Trump ne croit toujours pas au refus de l’Egypte et de la Jordanie

Par Mohamed Habili Jusqu’à ces dernières heures, on pensait qu’il n’y avait comme pays arabes sollicités par Donald Trump pour recevoir les habitants de Ghaza dans le cadre de son plan de paix pour le Moyen-Orient, que les deux voisins immédiats d’Israël, c’est-à-dire l’Egypte et la Jordanie, qui d’ailleurs n’avaient guère tardé à exprimer leur […]

Fév 10, 2025 - 22:30
 0
Trump ne croit toujours pas au refus de l’Egypte et de la Jordanie
Par Mohamed Habili
Jusqu’à ces dernières heures, on pensait qu’il n’y avait comme pays arabes sollicités par Donald Trump pour recevoir les habitants de Ghaza dans le cadre de son plan de paix pour le Moyen-Orient, que les deux voisins immédiats d’Israël, c’est-à-dire l’Egypte et la Jordanie, qui d’ailleurs n’avaient guère tardé à exprimer leur refus de ce projet pour le moins étonnant. On sait qu’il y en a au moins un troisième que l’administration Trump, appuyée par les dirigeants israéliens, voudrait associer étroitement à cette entreprise d’épuration ethnique présentée par ses promoteurs, le président américain tout le premier, comme une œuvre de bienfaisance. Ce pays  est l’Arabie saoudite,  dont, à ce qu’il semble, on n’attend pas seulement qu’elle se montre généreuse, en prenant à sa charge la reconstruction d’une partie de Ghaza, mais qu’elle soit disposée elle aussi à accueillir sur son sol une fraction de la population à transférer. Les Saoudiens ont perdu le sommeil depuis que Trump a parlé en ce sens pour la première fois, à des journalistes à bord de son avion.
Tant que la guerre faisait rage, les Saoudiens avaient surtout donné l’impression d’être impatients de la voir se terminer pour renouer le fil du processus de normalisation avec Israël, laquelle probablement serait chose faite à l’heure qu’il est si la résistance palestinienne
n’avait pas lancé son attaque du 7 octobre contre Israël. Lors de la même occasion, Trump a réaffirmé sa volonté d’acheter Ghaza, c’est le terme employé par lui, mais Ghaza vidée de sa population, qu’il ferait transporter dans différents pays dans la région, pas seulement donc en Jordanie et en Egypte, et de la reconstruire très joliment, mais pas avec son argent ni celui des Etats-Unis, non avec celui des pays fortunés de la région. Personne ne lui a demandé comment il comptait s’y prendre pour l’acheter, étant donné d’une part qu’elle n’est pas à vendre, et que de l’autre elle est la possession de cette même population qu’il a justement pour intention de déporter. Peut-être est-ce parce qu’il allait de soi pour ses accompagnateurs qu’elle appartenait à la puissance occupante, c’est-à-dire à Israël, même si pour les besoins de l’accord avec le Hamas, lui-même faisait semblant de s’en retirer. Au lieu de dire sans détour qu’il va recevoir cette bande de terre des mains d’Israël, qu’il en hérite pour ainsi dire, il parle de l’acheter, un mot d’autant plus inadapté qu’un peuple ne vend pas sa terre pour aller ensuite demander asile à d’autres peuples. Cela dit, ce n’est pas là ce qui doit retenir le plus l’attention dans ce qu’il a dit à cette occasion, mais ses remarques sur le refus des chefs d’Etat égyptien et jordanien de faire place chez eux aux réfugiés de Ghaza. Ce n’est pas à moi qu’ils ont dit non, a répondu Trump. Ils ont peut-être refusé, a-t-il poursuivi, mais à quelqu’un d’autre qui leur en aura parlé, pas à moi, parce que moi je leur ai encore rien demandé. Et il a ajouté avec assurance : ils accepteront quand c’est moi qui le leur demanderai. Justement l’occasion ne va guère tarder à se présenter qui lui permettra de faire sa demande à l’un des deux, en premier au roi de Jordanie, dont la visite à Washington est annoncée pour bientôt.