Cirque Amar : Un voyage suspendu entre ciel et terre
Le Cirque Amar, fondé par un Algérien au début du XXe siècle, a traversé les générations pour devenir un symbole vivant de l’art. Depuis sa première venue en 2003, ce dernier, n’a cessé de renforcer ses liens avec le public, notamment en poursuivant ses tournées à travers le pays. C’est ce qu’ont fait savoir au […] The post Cirque Amar : Un voyage suspendu entre ciel et terre appeared first on Le Jeune Indépendant.

Le Cirque Amar, fondé par un Algérien au début du XXe siècle, a traversé les générations pour devenir un symbole vivant de l’art.
Depuis sa première venue en 2003, ce dernier, n’a cessé de renforcer ses liens avec le public, notamment en poursuivant ses tournées à travers le pays. C’est ce qu’ont fait savoir au Jeune Indépendant les deux personnages clefs de cette entreprise.
A ce propos, Isabelle Gillier, qui assure la fonction de directeur adjoint du cirque Amar, a souligné que « depuis la pandémie de la Covid-19, en juillet 2022, nous avons continué nos déplacements sans interruption. Seule une brève pause de deux mois en début d’année 2024 nous a permis de renouveler nos papiers de douane et de faire un point sur le matériel. En dehors de cela, nous sillonnons le pays sans cesse. D’ailleurs, c’est déjà la troisième fois que nous revenons à Alger ». Précisant que l’Algérie, c’est notre seconde maison.
Le Cirque Amar, d’origine d’Italie, appartient à une grande famille circassienne, les Togni. Mais, Isabelle, a souligné que l’histoire du cirque avec l’Algérie est bien plus qu’un simple passage : « La première fois, c’était en 2003, Depuis ce jour-là, les liens avec l’Algérie n’ont cessé de se renforcer. Notons que cela faisait 25 ans que les Algériens n’avaient pas vu de cirque. Pour beaucoup, ce retour fut un événement marquant, et ils ont réinvesti cette culture avec un enthousiasme renouvelé.
Mais ce que peu de gens savent, le Cirque Amar cache une histoire profondément algérienne. Le cirque a été fondé par Amar Ben Amar, un Algérien originaire de Bordj Bou Arreridj, au début du XXe siècle. Après avoir épousé une Française, la sœur d’un propriétaire de parc zoologique, a créé, avec sa famille, ce qui allait devenir le plus grand chapiteau d’Europe. Ce cirque a beaucoup voyagé, notamment en Afrique du Nord, où il a laissé sa trace partout, mais son ancrage est profondément algérien. Le lien entre le cirque et l’Algérie est naturellement fort. A-t-elle souligné.
Concernant l’attachement du public Algérien a cet emblème, la même responsable, a expliqué qu’aujourd’hui, on voit revenir des personnes qui étaient enfants en 2005, 2006, 2007… et qui amènent désormais leurs propres enfants ». C’est révélateur que ce soit devenu une tradition familiale. À force, on a l’impression de faire partie du patrimoine culturel algérien. Et nous-mêmes, on se sent un peu algériens. Pendant la période du confinement, le cirque est resté physiquement ici. A notre retour, on est entré à la maison en fait. Ce lien fort avec l’Algérie a été renforcé au fil des années.
A propos des tournées du Cirque, la même responsable a fait savoir qu’« On n’est pas là uniquement pour les grandes villes comme Constantine, Alger, Annaba ou Oran. On est allés dans les régions les plus éloignées, parce que c’est important pour nous de toucher aussi plus de public, ils doivent, eux aussi, avoir la chance de venir voir les spectacles du cirque. » Précisant également : « On est en train de travailler à l’idée de peut-être élargir notre tournée en 2026. On a déjà été plus au sud, à l’ouest, au centre… mais le vrai sud, on l’a un peu moins touché. On est allé à Ghardaïa, à El Oued, à Ouargla. C’est vraiment le fin fond, et c’est ça l’objectif : aller partout afin de toucher tout le monde ». La collaboration avec les Algériens n’a cessé de croître au fil des années.
Une dimension de transmission
Isabelle a souligné qu’« au début, il y avait peu d’Algériens dans l’équipe. Aujourd’hui, ils sont de plus en plus nombreux, et nous les avons formés ». Désormais, ce ne sont plus uniquement les hôtesses ou certains du personnel qui sont algériens : « Il y a aussi des gens dans les bureaux, et surtout sur la piste. Tout comme l’orchestre qui joue en live, est algérien. » Le présentateur, Djalal, est lui aussi algérien. Il est arrivé avec sa musique et son enthousiasme, et il s’est retrouvé sur la piste. C’est ça, le cirque : une sorte d’école itinérante. Steve a détecté son potentiel pour devenir animateur et l’a aidé à trouver son personnage ». Cette dimension de transmission, d’ouverture et de valorisation des talents locaux est au cœur de l’esprit Amar, où chacun peut évoluer et se réinventer au rythme des tournées.
En outre, Steve Togni, directeur du Cirque Amar et membre de la cinquième génération de la dynastie Togni, a évoqué au Jeune Indépendant, l’importance du cirque dans sa vie. « Je suis littéralement un enfant du cirque. » Fier de ses racines familiales qui remontent à 1872, il perpétue sa mission traditionnelle qui traverse les générations. Mais cette tâche n’est pas sans défis, notamment face à l’évolution des attentes du public et des tendances modernes. Steve raconte qu’ : « un jeune homme d’une trentaine d’années est venu me voir récemment. Il m’a dit : ‘Je vous ai vu à Tizi Ouzou quand j’étais petit, vous faisiez le numéro avec le tigre.’ Il était ému. Et là, il était revenu avec ses propres enfants. » Pour lui, cela dépasse la simple tradition : « Ce n’est plus juste une tradition, c’est une mémoire vivante. Il faut que ça continue, d’une manière ou d’une autre. En fait, je suis responsable de cette mission ».
Face aux défis de l’ère numérique et de la technologie, Steve Togni, a expliqué que : « Tant qu’il y aura des enfants, le cirque vivra. » Il évoque la sagesse de son grand-père qui répétait souvent cette phrase, soulignant que l’enfant est une figure à part, non numérique. « Un enfant doit apprendre à prendre un crayon, à créer, avant de toucher un ordinateur. »
Le Cirque Amar continue ainsi de grandir et d’évoluer. Concernant cet aspect, le directeur a précisé que « Si l’on compare un spectacle des années 50 à celui d’aujourd’hui, on voit bien que les choses ont changé. La technologie, comme les nouveaux éclairages, nous aide à rendre les spectacles plus performants, mais l’essence du cirque reste la même. »
Quant au recrutement des artistes, Steve a révélé que celui-ci se fait souvent de bouche-à-oreille, car dans le monde du cirque, tout le monde se connaît. « Les artistes viennent à nous, car le cirque a une excellente réputation. Nous avons exporté notre art à l’étranger, au Maroc, au Brésil, en Turquie, en Syrie, au Liban, en Europe, etc… Et nous avons également formé des artistes algériens : acrobates de Blida, clowns, dresseurs de crocodiles… Certains sont même partis faire du cinéma. Dans le cirque, on commence à un poste, mais on peut finir sur la piste par nécessité. »
Cette semaine, le cirque Amar à plier son grand chapiteau à Alger pour reprendre la route. Première escale : Tizi Ouzou, ou la troupe s’installe pour une quinzaine de jours ensuite il va continuer son chemin vers la ville de Bouira et Akbou, une ville qui rencontrera le cirque pour la première fois. Après cela M’sila, Guelma. Puis toute une série d’étapes estivales du littoral et de l’intérieur, fidèle à son esprit nomade, le cirque poursuit son tour à travers l’Algérie.
Quand la magie règne
Sous le chapiteau, de nombreuses histoires sont racontées par ces artistes au public. La décoration emblématique commence par les gradins, qui ouvrent le champ visuel sur le cercle de la scène. Autour de ce cercle, les projecteurs balaient toutes les actions des artistes.
Plusieurs numéros ont émerveillé les spectateurs, venus nombreux avec leurs enfants, afin d’admirer les acrobaties aériennes, le jonglage impressionnants, ainsi que les prestations des animaux, qui ont suscité des applaudissements enthousiastes, renforçant l’atmosphère magique qui règne sous le chapiteau.
Sous les projecteurs, l’animatrice, vêtue d’une tunique aux rayures félines, a dompté ses panthères avec grâce et autorité. Puis, dans un élan spectaculaire, Jaguar a bondi d’une barre à l’autre, tel un chaton joueur, disaient certains dans le public ! Mais le suspense ne faisait que commencer… D’autres fauves sont entrés en scène : lions puissants, tigres majestueux, et parmi eux, un tigre blond, rare et envoûtant, qui a littéralement subjugué les spectateurs.
Au-dessus de l’entrée de la scène, l’orchestre accompagnait chaque numéro avec une musique adaptée à son rythme. Notamment, le guitariste et le pianiste guidaient les émotions, soulignaient les instants de tension et portaient les artistes dans leurs envolées.
Quand arriva le spectacle de clown, un brouhaha de rires envahissait le chapiteau. Les enfants, comme envoûtés, suivaient chaque geste, chaque grimace, suspendus aux moindres maladresses parfaitement orchestrées.
Pour chaque spectacle, l’animateur se tenait là, imposant et élégant, dans son somptueux costume rouge et son chapeau de haut-de-forme noir, qui brillait sous les lumières. D’un geste théâtral, il leva les bras et, avec une voix grave et un accent italien, annonça et expliqua les numéros.
Puis, un artiste s’avança. Il s’apprêtait à exécuter un numéro spectaculaire : sauter à la corde, les yeux bandés, sur une grande roue en mouvement, si haute qu’elle frôlait presque le sommet du chapiteau. Grands et petits avaient les yeux braqués sur lui. Les lumières se concentrèrent, un silence se fait. Puis, dans un souffle collectif… l’exploit ! De forts applaudissements éclatèrent, secouant le chapiteau. L’émotion était palpable.
Pendant plus de deux heures, les spectacles se sont enchaînés sans répit, chaque numéro était plus impressionnant que le précédent. Parmi les moments les plus saisissants, l’exploit des deux motards qui ont défié les lois de la gravité dans la sphère de fer. À toute vitesse, leurs moteurs rugissaient dans l’air, tandis que l’animateur se tenait debout, en équilibre parfait, entre les deux engins. Un moment suspendu, où le public retenait son souffle.
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