plus offrant. La maison close de l’opinion a ses habitués, ses clients privilégiés et ses codes. Elle distribue ses services à ceux qui paient, influencent, ou menacent.
L’un des paradoxes les plus flagrants réside dans l’uniformité du discours. En démocratie, la presse devrait incarner la diversité, la confrontation des idées, l’ouverture des débats. Or, du Monde au Figaro, du Parisien à Libération, les titres adoptent la même tonalité, la même grille de lecture, la même indignation sélective. L’unanimité qui choque dans les régimes autoritaires devient ici la norme confortable. Pas de voix discordante, pas de colonne qui dérange : la pensée unique se déguise en pluralisme.
Le drame des journalistes palestiniens en est une illustration criante. Depuis le 9 octobre, plus de deux cents d’entre eux ont été tués. Et pourtant, pas de Unes, pas d’éditoriaux enflammés, pas de syndicats de journalistes qui montent au créneau. Le silence est assourdissant. Mais souvenez-vous de l’assassinat d’Anna Politkovskaïa, en Russie : toute la presse française avait alors rivalisé de tribunes larmoyantes, pleurant à chaudes larmes la courageuse journaliste. Deux poids, deux mesures. Quand les victimes sont arabes, la compassion s’évapore.
Le cas du Monde est révélateur. Quelques journalistes, un temps, ont osé défendre une vision plus équilibrée du conflit israélo-palestinien. La sanction fut immédiate : mise à l’écart, pressions, délations internes. Comme au temps de Vichy, certains ont dénoncé leurs collègues, et la direction a purgé les rangs. Le journal qui se drape dans les valeurs républicaines a ainsi montré qu’il n’hésite pas à briser les siens pour rassurer ses maîtres.
Jean-Pierre Filiu a lui aussi fait l’expérience de cette mise au pas. Après avoir écrit que la responsabilité du blocage de la paix incombe essentiellement à Israël, il a rapidement dû tempérer ses propos. Pressions éditoriales, révisions forcées, autocensure : voilà le prix à payer pour continuer à être publié. Les intellectuels et journalistes français ne sont pas censurés par décret, mais par un système plus subtil : le poids des lobbies, la peur de perdre son poste, la crainte de ne plus être invité sur les plateaux.
Ainsi se dessine une presse qui singe la démocratie tout en pratiquant la servilité. Elle brandit la liberté d’expression à géométrie variable : intarissable sur la Russie, la Chine ou l’Iran, mais muette dès qu’il s’agit de Gaza. Elle se scandalise des procès bâillons ailleurs, mais tolère sans broncher la mise au silence de ses propres confrères. Elle dénonce l’unanimité des dictatures, mais s’y complaît chaque jour davantage.
Dans cette maison close de l’opinion, les rédactions sont les chambres, les éditoriaux sont les services, et les journalistes ne sont plus que des péripatéticiennes de l’info. Ils vendent des récits, maquillent la vérité et se donnent à celui qui a le pouvoir d’acheter leur plume. Les clients sont connus : gouvernements, puissances économiques, lobbies bien introduits. Le reste du monde peut frapper à la porte, il restera dehors.
Quand une presse ne pleure plus les enfants palestiniens, quand elle relativise un génocide, quand elle choisit de taire l’injustice par calcul ou par peur, elle cesse d’être un contre-pouvoir. Elle devient un relais de propagande, un outil de domination, une vitrine qui cache le proxénète derrière le rideau.
La presse française aime à dire qu’elle défend la liberté. Mais quiconque regarde sans complaisance voit la vérité nue : elle a vendu son âme. Elle n’est plus un quatrième pouvoir, elle est une maison close. Et ses clients ne manquent pas.
A. M.
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