Remédier aux faibles taux de réussite dans certaines wilayas Examens : généraliser les modèles de gestion gagnants
Le ministre de l’Education a annoncé la généralisation du modèle de gestion au niveau des directions de l’éducation ayant obtenu les meilleurs taux de réussite aux examens nationaux. Cette annonce a été faite jeudi, alors que le ministère organisait une cérémonie en l’honneur des trois directions en tête du classement aux épreuves, à savoir Tizi […]

Le ministre de l’Education a annoncé la généralisation du modèle de gestion au niveau des directions de l’éducation ayant obtenu les meilleurs taux de réussite aux examens nationaux. Cette annonce a été faite jeudi, alors que le ministère organisait une cérémonie en l’honneur des trois directions en tête du classement aux épreuves, à savoir Tizi Ouzou, Relizane, Béjaïa et Jijel. Le ministre, indique un communiqué de ce département, a souligné «l’importance d’étudier l’expérience de ces wilayas et en faire un modèle de référence national pour généraliser l’application des points positifs et faire bénéficier les autres wialyas du meme type de gestion et des pratiques pédagogiques ayant conduit à la réussite». Lors de la présentation des résultats du baccalauréat, Mohammed Seghir Sadaoui a souligné que la baisse sensible du taux de réussite incite à repenser les méthodes pédagogiques et renforcer l’accompagnement scolaire. Il a annoncé la mise en place de mesures ciblées pour soutenir les élèves en difficulté, renforcer les formations continues pour les enseignants et améliorer les ressources pédagogiques dans les zones à faible taux de réussite qui ont obtenu des résultats nettement inférieurs à la moyenne nationale. Le ministère n’a pas publié la liste des wilayas concernées, mais les résultats locaux rendus publics sur les réseaux sociaux pointent du doigt une disparité dans les taux de réussite entre les établissements du nord et ceux du sud du pays.
Des éléments que confirme Boualem Amoura, président du Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef), qui va plus loin dans son constat : «Chaque année, ce sont les wilayas du Sud qui ferment la marche. Ce n’est pas un hasard. Elles sont déshéritées, mal encadrées et souffrent d’un manque criant de moyens. À Tamanrasset, il peut y avoir jusqu’à 400 km entre la Direction de l’éducation et un établissement scolaire. Comment assurer un suivi efficace dans ces conditions». Selon lui, certaines Directions de l’éducation ne remplissent pas leur rôle, donnant parfois au ministère des informations erronées, tandis que les enseignants affectés dans ces régions ne disposent ni de formation adéquate ni de moyens pédagogiques suffisants.
«Quand un diplômé en sociologie, qui a toujours étudié en arabe, se retrouve enseignant de français au lycée, que peut-il apporter à ses élèves ?», s’interroge M. Amoura
Un système à revoir de fond en comble
Boualem Amoura met aussi en cause le manque de motivation des élèves, accentué par l’environnement social : de nombreux parents sont peu ou pas instruits, ce qui limite leur capacité à accompagner la scolarité de leurs enfants. La barrière de la langue française, mal maîtrisée voire rejetée par certains élèves, constitue un autre frein majeur. «Le résultat, c’est un véritable désordre. Les élèves sont promus d’un cycle à l’autre sans réel niveau, puis s’effondrent au Bac, qui reste un examen national. Et dans certains cas, on constate un gonflement abusif des notes durant l’année, comme à El Meniaa. Des élèves se retrouvent en statut de candidats au Bac sans qu’ils en aient le bagage nécessaire», insiste le représentant des enseignants. Il soulève aussi la question des rythmes scolaires mal adaptés au Sud : horaires inadaptés à la chaleur, vacances mal réparties, retards de rentrée… autant de facteurs qui contribuent à creuser l’écart avec les régions du Nord. De son côté, Meziane Meriane, enseignant de mathématiques à la retraite et ancien coordinateur national du Syndicat national autonome des professeurs du secondaire et du technique (Snapest) estime pour sa part qu’ il faut faire une analyse comparative entre les wilayas concernées et celles qui ont eu un meilleur pourcentage. L’engagement des parents d’élèves, l’intérêt accordé à l’instruction, la stabilité du corps enseignant, celle du personnel d’encadrement ainsi que la qualité de la formation du personnel enseignant doivent être passés à la loupe. Les moyens accordés sont également un facteur qui pèse dans la réalisation des résultats et c’est en examinant tous ces éléments qu’on peut tirer une conclusion, a-t-il souligné. Face à ces constats, Mohammed Seghir Sadaoui a annoncé une série de mesures correctives à court et moyen terme : audit des Directions de l’éducation les plus défaillantes, renforcement de l’inspection pédagogique, revalorisation du rôle des enseignants dans les zones reculées et révision des dispositifs d’affectation. Fatima Arab