Après les sommets sur l’Ukraine : Trump et Poutine en hauteur sur les Européens
Cette semaine, les Etats-Unis ont été le théâtre de deux sommets historiques qui détermineront pour longtemps les relations transatlantiques. D’un côté, un renouveau de l’entente russo-américaine, de l’autre une distanciation de plus en plus importante entre Washington et ses « alliés » européens. Au centre de cette dynamique, la guerre en Ukraine et l’alignement des astres entre […] The post Après les sommets sur l’Ukraine : Trump et Poutine en hauteur sur les Européens appeared first on Le Jeune Indépendant.

Cette semaine, les Etats-Unis ont été le théâtre de deux sommets historiques qui détermineront pour longtemps les relations transatlantiques. D’un côté, un renouveau de l’entente russo-américaine, de l’autre une distanciation de plus en plus importante entre Washington et ses « alliés » européens. Au centre de cette dynamique, la guerre en Ukraine et l’alignement des astres entre les USA et la Russie.
Acte premier, vendredi 15 août à Anchorage (Alaska). Le tapis rouge a été déroulé au président russe dans une démonstration inédite dans les annales des sommets organisés aux Etats-Unis. Non seulement le président américain a appliqué un protocole jugé « inhabituel » pour accueillir son homologue russe, Donald Trump a confirmé le postulat de la force dans la gestion des affaires du monde. Comment ?
Poutine en guest star
En déroulant le tapis rouge à Vladimir Poutine à Anchorage, le locataire de la Maison blanche a semblé vouloir dire au monde entier que Washington sait reconnaitre ses alter ego. Le message, à l’adresse des Européens qui n’ont cessé de gesticuler autour de la question ukrainienne, est sans équivoque. C’est dans le rapport de force que les Américains sous la présidence Trump appréhendent les relations internationales. Le cérémonial réservé à Poutine est révélateur de cette perception. Non seulement le président russe est accueilli avec tous les honneurs dus à son rang, il est en quelque sort réhabilité urbi et orbi après avoir été ostracisé par un Occident arrogant allant même jusqu’à émettre un mandat d’arrêt international à son encontre.
Tout cela a été jeté aux orties ! A Anchorage, Trump a démontré à la face du monde qu’il respectait la puissance russe. Les poses photographiques, les poignées de main, le tête-à-tête dans la voiture présidentielle, la rencontre des deux délégations, tous ces arrangements ont reflété une chose : le respect et l’admiration que voue l’administration Trump à Vladimir Poutine et à son staff. D’où le deal : pas de cessez-le-feu, poursuite du dialogue, rencontre Poutine-Zelensky-Trump, les clés de la paix étant entre les mains du président ukrainien, l’Europe reste sur le ban des spectateurs-agitateurs !
Anchorage, capitale de l’Alaska, a été jusqu’à la fin du XIXème siècle, une terre russe. C’est donc dans un bout de l’ancien empire russe que Vladimir Poutine s’est déplacé. La symbolique est double lorsqu’on voit le président russe s’incliner sur les tombes des aviateurs soviétiques tombés en Alaska durant la Seconde Guerre mondiale. Une séquence qui rappelle que Moscou et Washington étaient naguère des alliés. Et lors de son point de presse à la fin du sommet de l’Alaska, Poutine a réitéré ses postulats pour mettre fin à la guerre en Ukraine, jamais démenti par Trump. Ce dernier semblait aller dans son sens : pas de cessez-le-feu, pas d’adhésion de l’Ukraine à l’Otan, des gains territoriaux pour Moscou selon la ligne de front, rencontre Poutine-Zelensky élargie à Trump. La pensée de Trump allait être précisée à Washington.
L’Ukraine de Zelensky vassalisé
Acte deux, lundi 18 août à Washington. En deux temps. D’abord le tête-à-tête Trump-Zelensky. Plus policée, moins orageuse que la rencontre de février dernier, l’entrevue de la Maison blanche a acté le deal Trump-Poutine. La balle est désormais dans le camp ukrainien. Le Zelensky conventionne a abondé dans le sens de son hôte : après avoir voué ses qualités, Zelensky a répété le discours américain : contrat d’armement, garanties de sécurité, pas d’Ukraine dans l’Otan, rencontre avec Poutine, possibilité de concessions territoriales. Autant dire que le président ukrainien a mis beaucoup d’eau dans son vin, plus que jamais résigné à accepter le deal russo-américain.
C’est donc une Ukraine doublement vassalisée à Moscou et à Washington qui discutera termes de la paix en Biélorussie ou en Suisse. Le deal d’Anchorage prévoyant le partage littéral des terres ukrainiennes entre Russes et Américains, Kiev est désormais dans la posture de répondre favorablement à l’entente américano-russe sous peine de s’attirer les foudres de Trump. Zelensky l’a bien compris. Reste les Européens.
Douche froide pour les Européens
C’est la deuxième séquence de ce second acte. La réunion de la Maison blanche avec les dirigeants européens. Le chancelier allemand, le président français, le Premier ministre britannique, la présidente du conseil italien, le président finlandais, la présidente de la Commission européenne et le secrétaire général de l’Otan ont également fait le déplacement de Washington, visiblement pour soutenir l’Ukraine. Dans les faits, ils sont le faire valoir nécessaire pour acter la paix prochaine dans ce pays, une paix qui équivaut à une situation de non-guerre, proche de la situation en Géorgie post-2008 ou de Chypre depuis 1974.
Qu’est-ce que cela veut dire ? La paix promise à Kiev équivaut à un accord sur un fait accompli, celui de la perte de territoires (Crimée, Sébastopol, Donbass) et la mise en place d’une architecture provisoire pour gérer une situation qui va durer. Les dirigeants européens ont, sur ce coup ; bu le calice jusqu’à la lie. Eux qui cherchaient à tout prix d’envoyer des troupes, et surtout des troupes américaines, sur la ligne de front, se sont vu signifier une fin de non-recevoir de la part de Trump qui les a obligés à revoir à la hausse leur budget alloué à l’Otan, tout en refusant que des soldats soient présents sur le sol ukrainien. D’ailleurs, Poutine aurait proposé au président américain, lors du sommet d’Anchorage, l’envoi de forces d’interposition chinoises.
Résultat des courses, les Européens se sont vu rapetissés à Washington par leur propre allié et protecteur, tandis que les Ukrainiens se préparent à prendre des choix qu’ils ont toujours refusé de prendre, eux qui depuis 2014, ont provoqué le chaos au sein de leur pays en persécutant leurs concitoyens russophones. Les Russes, eux, jubilent, attendent et espèrent que Zelensky enfreindra sa propre loi, celle d’interdire toute négociation avec la Russie avant la « libération » des territoires désormais russes, pour s’assoir sur la même table que Vladimir Poutine.
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