Procès

L’ex-président sud-coréen Yoon Suk-yeol a nié à l’ouverture de son procès, qui risque de se dérouler sur plusieurs semaines, avoir commis tout acte d' » insurrection  » lors de sa tentative d’imposer la loi martiale en décembre, au premier jour de l’examen sur le fond de ce dossier au pénal. Dans cette procédure, il risque la […]

Avr 14, 2025 - 21:54
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Procès

L’ex-président sud-coréen Yoon Suk-yeol a nié à l’ouverture de son procès, qui risque de se dérouler sur plusieurs semaines, avoir commis tout acte d' » insurrection  » lors de sa tentative d’imposer la loi martiale en décembre, au premier jour de l’examen sur le fond de ce dossier au pénal. Dans cette procédure, il risque la prison à vie, voire la peine de mort. Entouré de onze avocats, l’ancien procureur devenu président s’est défendu lui-même pendant près d’une heure et demie.  » Décrire un événement qui n’a duré que quelques heures, qui a été non violent, et accepter immédiatement de qualifier d’insurrection la demande de dissolution de l’Assemblée nationale (…) m’apparaît comme infondé légalement « , a déclaré Yoon Suk-yeol devant le tribunal central de Séoul, qui après deux audiences préliminaires a commencé à juger l’affaire sur le fond. Dans la nuit du 3 au 4 décembre 2024, Yoon Suk-yeol avait tenté d’imposer par surprise la loi martiale, envoyant l’armée bloquer le Parlement dominé par l’opposition. Mais un nombre suffisant de députés était parvenu à se réunir afin de faire échouer ce coup de force qui a sidéré le pays. Destitué par la Cour constitutionnelle le 4 avril, après avoir été suspendu de ses fonctions mi-décembre, Yoon Suk-yeol doit désormais s’expliquer au pénal. Malgré les très lourdes peines encourues, il comparaît libre, sa détention provisoire ayant été annulée pour vice de procédure le 8 mars. Comme tout accusé, l’ancien chef d’État a dû commencer par décliner son nom, sa date de naissance et son adresse.  » Accusé Yoon Suk-yeol, votre profession est ancien président. Quelle est votre adresse actuelle ? « , lui a demandé le président du tribunal. Le ministère public l’a accusé d’avoir  » voulu provoquer un soulèvement dans le but de renverser l’ordre constitutionnel « , soulignant que la loi martiale avait été préparée à l’avance et qu’ordre avait été donné à l’armée de couper le courant et de casser les vitres du Parlement. Face aux 101 pages du dossier constitué contre lui et des témoins appelés à la barre, Yoon Suk-yeol nie toute entrave à l’état de droit dans sa tentative d’imposer la loi martiale qu’il qualifie d’un simple acte de gouvernance. Un argument qui avait déjà échoué à convaincre les juges de la cour constitutionnelle qui ont confirmé sa destitution il y a dix jours. Yoon Suk-yeol, lui-même ancien procureur star qui avait été élu à la tête de l’État en 2022, a entrepris hier de réfuter point par point les accusations. La plupart des experts s’attendent à une longue procédure et font la comparaison avec celle de l’ex-présidente Park Geun-hye, destituée en mars 2017 mais dont la condamnation définitive pour trafic d’influence et corruption n’avait été prononcée par la Cour suprême qu’en janvier 2021. S’il est reconnu coupable, Yoon Suk-yeol deviendra le troisième ancien président de Corée du Sud à être condamné pour  » insurrection « , après Chun Doo-hwan et Roh Tae-woo en 1996 pour un coup d’État perpétré en 1979. Selon l’avocat Min Kyoung-sic, Yoon Suk-yeol s’expose à une condamnation comme ces deux prédécesseurs, dont les actes  » avaient aussi impliqué le déploiement coercitif de la force armée « . Les deux hommes avaient été condamnés à de lourdes peines de prison avant d’être rapidement graciés. Au-delà des éminentes failles dans la démocratie sud-coréenne que cet épisode expose, c’est surtout désormais un argument pour les nord-coréens de pointer du doigt le régime capitaliste défaillant de leurs frères ennemis. Surtout alors que Yoon Suk-yeol est le tenant d’une ligne très dure vis-à-vis de Pyongyang. Mais le départ de l’ex-président pourrait toutefois avoir un aspect positif en cas de réouverture des négociations américaines avec la Corée du Nord. Surtout alors que dans ce dossier la paix avec Séoul est en jeu. Yoon Suk-yeol anti-nord-coréen convaincu aurait alors été un obstacle pour une main tendue, lui qui préférait encore se tourner vers le Japon pour construire une nouvelle alliance en Asie du Sud-Est.