Colloque national sur la fraude aux examens à l’université de Tizi Ouzou: Le fléau de la triche touche plus de 50 % des étudiants

La triche aux examens en milieu universitaire a pris des proportions alarmantes et inquiétantes jusqu’à devenir un véritable fléau. Tel a été le constat établi par des universitaires réunis hier à l’université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou (UMMTO) en colloque national intitulé «la triche dans les examens en milieu universitaire : Des méthodes traditionnelles aux […]

Avr 9, 2025 - 23:25
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Colloque national sur la fraude aux examens à l’université de Tizi Ouzou: Le fléau de la triche touche plus de 50 % des étudiants

La triche aux examens en milieu universitaire a pris des proportions alarmantes et inquiétantes jusqu’à devenir un véritable fléau. Tel a été le constat établi par des universitaires réunis hier à l’université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou (UMMTO) en colloque national intitulé «la triche dans les examens en milieu universitaire : Des méthodes traditionnelles aux méthodes modernes» organisé par le département des sciences de l’éducation de la faculté des sciences humaines et sociales à la salle des conférences du pôle universitaire de Tamda.

Par Hamid Messir

Pas moins de 72 conférenciers représentants 22 universités à travers le pays ont pris part à cette rencontre préparée dans le cadre d’un projet de recherche et de formation universitaires (PRFU) afin de débattre de la question et dégager les solutions susceptibles d’atténuer le tant soit peu écartant d’emblée son éradication avec l’utilisation des moyens technologiques de plus en plus développées. Le phénomène touche plus de 50 % des étudiants, selon Younes Hachelaf vice-doyen à la faculté des sciences humaines et sociales de l’UMMTO en nous expliquant que « ça nous arrive de surprendre l’ensemble des étudiants d’une salle d’examen de recourir à la triche par des écritures sur des tables ou des murs. Tellement ces tables sont déjà pleines d’écritures certains étudiants ramènent des détergents et des outils pour effacer et les utiliser à nouveau comme des supports de triche. Nous nous sommes contraints de faire une peinture spéciale pour les murs afin de les dissuader ». Il nous a précisé, en marge des travaux du colloque, que l’année passée pas moins de 85 étudiants pris en flagrant délit de triche ont été traduits en conseil de discipline au niveau de la faculté parmi les plus de 200 étudiants ayant fait objet de traduction en conseil de disciplines des départements parmi les 3000 étudiants de la faculté ». Et une quarantaine d’étudiants ont été exclus pour une période d’une année à deux années, toujours selon notre interlocuteur qui a souligné que c’est la même proportion au niveau des autres universités à travers le pays. Pour lui, le phénomène a été aggravé par l’utilisation des nouvelles technologies. Dr Younes Hachelaf n’a pas manqué de tirer la sonnette d’alarme que la triche sous d’autres formes notamment « le plagiat touche aussi l’élaboration des mémoires et des thèses dont il nous est parfois difficile de débusquer les tricheurs qui recourent aussi à l’intelligence artificielle et autres moyens plus sophistiqués surtout avec les effectifs de plus en plus nombreux ». Pour lui, il est primordial de « sensibiliser nos étudiants sur les conséquences de la triche et les amener à la raison en leur rappelant si besoin est que les tricheurs ne réussissent pas et nous avons la preuve par les chiffres à la fin de la chaque année ». De son côté, professeure Slimani Malika, présidente du comité scientifique du colloque, a souligné que le phénomène ne cesse de s’accroitre de jour en jour et aujourd’hui toutes les universités du pays sont confrontées à la triche des étudiants pendant les examens. Les initiateurs du colloque n’ont pas manqué de souligner qu’il ne s’agit pas de s’attaquer à la communauté estudiantine mais d’en analyser la situation et dégager des recommandations susceptibles d’atténuer le tant soit le phénomène car la triche n’a pas commencé pour la majorité des tricheurs à l’université mais bien avant d’atteindre le palier des études supérieures et que le tricheur n’est finalement qu’une victime. Le doyen de la faculté des sciences humaines et sociales Farid Boutaba a, dans sa prise de parole, rappelé que la triche aux études ne date pas d’aujourd’hui mais le phénomène s’est encore aggravé à la faveur des nouvelles technologies d’où nous devons aborder la question sous différents angles notamment social, psychologique et éducationnel. Pour lui, aucune des mesures de lutte contre la triche de ne pourrait être seule suffisante pour faire face à ce phénomène si nous ne parvenons à élimer ces idées dans l’esprit et conscience de nos étudiants. A l’ouverture des travaux, le vice-recteur de l’UMMTO chargé de la recherche scientifique Bachir Saadi a déclaré qu’il est dommage que l’on sacrifie un séminaire et une journée de travail et de pédagogie pour débattre de la fraude et de la triche régies par des textes de loi, en affirmant que le phénomène est profondément culturel et que celui qui veut tricher le fera, avant de souhaiter pleins succès aux travaux du colloque.
H. M.