Encore un report. Encore une promesse envolée, renvoyée aux calendes grecques. Le mythique stade du 8-Mai 1945, théâtre des plus grandes épopées de l’Entente Sportive de Sétif (ESS), ne sera pas réhabilité de sitôt. Les travaux tant attendus de modernisation, annoncés en grande pompe il y a plusieurs mois, viennent d’être officiellement repoussés à une date ultérieure… sans le moindre détail sur un éventuel calendrier. Dans une enceinte censée accueillir le football dit « professionnel », le décor fait peine à voir. Gradins en béton brut, absence de sièges, sanitaires quasiment inexistants, vestiaires vétustes, accès chaotique pour les supporters… Le stade de l’ESS est indigne de la Ligue-1. Un comble pour une ville double championne d’Afrique, fleuron du football algérien, berceau de talents et fierté nationale. Depuis des décennies, les milliers de fidèles de l’Aigle Noir s’accommodent de conditions spartiates, s’asseyant à même le béton, livrés aux caprices du climat, faute du moindre confort. À Sétif, le mot « commodité » reste un luxe, et la dignité des supporters une variable d’ajustement. Pendant ce temps, ailleurs dans le pays, des stades flambant neufs sortent de terre, portés par des enveloppes financières conséquentes. Ici, l’attente se prolonge. Le désenchantement aussi. « On nous parle de professionnalisation, mais comment peut-on évoluer dans un tel environnement ? », déplore, amer, un ancien joueur du club. Même révolte chez les fans : « Ils rénovent des stades à travers le pays, et nous, on regarde encore les matchs comme dans les années 70. C’est à ne rien comprendre ». Le contraste est saisissant : l’ESS reste l’un des clubs les plus titrés d’Algérie, mais à voir l’état de son enceinte, rien n’indique qu’il s’agit d’un monument du football africain. Depuis des années, les annonces de réhabilitation s’enchaînent, sans jamais dépasser le stade de l’intention. À chaque fois, l’échéance est reportée, comme si l’infrastructure n’était qu’un détail. Ce statu quo prolongé pèse lourd sur les performances d’une équipe qui peine à retrouver son niveau. Selon une source digne de foi, c’est la direction de l’ESS elle-même, naviguant à vue, qui aurait demandé le report des travaux, notamment le renouvellement de la pelouse synthétique. Estimée à 30 milliards, l’opération, qui devait englober plusieurs volets, ne sera finalement lancée qu’au second semestre 2026, au grand dam d’une jeunesse sportive s’expliquant mal les deux poids deux mesures. Et le stade du 8-Mai 1945 n’est pas un cas isolé. D’autres projets structurants de la wilaya sont également à l’arrêt. Le stade communal d’Ouled Adouane attend toujours son nouveau revêtement synthétique. À Beni-Ouartine, la piscine de proximité promise n’est toujours pas creusée. À Beni Aziz, le projet de Complexe Sportif de Proximité (CSP) stagne depuis des mois. Idem pour la nouvelle salle de 500 places de Sétif-centre, laissée en jachère. Comme un malheur n’arrive jamais seul, la construction d’une maison de jeunes à Aït Tizi, d’un stade de 2.000 places à Bouandas et de plusieurs CSP à Draa Kebila, Mouaouia ou encore Beni Chebana, reste prisonnière d’interminables procédures administratives. La bureaucratie, elle, ne connaît ni report ni saison morte…