La réunion avortée de Londres:

L’importante réunion qui devait se tenir à Londres mercredi dernier entre les Etats-Unis d’une part, et de l’autre, les pays européens les plus engagés dans le soutien à l’Ukraine, a tourné au bide, si bien qu’on se demande encore si elle a bien eu lieu, ou si elle a été purement et simplement annulée. En […]

Avr 26, 2025 - 00:20
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La réunion avortée  de Londres:

L’importante réunion qui devait se tenir à Londres mercredi dernier entre les Etats-Unis d’une part, et de l’autre, les pays européens les plus engagés dans le soutien à l’Ukraine, a tourné au bide, si bien qu’on se demande encore si elle a bien eu lieu, ou si elle a été purement et simplement annulée. En effet, elle devait se tenir au niveau ministériel, mais à la fin, seuls les conseillers se sont rencontrés, ce qui du même coup a permis de ne pas annuler le rendez-vous. La veille, Marco Rubio, le chef de la diplomatie américaine, et Steve Witkoff, pour ainsi dire son doublon, du moment que lui aussi est sur tous les dossiers brûlants, avaient annoncé qu’ils ne se rendraient pas à Londres, alléguant pour cela des motifs tenant à leur calendrier, un justificatif qui évidemment n’avait convaincu personne. La véritable raison de leur absence à Londres, c’était en fait ce qu’avait dit quelques heures auparavant le président ukrainien à propos de la Crimée, que les Américains lui demandaient de reconnaître comme territoire russe, à savoir qu’il était hors de question pour lui d’aller jusque-là. La réplique de Donald Trump ne s’était pas fait attendre, et elle avait été cinglante : si vous teniez tant à la Crimée, il fallait la défendre au moment idoine, il ne fallait pas laisser la Russie la prendre pour ainsi dire sans coup férir.

Et Trump d’ajouter, toujours à l’adresse de Zelensky, dont il faut néanmoins rappeler qu’il n’était pas là au moment où la Crimée se laissait prendre : si vous ne faites pas la paix dès à présent, dans trois ans, c’est toute l’Ukraine qui serait russe, pas seulement, comme aujourd’hui, la Crimée en plus d’autres territoires. La réunion avortée de Londres devait se tenir une semaine seulement après celle de Paris, qui elle avait eu lieu au niveau ministériel, avec, côté américain, la présence aussi bien de Rubio que de Witkoff. On se souvient qu’à son issue Rubio avait déclaré que les Etats-Unis mettraient fin à leur médiation si aucun progrès dans les négociations n’était réalisé dans le court terme. Mais voilà que peu après, Trump, recouvrant tout à la surprise générale tout son optimisme, se disait confiant qu’un accord serait bientôt atteint qui mettrait fin à la guerre. C’est sur ces entrefaites qu’était intervenu le refus de Zelensky de reconnaitre l’appartenance de la Crimée à la Russie, cause de l’annulation de la réunion de Londres. Si les Américains sont pour que la Russie garde ce qu’elle a déjà conquis et annexé dans les termes choisis par elle de l’Ukraine, la paix en effet devient à portée de la main. Il ne lui manquerait plus pour s’établir qu’une seule chose, que Kiev admette le fait accompli, c’est-à-dire la perte de la Crimée et des territoires déjà annexés par la Russie. Effort supplémentaire d’autant plus facile à consentir de sa part que ce que lui demande l’administration américaine, ce n’est pas une reconnaissance de droit mais seulement une reconnaissance de fait. Libre à lui de continuer à revendiquer leur retour à sa souveraineté, pourvu qu’il le fasse sans recourir aux armes. Ainsi donc, on demande tout au vaincu, mais rien au vainqueur. Cela n’est pas tout à fait vrai répondent en chœur Washington et Moscou. La Russie fait une concession, et même deux, qui est d’une part de figer le front sur sa ligne actuelle, alors qu’elle peut le pousser plus loin en territoire ukrainien, et de l’autre de se contenter de ce qu’elle a déjà, alors qu’elle peut s’adjuger d’autres morceaux de l’Ukraine, et même de toute l’Ukraine.