L’association culturelle Djurdjura a rendu un bel hommage à Cheikh El Hasnaoui: Des témoignages, des confidences et de belles reprises
L’association culturelle Djurdjura a rendu dimanche soir, en son siège implanté dans la ville de Tizi Ouzou, un bel hommage au chanteur Cheikh El Hasnaoui, en présence des membres de la famille du grand maître de la chanson kabyle, de nombreux artistes, des adhérents et des amis de l’association. Par Hamid Messir C’est la première […]
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L’association culturelle Djurdjura a rendu dimanche soir, en son siège implanté dans la ville de Tizi Ouzou, un bel hommage au chanteur Cheikh El Hasnaoui, en présence des membres de la famille du grand maître de la chanson kabyle, de nombreux artistes, des adhérents et des amis de l’association.
Par Hamid Messir
C’est la première activité de son riche programme d’animation artistique durant le mois de ramadhan qui est à sa 5e édition. La cour du siège de l’association s’est avérée exigüe pour contenir la foule venue assister à l’hommage dédié à l’auteur de la maison blanche. Le président de l’association Djurdjura, Hamid Tajadit, a pris la parole à l’entame de la soirée, pour annoncer la reconduction de son programme d’activités artistiques (chants, poésie, cinéma et autres) Afrag inazourène (la cour des artistes) pour la 5e année, grâce à la collaboration des partenaires, notamment la mairie de Tizi Ouzou, l’Assemblée populaire de wilaya et les associations sociales Djurdjura et «Agraw n umezegoune». Il n’a pas manqué de souligner que toutes les activités de ce mois de ramadhan seront dédiées à Cheikh El Hasnaoui. Lui succédant, le président de l’association des amis de cheikh El Hasnaoui, Said Imarazène, est revenu sur le parcours du chanteur, agrémentant le public présent de quelques anecdotes et confidences de l’enfant de Taazibt Ihessenaouène, sur les hauteurs de la ville de Tizi Ouzou. Il a ainsi rapporté que l’un des ses amis intimes, en l’occurrence Sidi Maamar Si Said Mohand El Hadi, a confié qu’«en 1925 ou 1926, nous nous trouvions à trois avec Si Lounis Si Belkacem Chatou au lieu-dit Ighzer Bouyas, près des oliverais d’Iaamrache du bas côté d’Ihessenouène, quand El Hasnaoui nous a lancé avoir décidé de quitter le village comme une fourmi ailée ou volante en kabyle ‘’toufegha uvariq’’, allusion faite à un départ sans retour, car cet insecte cessera de vivre où perdra ses ailes. El Hasnaoui aimait utiliser la métaphore pas seulement dans ses œuvres artistiques, mais aussi dans sa vie quotidienne», a-t-il tenu à le rappeler. L’orateur n’as pas manqué de souligner que «Cheikh El Hasnaoui n’était pas quelqu’un de sédentaire, il bougeait beaucoup comme le colonel Amirouche qui le faisait par stratégie militaire, mais lui c’était son tempérament naturel. Il aimait s’attabler avec des vieux et se rendait dans les temples et zaouias pour rencontrer des hommes de religion. Cela lui a permis d’apprendre l’arabe avant d’aller sur Alger». Prenant la parole, le neveu de l’artiste n’a pas caché l’étonnement de toute la famille sur les dires au sujet des raisons à l’origine de son départ pour l’exil, confiant : «Nous avons entendu beaucoup d’histoires sur mon oncle que personne de la famille ne connaît. On ne sait plus qui croire». Il a rappelé que «l’on avait projeté en avril 2002 d’aller lui rendre visite à l’île de la Réunion, mais hélas en reportant ce voyage pour juillet de la même année mon oncle avait rendu l’âme et n’avons pas pu le revoir». Profitant de la présence de la famille du chanteur, un admirateur de Cheikh El Hasnaoui a exprimé son vœu de connaître la vérité sur la discographie du chanteur, voulant savoir qui dit vrai : est-ce ceux qui parlent de 29 chansons en kabyle et 17 autres en arabe, ou 27 chansons en kabyle et 15 autres en arabe. Après ces témoignages, place à de nombreux chanteurs d’agrémenter les présents par des reprises des nombreux chefs-d’œuvre puisés du riche répertoire du maître de la chanson kabyle. A rappeler que Cheikh El Hasnaoui, de son vrai nom Mohamed Khelouat, est né le 23 juillet 1910 à Taazibt Ihessenaouène, dans la commune de Tizi Ouzou. En 1930, il quitte son village natal pour Alger, puis s’installe en 1937 en France. Il produit et enregistre l’essentiel de ses œuvres artistiques entre 1939 et 1950. En 1968, il décide de se retirer définitivement de la scène artistique après avoir enregistré ses dernières chansons, dont «Cheikh Amokrane» et «Ya Noudjoum Ellil». Après une vie en isolement à Nice, il s’est installé durant ses douze dernières années à La Réunion où il décède le 6 juillet 2002 et y est enterré. Ses chansons continuent à ce jour de faire des succès de sa voix ou de par ces nombreuses voix de ses reprises.
H. M.