Festival du Film Méditerranéen à Annaba : L’IA moteur de la 5ème édition ? Soufiane Sadouki

Le commissariat du Festival d’Annaba du Film Méditerranéen (FAFM) vient de lever le voile sur l’affiche officielle de la cinquième édition de ce rendez-vous phare du cinéma en Algérie. L’événement se déroulera du mercredi 24 au mardi 30 septembre au théâtre régional Azzedine Medjoubi. Conçue par l’architecte Monsef Daha, l’affiche est décrite par le commissaire du festival, Mohamed Allal, comme une œuvre chargée de symbolisme, rendant hommage à l’histoire du cinéma algérien et méditerranéen. Au centre, un clin d’œil à Chronique des années de braise, film culte du regretté Mohamed Lakhdar-Hamina. On y distingue une silhouette féminine dorée descendant des marches rouges — représentation du tapis du festival — vers un portail ouvrant sur une nuit illuminée par cinq étoiles, symboles de la cinquième édition.  Cependant, l’accueil n’est pas unanime. Contrairement à l’élégance de l’affiche de 2024, celle-ci est jugée par certains moins subtile et trop directement inspirée de productions visuelles déjà connues. Plusieurs critiques soulignent la ressemblance de son style avec des images issues de la série « Sandman » sur Netflix ou encore avec le concept art du film Marvel « Doctor Strange and the Multiverse of Madness ». Le thème des escaliers vers les cieux, déjà largement exploité par le passé, est ainsi pointé comme une facilité esthétique.  Au-delà de cette controverse visuelle, le festival mettra en avant un sujet d’actualité brûlant : l’Intelligence Artificielle (IA) dans le cinéma. Le commissariat du FAFM a annoncé une master class inédite intitulée « Intelligence Artificielle et cinéma », programmée vendredi 26 septembre, à quinze heures, au théâtre Azzedine Medjoubi. Elle sera animée par le réalisateur, scénariste et producteur espagnol Daniel H. Torrado, figure reconnue pour ses expérimentations avec l’IA. Torrado s’est fait connaître grâce à « The Great Reset », un thriller de science-fiction apocalyptique qui a marqué les esprits par sa singularité : il a été entièrement conçu avec des technologies d’Intelligence Artificielle, des décors aux personnages. Ce projet, qui lui a valu une notoriété mondiale, a fait de lui le premier réalisateur espagnol à produire un long-métrage intégralement réalisé grâce à ces outils numériques. Pour Mohamed Allal, cette rencontre représente bien plus qu’une simple conférence. « C’est une immersion dans les secrets de la réalisation à l’ère de l’IA », a-t-il déclaré, soulignant que cette technologie révolutionne désormais l’ensemble de la chaîne cinématographique, de l’écriture des scénarios à la mise en scène et à la production. Selon lui, l’IA offre aux créateurs l’opportunité de concevoir des films visuellement spectaculaires, sans budgets colossaux, et de contribuer ainsi à élever le niveau de créativité et de diversité du cinéma algérien. Mais cette avancée ne manque pas de soulever des inquiétudes. L’usage de l’IA dans le monde du cinéma fait l’objet de débats houleux et de pétitions dans de nombreux pays. Les craintes portent sur le remplacement progressif de métiers essentiels : doubleurs remplacés par des voix artificielles, acteurs par des doublures numériques, ou encore scénaristes par des programmes automatisés. Autant de pratiques qui risquent de fragiliser l’avenir de nombreux professionnels et de réduire la place de la créativité humaine. Cette cinquième édition promet d’ouvrir un champ de discussions passionnées, tout en confirmant la volonté du FAFM de hisser Annaba au rang de carrefour incontournable du cinéma méditerranéen.

Soufiane Sadouki

The post Festival du Film Méditerranéen à Annaba : L’IA moteur de la 5ème édition ? Soufiane Sadouki first appeared on L'Est Républicain.