Liberté de circulation et de résidence pour la femme algérienne : Levée de boucliers des islamistes
La réaction des partis et des acteurs politiques de la mouvance islamiste sur la levée par l’Algérie de sa réserve sur l’article 15.4 de la convention de l’ONU sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) ne s’est pas fait attendre. Prévisible ! Sentant visiblement une secousse de leur fondement […] The post Liberté de circulation et de résidence pour la femme algérienne : Levée de boucliers des islamistes first appeared on L'Est Républicain.

La réaction des partis et des acteurs politiques de la mouvance islamiste sur la levée par l’Algérie de sa réserve sur l’article 15.4 de la convention de l’ONU sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) ne s’est pas fait attendre. Prévisible ! Sentant visiblement une secousse de leur fondement idéologique, ils se mettent à dénoncer ce qu’ils appellent « une menace pour la famille et la société ». Premier à réagir à cette décision est l’ancien président du MSP, Abderrazak Makri. Dans un post sur sa page Facebook, il qualifie la CEDAW comme « l’une des plus dangereuses conventions internationales », affirmant qu’elle « contribue à désagréger la famille et à aligner toutes les sociétés sur le modèle occidental ». Au milieu de la journée d’hier, c’est au tour de la direction de son parti de rendre public un long communiqué dénonçant ce décret et la décision de l’Etat de lever sa réserve sur le texte. « Au MSP, nous affirmons que ce qui est le plus juste et le plus approprié pour les femmes, la famille, la société et l’État, ce sont les dispositions constitutionnelles et légales issues de l’esprit de la charia islamique, l’islam étant la religion d’État, qui renforcent et préservent les valeurs d’égalité et de justice, et qui n’ont jamais donné lieu à une discrimination à l’égard des femmes depuis des siècles. Et que la majorité des femmes algériennes ne se sont pas plaintes de ces dispositions équitables, et que certaines pratiques sociales conformes à des coutumes et traditions obsolètes n’ont rien à voir avec la charia », lit-on dans ce communiqué. Pour le parti islamiste, « cette mesure menace la stabilité de la famille et la cohésion de la société, ainsi que le respect du système familial soumis à un seul chef, à savoir le mari ». Il met, dans la foulée, en garde sur ce qu’il appelle « les répercussions sociales de cette mesure qui « pourrait être exploitée pour déstabiliser davantage la famille et, par conséquent, la société ». Cette réaction purement idéologique cadre-t-elle avec la réalité de la société algérienne ? Dans un post sur sa page Facebook, le sociologue Nacer Djabi considère « ses réactions de certaines élites politiques religieuses comme étant l’expression de la peur des succès réalisés par la femme algérienne dans divers domaines ». Dans une déclaration à El Moudjahid, l’avocate et présidente du centre d’information et de documentation sur les droits de l’enfant et de la femme (Ciddef), Nadia Aït Zaï, souligne que cette levée de réserve sur ledit article est « profondément symbolique ». « En pratique, les femmes algériennes circulent librement, qu’elles soient fonctionnaires ou nommées à l’étranger », précise-t-elle, expliquant, toutefois, que le maintien de la réserve « pouvait servir de prétexte à certaines administrations pour restreindre leur liberté de mouvement ».
Samir Rabah
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