Jijel: Erraguène, un joyau caché au cœur des Babors
Erraguène, blottie au cœur des Babors, est l’un de ces lieux qui semblent encore appartenir au secret. Coincée entre Jijel, Béjaïa et Sétif, cette petite commune est connue pour son barrage, vaste miroir d’eau entouré de montagnes. Pourtant, Erraguène ne se résume pas à ce barrage : elle est un monde à part, un paradis […]

Erraguène, blottie au cœur des Babors, est l’un de ces lieux qui semblent encore appartenir au secret. Coincée entre Jijel, Béjaïa et Sétif, cette petite commune est connue pour son barrage, vaste miroir d’eau entouré de montagnes. Pourtant, Erraguène ne se résume pas à ce barrage : elle est un monde à part, un paradis sauvage qui se révèle à ceux qui acceptent la fatigue de la marche et la patience de l’émerveillement. La commune d’Erraguène dépend administrativement de la daïra de Ziama Mansouriah, wilaya de Jijel
Par Hafit Zaouche
Les randonneurs du Sahel, accompagnés de ceux d’Aït Segwal, avaient choisi de relever un défi audacieux : parcourir trente-deux kilomètres à pied sur les hauteurs d’Erraguène et de Ziama Mansouria. Dès l’aube, à Souk El Ténine, l’atmosphère était légère, joyeuse, malgré la difficulté annoncée. Les sacs se remplissaient d’eau, de sandwiches, d’un peu d’énergie et de beaucoup d’enthousiasme. La route, puis les sentiers, s’ouvraient sur une nature dense, traversée de vallées profondes, de forêts épaisses et de crêtes qui semblaient toucher le ciel.
Le barrage d’Erraguène, étape incontournable, offrait une image grandiose. Ses eaux brillaient comme un miroir fragile sous la lumière du matin. Le silence régnait, seulement troublé par le souffle du vent. Mais la vraie récompense attendait plus loin, après plusieurs heures de marche : les cascades d’Aghdir Melarays. L’accès n’était pas facile, il fallait frayer un chemin escarpé, mais soudain le spectacle s’imposait, époustouflant. De puissants jets d’eau dévalaient la roche, entourés d’une végétation luxuriante. Là, le temps s’arrêtait. Les randonneurs s’étaient installés au pied des chutes, le déjeuner rythmé par le ruissellement de l’eau et les chants des oiseaux. On aurait voulu ne jamais quitter ce havre de fraîcheur, tant il respirait la pureté.
Et pourtant, il fallait repartir. Le chemin du retour, plus long, traversait Bir Ghazala, I3yaden, Aït Ali, Ikhemkhem, Lkitoun… autant de noms qui s’inscrivaient désormais dans les mémoires, comme autant de jalons d’une aventure inoubliable. La fatigue se lisait sur les visages, mais elle se mélangeait à une immense fierté. Car cette randonnée
n’était pas qu’un effort physique, elle était une découverte intérieure, une rencontre avec une Algérie belle, sauvage et encore méconnue.
Erraguène n’apparaît pas sur les grands circuits touristiques. Elle reste à l’écart, timide, parfois oubliée. Mais pour ceux qui s’y aventurent, elle offre un trésor de paysages : des montagnes puissantes, un barrage majestueux, des cascades splendides et des itinéraires capables de forger l’âme. C’est un lieu qui attend d’être aimé, redécouvert, habité de nouveau par les pas des curieux et des voyageurs.
Dans le silence des Babors, Erraguène garde son mystère. Elle ne se livre qu’à ceux qui osent s’y aventurer, et leur offre en retour un émerveillement brut, presque sacré. Peut-être est-ce là, au fond, sa plus grande richesse.
H. Z.