Hamidou Elhadji Touré, DP de malimedias.com au JI: « La junte au Mali doit organiser les élections »
Hamidou Elhadji Touré, est directeur de la publication de Malimedias.com, un média électronique et de l’Actu Hebdo, un journal papier qui paraît tous les vendredis au Mali. Journaliste depuis plus de 20 ans, Hamidou Elhadji Touré est opposant au régime de la junte instauré par Assimi Goïta depuis sa prise du pouvoir suite au coup […] The post Hamidou Elhadji Touré, DP de malimedias.com au JI: « La junte au Mali doit organiser les élections » appeared first on Le Jeune Indépendant.

Hamidou Elhadji Touré, est directeur de la publication de Malimedias.com, un média électronique et de l’Actu Hebdo, un journal papier qui paraît tous les vendredis au Mali. Journaliste depuis plus de 20 ans, Hamidou Elhadji Touré est opposant au régime de la junte instauré par Assimi Goïta depuis sa prise du pouvoir suite au coup d’Etat de 2020. Traqué par les putschistes en 2023, il s’exile en France. Du 28 au 30 avril dernier, il a participé à Marseille aux Assises Méditerranéennes de Journalisme, sous le thème « Quel journalisme en Afrique et en Méditerranée ? ».
Q : Comment pouvez-vous résumer la situation actuelle entre l’Algérie et le Mali ?
R : C’est une situation chaotique. Si je dois résumer cette situation, c’est qu’elle est vraiment chaotique aujourd’hui. Sachant que les populations du Nord, particulièrement de la région de Kidal, de Tombouctou et Gao, vivaient vraiment du commerce transfrontalier entre l’Algérie et cette partie du Nord qui est presque coupé du sud du Mali et une partie très enclavée et donc son seul débouché, c’est soit la Mauritanie soit l’Algérie.
Q : Est-ce que vous pensez qu’il y a une issue pour cette crise ? A-t-on trouvé des solutions pour cette crise ?
R : Les solutions, c’est peut-être à plusieurs niveaux. Aujourd’hui, déjà, nous avons cette solution qui fait que les communautés sont de part et d’autre de cette frontière. Donc, socialement et communautairement, ces peuples sont liés et je ne pense pas qu’il y aurait quelque chose qui puisse fissurer ou facturer cette union entre ces deux populations de part et d’autre de la frontière. Ça, c’est premièrement.
Au niveau vraiment des Etats, je ne pense pas qu’il soit possible actuellement de trouver une solution parce que les autorités de faits qui sont là au Mali sont en train du chercher tous les moyens pour ne pas aller aux élections.
Donc, à cause de cela, ils entretiennent vraiment le flou, ils entretiennent toute situation chaotique qui peut vraiment contribuer à les maintenir sur des sellettes qui sont vraiment des sellettes éjectables, tôt ou tard.
Q : C’est-à-dire pour vous, en tant que journaliste, actuellement la junte malienne, se sert de ce prétexte, le conflit algéro-malien, pour ne pas organiser des élections ?
R : Évidemment. C’est pour cela que tous les jours, c’est un nouvel épisode qui surgit, soit avec nos voisins soit avec les différentes communautés. Le Mali est fort de ses relations, mais aussi fort de ses communautés et surtout de l’interpénétration culturelle, entre les populations comme celle de la Côte d’Ivoire, celle de l’Algérie, celle du Sénégal de l’autre côté, celle la Guinée. Alors, je ne vois pas aujourd’hui pourquoi essayer d’entretenir une guerre entre nos voisins et nous pour des raisons politiques inavouées.
Le Mali n’a pas besoin de ça. Aujourd’hui, ce qui est le plus important pour le Mali, c’est d’organiser des élections et de revenir dans les concerts des nations le plus rapidement possible.
Q : Vous pensez qu’il y a une fracture au Mali entre le Nord et le Sud ?
R : Je le pense parce que déjà le Nord est enclavé et déjà les populations du Nord ont vraiment des problèmes de s’approvisionner à partir du Sud, parce qu’il n’y a pas de route, le fleuve Niger est impraticable, les moyens utilisés ne sont pas du tout praticables ou sont juste praticables une saison de l’année. Alors qu’avec l’Algérie, vraiment, il y a cette fluidité où les populations s’approvisionnent. Et la preuve est que depuis qu’il y a eu cette crise entre le Mali et l’Algérie, les populations peinent vraiment à avoir de quoi vivre.
On a remarqué que le prix du Carburant est monté au plus haut. Donc vraiment, c’est des situations qui perdurent et qui n’arrangent ni les populations ni les communautés.
Q : Alors aujourd’hui, sur les réseaux sociaux numériques, il y a beaucoup de messages de haine, de discours de haine entre les Maliens et entre les Maliens et les Algériens.
Pour vous, en tant que journaliste, en tant que malien, en tant qu’africain, comment peut-on réduire, voire éliminer ce discours sur la sphère du numérique.
R : En fait, ce discours est dûment et prétendument entretenu par ces autorités de fait, de Bamako, à ce que je sache, et de son partenaire, la société privée Wagner. Du coup, ça les arranges et puis ça n’améliore pas la situation.
Maintenant, pour l’immédiat, je pense qu’il faut aller à une sensibilisation. Surtout de cette jeunesse, il faut les éduquer et ils ont besoin de ça et ils ont aussi besoin de connaître l’histoire. Parce que ces pays, loin d’être juste des pays frontaliers, sont des pays qui sont liés vraiment par l’histoire, la culture, la géographie et qui ne se limitent pas à juste avoir cette frontière matérialisée par le colonisateur, si je peux me permettre de parler ainsi.
Q : dernière question, si vous permettez, pouvez-vous adresser un message de paix. L’élite malienne peut s’ouvrir pour diffuser un message de paix.
R : Évidemment, l’élite malienne, la géographie, il y a une histoire, il y a une histoire qui lie ces communautés, il y a une histoire qui lie ces deux peuples. Donc, le message de paix, c’est de voir ensemble vers l’avenir, que les Maliens, tout comme les Algériens, reviennent à de meilleurs sentiments, qu’on arrête les provocations de part et d’autre et qu’on sache vraiment mettre l’intérêt supérieur de nos communautés, de nos sociétés, de nos populations au-dessus des égaux.
Je pense qu’il faut revenir à des meilleurs sentiments et surtout chercher la cohésion, d’abord social au niveau de nos communautés, au niveau du Nord et du Sud du Mali, et ensuite au niveau vraiment de nos Etats, entre le Mali et l’Algérie.
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