Criminalité
Après le succès, revendiqué par la Maison-Blanche, du déploiement de la Garde nationale à Washington pour rétablir l’ordre dans une ville où la criminalité a explosé ces dernières années, le président américain souhaite étendre cette initiative à d’autres villes du pays gangrénées par l’insécurité. Parmi elles, Donald Trump a déjà évoqué New York, Baltimore ou […]

Après le succès, revendiqué par la Maison-Blanche, du déploiement de la Garde nationale à Washington pour rétablir l’ordre dans une ville où la criminalité a explosé ces dernières années, le président américain souhaite étendre cette initiative à d’autres villes du pays gangrénées par l’insécurité. Parmi elles, Donald Trump a déjà évoqué New York, Baltimore ou encore San Francisco. Mais la ville qui focalise le plus l’attention du dirigeant républicain est Chicago, qui est devenue depuis quelques décennies déjà un exemple particulièrement triste de la propagation des gangs meurtriers faisant chaque année des centaines de victimes. Ces dernières années, l’administration démocrate qui gère la ville a laissé la criminalité s’étendre de façon spectaculaire, pourtant, elle est la première aujourd’hui à se lever vent debout contre l’annonce du président américain d’envoi de troupes armées pour rétablir l’ordre. Tant et si bien que Donald Trump a dû évoquer un possible recours à l’état d’urgence pour surmonter l’opposition des autorités locales et des décisions de justice contre le déploiement de la Garde nationale. L’Illinois et Chicago, la principale ville de cet État du nord du pays, ont saisi lundi la justice pour bloquer le déploiement par l’administration Trump des militaires de la Garde nationale dans ce qu’elle décrit comme une «zone de guerre». La juge fédérale en charge du dossier ne s’est pas prononcée dans l’immédiat mais a fixé une audience à ce jeudi. Un déploiement similaire à Portland (ouest), autre ville dirigée par les démocrates, a été provisoirement bloqué ce week-end par la justice. Donald Trump a agité la possibilité d’invoquer l’Insurrection Act, compilation de lois des XVIIIe et XIXe siècles. Celui-ci permet de proclamer un état d’urgence autorisant l’usage des forces armées contre des citoyens américains, interdit en principe. «Si je devais l’invoquer, je le ferais. Si des gens étaient tués et que les tribunaux nous en empêchaient ou que des gouverneurs ou des maires nous en empêchaient, bien sûr que je le ferais», a-t-il dit aux journalistes à la Maison-Blanche. Le gouverneur démocrate de l’Illinois, JB Pritzker, a accusé l’administration Trump de «suivre un manuel : provoquer le chaos, créer la peur et la confusion, faire croire que des manifestants pacifiques sont des émeutiers en leur tirant dessus à coups de gaz lacrymogènes». Le but est de «créer un prétexte pour invoquer l’Insurrection Act afin de pouvoir envoyer l’armée dans notre ville», a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse, assurant qu’il n’y avait «aucune insurrection» à Chicago, justifiant l’envoi de la troupe. Depuis des semaines, le président républicain cible Chicago, qu’il qualifie de «trou à rats» ou encore de «capitale mondiale du meurtre» et annonce son intention d’y déployer des militaires de la Garde nationale comme il l’a fait à Los Angeles, Washington et Memphis (sud), à chaque fois contre l’avis des autorités locales. Il a signé samedi un décret pour l’envoi de 300 gardes nationaux à Chicago afin de «protéger les agents et biens fédéraux», selon la Maison-Blanche. A Los Angeles, un juge fédéral avait estimé illégal le déploiement en juin pour 60 jours par Donald Trump de la Garde nationale, contre l’avis du gouverneur démocrate de Californie, Gavin Newsom, face aux manifestations contre sa politique d’expulsions massives d’immigrés. Mais une cour d’appel fédérale avait ensuite validé cette décision. Donald Trump a érigé la lutte contre l’immigration clandestine en priorité absolue, évoquant une «invasion» des États-Unis par des «criminels venus de l’étranger» et communiquant abondamment sur les expulsions d’immigrés. Les gardes nationaux, réservistes de l’armée, sont formés pour intervenir dans des situations de catastrophes naturelles, mais ils peuvent également combattre à
l’étranger. Reste à voir si les Chicagoans, surtout ceux des quartiers populaires, qui subissent de plein front la criminalité et les effets de l’immigration clandestine massive, se montreront plus souples vis-à-vis de l’initiative musclée de Trump, ou si les protestations se multiplieront pour rejeter massivement la décision du président américain.