Souffle
La France essaie désespérément depuis près de vingt ans de prouver qu’elle est encore une grande puissance militaire et diplomatique sur la scène internationale. Mais plus les années passent, plus la lumière de l’Hexagone à l’internationale se fait faible. Les multiples efforts de Nicolas Sarkozy, François Hollande et Emmanuel Macron n’auront pas suffi à redonner […]

La France essaie désespérément depuis près de vingt ans de prouver qu’elle est encore une grande puissance militaire et diplomatique sur la scène internationale. Mais plus les années passent, plus la lumière de l’Hexagone à l’internationale se fait faible. Les multiples efforts de Nicolas Sarkozy, François Hollande et Emmanuel Macron n’auront pas suffi à redonner un nouveau souffle à la France face à ses partenaires. Macron a même été largement moqué en 2022 lors de ses tentatives ratées de jouer les médiateurs entre la Russie et l’Ukraine. Toutefois, Paris s’entête à vouloir à tout prix faire partie de tous les grands enjeux internationaux, jusqu’à susciter la colère de grandes puissances. La Chine a ainsi dénoncé hier des propos du président français qui a établi la veille un parallèle entre la situation de l’Ukraine et celle de Taïwan, que les Occidentaux craignent de voir Pékin envahir. «Comparer la question de Taïwan au problème ukrainien est inacceptable. Les deux sont de natures différentes, et en aucun cas comparables», a réagi l’ambassade de Chine à Singapour, où s’était exprimé le chef d’État français. En ouverture du forum de défense et de sécurité Shangri-La Dialogue dans la cité-État, Emmanuel Macron avait suggéré vendredi soir qu’une invasion de Taïwan par la Chine pourrait être assimilée à celle de l’Ukraine par la Russie. «Si nous considérons que la Russie peut être autorisée à s’emparer d’une partie du territoire de l’Ukraine sans restriction, sans contrainte, sans réaction de l’ordre mondial, que dira-t-on au sujet de ce qui pourrait se passer à Taïwan ?», s’était-il interrogé à la tribune de ce forum. Emmanuel Macron avait également prévenu que «si la Chine ne veut pas que l’Otan soit impliquée en Asie du Sud-Est ou en Asie, elle doit empêcher clairement la Corée du Nord d’être impliquée sur le sol européen», où Pyongyang a déployé des soldats contre l’Ukraine aux côtés de la Russie. Pékin a réaffirmé hier, par la voix de son ambassade, que «la question de Taïwan est un sujet strictement interne à la Chine». «Il n’y a qu’une seule Chine au monde, et Taïwan est une partie inaliénable du territoire chinois», a martelé la diplomatie chinoise dans un communiqué sur Facebook. Le territoire de Taïwan échappe depuis la révolution de 1949 au contrôle de Pékin, qui n’a pas exclu de le reprendre par la force si nécessaire et multiplie les manœuvres autour de l’île. Hier, le secrétaire américain de la Défense, Pete Hegseth, a accusé la Chine de se préparer «à potentiellement utiliser la force militaire» en Asie-Pacifique et de «s’entraîne(r) tous les jours» en vue d’une invasion de Taïwan. La France essaie ainsi de mimiquer Washington, en s’autorisant des paroles capables de contrarier les plus grandes puissances. Mais Paris ne possède ni l’influence, ni la puissance américaine pour pouvoir se permettre de tenir des propos provoquants. Malgré les années qui ont passé, l’Élysée s’obstine à vouloir s’imposer dans des conflits qui le dépasse, suscitant désormais l’ire de Pékin. Reste à voir si le président français reviendra sur ses propos ou s’il gardera sa position, prenant le risque de durcir les liens de Paris avec un partenaire commercial essentiel de la France.