Produits anti-moustiques : Alerte sur des intoxications graves chez les nourrissons
Le service de toxicologie médicale du CHU de Bab El-Oued a tiré la sonnette d’alarme sur une série de cas graves, dont plusieurs décès de nourrissons, enregistrée à la suite d’ingestions accidentelles de liquides anti-moustiques à usage domestique. L’opacité sur leur composition, couplée à des pratiques à risque, a mis en péril la vie des […] The post Produits anti-moustiques : Alerte sur des intoxications graves chez les nourrissons appeared first on Le Jeune Indépendant.

Le service de toxicologie médicale du CHU de Bab El-Oued a tiré la sonnette d’alarme sur une série de cas graves, dont plusieurs décès de nourrissons, enregistrée à la suite d’ingestions accidentelles de liquides anti-moustiques à usage domestique. L’opacité sur leur composition, couplée à des pratiques à risque, a mis en péril la vie des tout-petits, a indiqué le service dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux afin d’alerter le grand public.
L’alerte médicale d’urgence a été lancée après avoir constaté une recrudescence préoccupante de cas d’intoxication aiguë chez les nourrissons et les jeunes enfants. Ces intoxications sont survenues après l’ingestion de liquides anti-moustiques domestiques, souvent mal identifiés, mal étiquetés et accessibles aux enfants.
Selon les données épidémiologiques recueillies par le service de toxicologie, 216 cas ont été recensés au cours de l’année 2024, dont 11 présentaient un tableau clinique atypique, laissant supposer la présence de substances toxiques non mentionnées sur l’emballage. Deux nourrissons ont perdu la vie cette année, portant à neuf le nombre total de décès enregistrés depuis 2020.
Les médecins du CHU ont révélé que certains produits en cause contenaient, en plus des pyréthrinoïdes habituels, des solvants hydrocarbures hautement toxiques, non signalés sur l’étiquette. « Nous avons été confrontés à des symptômes qui ne correspondaient pas aux substances déclarées, des convulsions, un coma profond, des détresses respiratoires aiguës, voire un arrêt cardiaque », ont signalé les spécialistes.
Ils ont également noté que certaines formulations commercialisées récemment contenaient des composés neurotoxiques non réglementés, présentés dans des flacons anodins, sans pictogrammes d’avertissement ni mentions claires des risques d’ingestion. Ces produits ont été retrouvés dans de nombreux foyers, notamment achetés sur les marchés parallèles ou via Internet.
Face à ces intoxications, certains gestes de premiers secours ont été mal appliqués, provoquant des complications supplémentaires. Le lavage gastrique ou la provocation des vomissements notamment ont parfois favorisé l’aspiration des solvants dans les voies respiratoires, entraînant des pneumopathies d’inhalation, souvent fatales chez les nourrissons.
Le service de toxicologie a mis en garde contre ces pratiques risquées, a recommandé d’éviter les gestes réflexes non encadrés, et a préconisé une prise en charge médicale adaptée à la composition réelle des produits ingérés, bien souvent différente de ce qui est annoncé.
Face à l’ampleur des cas, le CHU a interpellé les autorités sanitaires pour renforcer les contrôles sur les produits anti-moustiques commercialisés, en particulier ceux vendus sans traçabilité. L’équipe médicale a dénoncé de graves lacunes dans la réglementation actuelle des produits chimiques à usage domestique. « Nous avons demandé un contrôle strict des formulations, un étiquetage conforme aux normes internationales ainsi que des campagnes de sensibilisation ciblant les parents », a plaidé le service de toxicologie.
En attendant l’application de mesures réglementaires plus rigoureuses, la vigilance des parents demeure la première barrière de protection. Il est vivement conseillé de ne jamais laisser à portée des enfants les flacons de liquides anti-moustiques, même fermés. Le CHU a également rappelé plusieurs consignes de sécurité, à l’instar de celle de ne pas utiliser ces produits dans des pièces fermées ou mal ventilées, d’éviter leur diffusion près des lieux de sommeil des nourrissons, de lire attentivement les étiquettes et ne pas utiliser de produits dont la composition ou les mises en garde sont absentes. Il a également été recommandé en cas d’ingestion de ne jamais provoquer de vomissements sans avis médical immédiat, mais de contacter en urgence le centre antipoison ou les services des urgences hospitalières. Il convient de noter que ce drame sanitaire a mis en évidence un danger domestique insoupçonné, souvent sous-estimé dans les foyers.
L’apparente banalité de ces produits masque un risque toxique majeur pour les plus vulnérables, les enfants en bas âge. D’autant plus qu’il a été constaté que les produits en cause ont été achetés aussi bien en grande surface que dans des circuits parallèles, y compris sur Internet ou dans des marchés informels. Certains flacons ressemblaient à des bouteilles de parfum, de désodorisant ou de lotion. Leur présentation, leur parfum doux et leur aspect attractif ont facilité la confusion, surtout chez les enfants qui portent instinctivement les objets à leur bouche.
Au-delà de l’alerte immédiate, cette situation pose la question plus large de la sécurité des produits chimiques domestiques ainsi que de la nécessité de bâtir une politique cohérente de prévention des intoxications accidentelles. En définitive, protéger les enfants, c’est aussi réguler ce que nous introduisons dans nos foyers. La banalisation de certains produits, l’absence de réglementation stricte et la méconnaissance des risques coûtent des vies.
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