Territoires
Il y a quelques mois encore, alors que peu étaient ceux qui croyaient en une nouvelle victoire de Donald Trump à l’élection américaine de novembre 2024, Taiwan était encore rassuré en sachant qu’en cas d’opération de la Chine visant à reprendre l’île, que Pékin considère comme un territoire chinois, l’armée américaine, comme le lui a […]

Il y a quelques mois encore, alors que peu étaient ceux qui croyaient en une nouvelle victoire de Donald Trump à l’élection américaine de novembre 2024, Taiwan était encore rassuré en sachant qu’en cas d’opération de la Chine visant à reprendre l’île, que Pékin considère comme un territoire chinois, l’armée américaine, comme le lui a à de nombreuses reprises promis Joe Biden, interviendrait pour préserver son intégrité territoriale. Une promesse qui devait être maintenue par une présidence de Kamala Harris. Mais aujourd’hui avec Trump à la Maison-Blanche, et l’arrêt de l’aide militaire américaine en direction de Kiev, Taipei s’inquiète mais veut croire que Washington soutiendra Taiwan jusqu’au bout. Les États-Unis «n’abandonneront pas la région Asie-Pacifique», a ainsi estimé le ministre taïwanais de la Défense dans des propos publiés hier, après que la suspension par le président américain de l’aide financière à l’Ukraine a avivé sur l’île les craintes de subir le même sort. «Les États-Unis ne peuvent pas se retirer (de la région) car il en va de leur intérêt premier», a déclaré à la presse ce lundi ce ministre, Wellington Koo, dans des propos qui n’ont été autorisés à être rapportés qu’hier. La défense de l’Asie-Pacifique relève «sans aucun doute de l’intérêt national des États-Unis, que ce soit d’un point de vue économique, géopolitique ou de sécurité militaire», a-t-il ajouté, se disant «convaincu que les États-Unis n’abandonneront pas la région». Confronté à une pression militaire croissante de Pékin, qui n’a pas exclu un recours à la force pour prendre le contrôle de l’île, Taïwan dépend traditionnellement de Washington pour sa défense. Mais la suspension de l’aide américaine à l’Ukraine et les critiques répétées de Trump concernant la prédominance de Taïwan dans l’industrie des semiconducteurs de pointe font craindre un désengagement américain. Pour Koo toutefois, Taïwan est un maillon essentiel dans le chaînage de territoires alliés des États-Unis dans le Pacifique, qui court des Philippines au Japon, face aux appétits de Pékin. «Si Taïwan tombait et était pris par la Parti communiste chinois, dans quelle situation se trouverait le Japon ? Dans quelle situation se trouveraient les Philippines ?», s’est-il encore interrogé. Koo, dont le pays s’est engagé à augmenter ses capacités militaires conformément aux vœux des États-Unis, a souligné être en contact étroit avec Washington en vue de nouvelles livraisons d’armes. Reste à voir si Trump, qui a toujours eu une relation très difficile avec Pékin, profitera de la situation avec Taiwan pour affronter la République communiste, si cette dernière venait à attaquer Taiwan de front, ou si la thématique, qui a été l’une des plus plébiscitées durant la campagne présidentielle américaine de non-engagement à l’étranger l’emportera. Car les Américains sont fatigués de voir leur pays guerroyer dans des contrées lointaines, alors qu’eux-mêmes souffrent déjà d’une économie à bout de souffle et de batailles idéologiques, notamment sur l’immigration, qui déchirent le pays.