De Cannes à Gaza

Par Ali Akika – «Une telle passivité nous fait honte. Pourquoi le cinéma, vivier d’œuvres sociales, engagées, paraît se désintéresser de l’horreur du réel subi par nos consœurs et confrères [à Gaza] ?» L’article De Cannes à Gaza est apparu en premier sur Algérie Patriotique.

Mai 14, 2025 - 09:40
 0
De Cannes à Gaza

Par Ali Akika – «Une telle passivité nous fait honte. Pourquoi le cinéma, vivier d’œuvres sociales, engagées (1), paraît se désintéresser de l’horreur du réel, de l’oppression subie par nos consœurs et confrères ?». Cet extrait de la tribune-pétition signée par 380 artistes à l’occasion du Festival de Cannes, résume les deux visions politiques et philosophiques qui s’affrontent pour délimiter les frontières entre le monde qui creuse sa propre tombe et celui qui veut briser le silence coupable sur un peuple dont le seul tort est d’exister sur sa terre. Le message de ce peuple est limpide : si les idées de ceux qui nous massacrent triomphent, demain, ceux qui ne veulent pas nous écouter par peur ou par lâcheté, il sera trop tard pour se lamenter en disant «nous ne savions pas».

Ces mots de regrets, on les a servis à l’histoire mais celle-ci est trop intelligente pour gober de telles balivernes ou pareille pirouette de langage. Les mots et les images, des outils abstraits, dont s’emparent les artistes, non pour fuir la réalité mais pour creuser au plus profond de celle-ci, pour éviter, comme disent les auteurs de la tribune «de se désintéresser de l’horreur du réel, de l’oppression subie par nos consœurs et nos confrères». Et cette horreur et cette oppression, les artistes et les journalistes palestiniens les ont subies : 250 d’entre eux ont été tués au milieu souvent de leurs familles, surpris dans leur sommeil.

Et ces horreurs, qui sont la honte de l’humanité, on essaie de les couvrir par d’autres mots, ceux du silence et de l’interdiction. Trop c’est trop, ces oukases qui cherchent à faire taire, sont insupportables. Le nouveau Pape, Léon XIV, certainement fin connaisseur de l’histoire, a tenu à dénoncer dans la basilique Saint-Pierre la désinformation, en insistant sur le choix des mots dans la guerre de l’information.

Oui, saluons (2) le courage de ces artistes qui ont brisé l’omerta sur cette Palestine, cette terre symbolisée par l’olivier, un arbre dont les racines profondes l’ont aidé et l’aide de nos jours à résister aux tempêtes et colères de la nature et dont le peuple, mosaïque d’ethnies et de religions, n’a jamais courbé l’échine devant les envahisseurs qui ont foulé son sol et traversé son histoire.

A. A.

1) Les artistes ont hérité d’Aristote la notion de «la vraisemblance dans l’art». A la différence de la société du spectacle où se vautre la communication-publicité, l’art ne caresse pas l’ego du client dont le but est de lui faire les poches. L’artiste préfère embrasser la réalité dans toute sa complexité avec les matériaux de son art où le savoir et la poésie cohabitent pour le plus grand plaisir du lecteur, spectateur…

2) Les lecteurs de la région Nice-Cannes qui ont envie de se solidariser avec la Palestine peuvent assister à la projection du film de Fatma Hassouna, assassinée à Gaza en faisant son métier. Projection organisée par l’ACID, Association de cinéastes indépendants dont j’ai l’honneur d’être un adhérent.

L’article De Cannes à Gaza est apparu en premier sur Algérie Patriotique.