Mesures tarifaires américaines et leurs effets sur l’économie algérienne : l’analyse du CARE
Dans une note publiée le 9 mai, le CARE (Cercle d’action et de réflexion autour de l’entreprise) propose une lecture des mesures tarifaires adoptées par les États-Unis et de leurs effets sur l’économie algérienne. L’économiste Mouloud Hedir y livre son analyse. Dès le début de son intervention, Mouloud Hedir met en question la manière dont […] The post Mesures tarifaires américaines et leurs effets sur l’économie algérienne : l’analyse du CARE appeared first on Algerie Eco.

Dans une note publiée le 9 mai, le CARE (Cercle d’action et de réflexion autour de l’entreprise) propose une lecture des mesures tarifaires adoptées par les États-Unis et de leurs effets sur l’économie algérienne. L’économiste Mouloud Hedir y livre son analyse.
Dès le début de son intervention, Mouloud Hedir met en question la manière dont ces mesures sont appliquées. Il affirme : « Les mesures tarifaires de l’administration Trump, par leur ampleur, leur brutalité et l’incertitude intrinsèque de leur mode de mise en œuvre contribuent à une désorganisation en profondeur des chaînes d’approvisionnement, qui menace le fonctionnement de l’économie mondiale dans son ensemble. » D’après lui, la baisse rapide des prix du pétrole sur le marché mondial en est un signe concret. Elle reflète l’inquiétude grandissante face à l’évolution de l’économie mondiale dans les mois à venir.
La note de CARE se penche surtout sur les répercussions de cette situation sur les exportations algériennes. Elle souligne : « Toutes les turbulences qui traversent actuellement l’économie mondiale, avec notamment leurs effets délétères sur le prix du baril de pétrole, viennent nous rappeler une fois de plus à quel point, en ces temps agités, notre dépendance excessive à l’égard du marché des hydrocarbures est en elle-même la plus grave menace pesant durablement sur la vitalité de notre propre économie. » Le cercle insiste ainsi sur la nécessité de mettre en place des réformes de fond.
CARE rappelle que les exportations algériennes vers les États-Unis sont dominées par les hydrocarbures. En 2024, ces derniers ont représenté environ 82 % des ventes vers ce pays. Le reste, soit 18 %, concerne des produits comme les engrais, les pneumatiques, les ciments et les aciers. « Les hydrocarbures représentaient quelque 82% de nos exportations vers ce pays, au cours de l’année 2024. Les autres, 18% de produits hors hydrocarbures exportés sont principalement les engrais, les pneumatiques, les ciments et les aciers, soit dans l’ensemble des produits tous fortement énergivores. »
Pour Mouloud Hedir, les principales inquiétudes viennent de la chute du prix du baril. Il précise : « De ce point de vue, il est patent que, comme on l’observe déjà, ce sont les fortes perturbations générées à l’échelle de l’économie globale et leurs conséquences inévitables en termes de baisse des prix du baril de pétrole, qui constituent la principale source de préoccupation pour l’Algérie. »
Il résume ainsi les risques à venir : « Le principal risque pour l’économie algérienne est donc bel et bien celui d’une chute importante de la valeur de nos exportations non seulement vers les USA, mais également vers le reste du monde, résultat d’une évolution défavorable et d’ampleur du marché pétrolier mondial au cours des prochains mois ou même des prochaines années. »
À cette difficulté s’ajoute une autre menace, plus directe. Une taxe « réciproque » de 30 % devait être appliquée aux exportations algériennes vers les États-Unis dès le 9 avril. Cette mesure vise, selon Washington, à corriger un déséquilibre commercial. Mais un sursis de trois mois a été accordé, ce qui est perçu comme une opportunité à ne pas négliger. Mouloud Hedir estime que cette suspension temporaire reste acceptable. « Le taux minimal de 10% étant imposé de la même manière à tous les pays du monde et les conditions de concurrence ne changeant donc pas, les entreprises exportatrices auront la possibilité de s’adapter, chacune selon ses possibilités. »
« l’impact est à prendre au sérieux chez nous, aussi bien dans l’immédiat que dans la durée »
Mais CARE alerte sur ce qui pourrait se produire à partir de juillet, une fois le moratoire terminé : « La situation sera en revanche nettement plus grave à compter de juillet prochain (fin du moratoire), pour ces mêmes entreprises, avertit le cercle, notant qu’aucune d’elles ne pouvait raisonnablement absorber un choc à la baisse de 30% ou plus sur les prix de leurs produits. » Le cercle anticipe alors une forte baisse des exportations hors hydrocarbures : « Si ce taux réciproque venait à être appliqué effectivement et comme cela est prévu, c’est une chute sévère du niveau de nos exportations hors hydrocarbures à laquelle il faudra s’attendre, très vraisemblablement. »
Dans ce contexte, CARE invite à réfléchir à une stratégie de réponse. Il recommande de profiter de la période actuelle : « de latence de trois mois qui nous est laissé pour explorer les voies et moyens de le surmonter », notamment par « une négociation » impliquant les entreprises concernées. Le cercle conclut : « En somme, l’impact est à prendre au sérieux chez nous, aussi bien dans l’immédiat que dans la durée », même si la fermeture du marché américain n’est pas considérée comme certaine, « une hypothèse qui ne peut pas être exclue totalement et qui, pour ces raisons, demande à être évaluée en profondeur, dès à présent. »
Par ailleurs, CARE rappelle que l’Algérie figure chaque année sur la « watch-list » du représentant américain au commerce (USTR), en raison de certaines restrictions liées aux droits de propriété intellectuelle, notamment dans le domaine pharmaceutique. Une évaluation de ces critiques pourrait être utile, accompagnée de réponses concrètes.
Enfin, une autre piste évoquée concerne une action collective avec les pays africains concernés par ces mesures tarifaires. L’objectif serait d’entamer un dialogue avec les États-Unis via les instances de l’Union africaine. CARE suggère aussi : « Ce qui semble requis pour l’heure, c’est à minima un mécanisme de veille stratégique sur les implications potentielles que cette nouvelle situation pourrait induire sur les relations économiques et commerciales futures de notre pays, en particulier avec ses deux grands partenaires commerciaux que sont la Chine et l’Union européenne, tous deux déjà durement affectés à ce stade par les mesures tarifaires américaines. »
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