Initiative

Les Allemands sont de plus en plus nombreux à admettre vouloir des politiques migratoires et sécuritaires plus strictes, allant jusqu’à transgresser un tabou moral en votant pour le parti nationaliste AfD (Alternative pour l’Allemagne, en allemand : Alternative für Deutschland). Toutefois, plutôt que de tenter de comprendre les inquiétudes de leurs concitoyens, les partis politiques […]

Sep 9, 2025 - 03:17
 0
Initiative

Les Allemands sont de plus en plus nombreux à admettre vouloir des politiques migratoires et sécuritaires plus strictes, allant jusqu’à transgresser un tabou moral en votant pour le parti nationaliste AfD (Alternative pour l’Allemagne, en allemand : Alternative für Deutschland). Toutefois, plutôt que de tenter de comprendre les inquiétudes de leurs concitoyens, les partis politiques allemands ont décidé de se mettre d’accord pour faire l’inverse. En effet, la CDU (Union chrétienne-démocrate d’Allemagne), le SPD (Parti social-démocrate d’Allemagne), les Verts, le FDP (Parti libéral-démocrate), la Linke et Volt (mouvement politique européen pro-européen et fédéraliste) ont signé, à l’initiative de l’association «Table Ronde de Cologne pour l’Intégration», un engagement à ne pas parler négativement des questions migratoires pendant la campagne électorale municipale de Cologne. Ce prétendu «accord d’équité» entre les partis (l’AfD n’a même pas été consultée) stipule que «les migrantes, les migrants et les réfugiés ne doivent pas être tenus responsables des évolutions sociétales négatives comme le chômage ou les menaces pour la sécurité intérieure». Fondamentalement, les partis ont signé pour s’engager à ne pas faire campagne «aux dépens des personnes issues de l’immigration vivant parmi nous». Une décision qui ressemble à un cadeau accordé à l’AfD qui sera le seul parti à aborder la question de façon crédible pour les électeurs. «C’est une stupidité tactique de ne pas investir certains sujets et de les abandonner à l’AfD», déclare le politologue Werner Patzelt. Cela le laisse sans voix «que nos partis soient assez stupides pour ne pas voir le désavantage tactique et qu’ils soient si faibles qu’ils ne voient pas qu’ils endommagent ainsi notre démocratie en refusant de parler de sujets importants». Bien que la CDU se soit elle aussi imposée volontairement ce bâillon, elle a également des ennuis avec la Table Ronde. L’accusation de l’association pour l’intégration : la CDU aurait violé l’accord en exprimant son opposition, dans des tracts, aux projets du Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie concernant un centre d’accueil initial pour réfugiés d’une capacité allant jusqu’à 500 places. «Je considère que le tract viole grossièrement l’accord
d’équité des partis démocratiques de Cologne», a déclaré Claus-Ulrich Prölß, directeur du Conseil des réfugiés de Cologne. Mais la «Table Ronde pour l’Intégration» va même plus loin, souhaitant catégoriquement empêcher toute discussion sur le centre pour réfugiés. «Je prie instamment les partis démocratiques de ne pas faire de la future installation d’un centre d’accueil initial pour réfugiés par le Land dans l’ancienne direction régionale des finances un sujet de leur campagne électorale», a déclaré son porte-parole, Wolfgang Uellenberg van Dawen, sur le site web de l’association. Après tout, il s’agit «d’une décision purement politique du Land», sur laquelle la ville n’a de toute façon aucune influence. Cette déclaration, à son tour, met la CDU en colère. «Ces critiques sont inadmissibles et abusives», a déclaré la chef de la CDU de Cologne et ministre d’État au ministère des Affaires étrangères, Serap Güler (45 ans). La CDU ne veut pas attiser la haine contre les réfugiés, a déclaré Güler. «Mais à cet endroit, nous pensons simplement qu’une installation de cette taille est une erreur». Surtout que l’on sait par avance que l’AfD fera ses choux gras de ce dossier, les électeurs de plus en plus excédés des fonds alloués au volet migratoire alors que les Allemands, comme le reste des peuples européens, font face à une crise financière pesante. Reste à voir quelles conséquences cela aura sur l’issue de ce scrutin et surtout si cette stratégie de silence imposée
s’avérera gagnante ou perdante.
F. M.